Salmigondis du mardi

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Voilà, la 17e Soirée des Jutra est déjà chose du passé. Mommy, tel qu’attendu, a presque tout raflé. Un balayage mérité mais qui, de par sa domination outrancière, donnait aussi envie de surligner le nombre de fictions de grande qualité lancées ici en 2014. Des films comme La Petite Reine, 1987, Tu dors Nicole et Enemy auraient dû être davantage récompensés. Mais ça fait partie du jeu. D’autre part, il était plutôt désolant et même plutôt étrange de constater dimanche soir l’absence au gala des Stéphane Lafleur, Denis Villeneuve et Robert Morin, tous nommés dans la catégorie « meilleur réalisateur ». Comme si la victoire annoncée de Dolan les avait tenus à l’écart d’un événement créé pour souligner la diversité de votre industrie. M’enfin! Heureusement, l’hommage à André Melançon fut émouvant et nous a rappelé que ce genre de cinéaste, aussi rassembleur que talentueux, mériterait assurément d’être cloné. On en veut des dizaines comme lui.

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Crédit : Helgi Piccinin, réalisateur

Toujours lié au cinéma québécois, mais cette fois-ci documentaire, c’est le moyen métrage Coureurs des toits qui ouvrira la nouvelle édition du Kinomada, présenté du 18 au 27 mars au Cabaret du Capitole. Le film, réalisé par Helgi Piccinin, s’intéresse à ceux qui exercent le métier de déneigeurs de toits à Québec. Dans leurs fonctions quotidiennes, ces travailleurs téméraires se retrouvent juchés sur les toits des églises de la capitale ou du Château Frontenac. La présentation aura lieu vendredi prochain, à 19 h.

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Michel Hazanavicius et Bérénice Bejo sur le tournage de The Search

Dans un autre ordre d’idées, The Search, la plus récente réalisation de Michel Hazanavicius vient de finalement prendre l’affiche dans une seule petite salle montréalaise. Est-ce surprenant que devant l’accueil glacial vécu à Cannes, Hazanavicius, l’homme derrière le succès mondial du film The Artist, ait remonté son œuvre dans l’espoir de sauver le navire? Un navire qui finalement coula massivement, affaibli par des résultats en salle désastreux (80 000 entrées seulement). Le distributeur québécois, lui, n’avait même pas voulu montrer la nouvelle version aux journalistes avant l’entrevue parisienne organisée pour souligner la sortie du film au Québec. Lors de cette rencontre survenue en janvier dernier, Hazanavicius ne semblait toujours pas remis de cet échec. Il blâmait les critiques qui, selon lui, ne connaissaient rien à la situation tchétchène, dramatique conflit politique et militaire au cœur du récit de The Search. Quand on lui avait fait remarquer que les longs métrages de guerre en France sont chose rare, il avait rétorqué laconiquement qu’après l’échec de son film, il y en aurait encore moins. Il ajouta en conclusion que de son côté il retournait vers la comédie, américaine cette fois-ci, parce que ça lui permettrait d’oublier une année où il s’est senti comme un escargot sur lequel on frappe et qui n’a qu’une envie, rentrer dans sa coquille. Un métier parfois difficile que celui de cinéaste…

En terminant, on a vu débarquer en salle vendredi dernier un grand  nombre de films hautement intéressants, voire engagés. Tout d’abord Les Nouveaux sauvages, une comédie argentine folle produite par Pedro Almodóvar, à l’humour acidulé et présentant des sketches sur le côté sombre de la nature humaine, mais avec juste assez de lumière pour s’avérer franchement tonifiante. Il faut aussi souligner le propos éclairant émanant du documentaire L’Empreinte qui fait le point sur le legs des valeurs autochtones dans la culture canadienne-française. Des valeurs portées davantage vers la social-démocratie que la tradition anglo-saxonne. Enfin, un second documentaire remarquable a aussi pris l’affiche vendredi passé, soit Le Prix à payer. Ce film fort éclairant dévoile les dessous de la mise en place des paradis fiscaux. Le Prix à payer devrait être vu par tous, mais obligatoirement par tous les étudiants en économie de la province. On se laisse sur la bande-annonce des Nouveaux Sauvages, film qui termina  numéro un au box-office pour l’année 2014, dans son pays d’origine, l’Argentine, et ce, devant toutes les productions hollywoodiennes. Chapeau! À quand un tel exploit dans nos terres?