Nicolas Cage contre-attaque!

Nicolas Cage dans le thriller Mandy.

Cette année, au Festival de Cannes, on a abondamment parlé des films en compétition (sélection peu éclatante), du jury présidé par Cate Blanchett, de la remise des prix (qui n’a ému personne), du mouvement #metoo, du retour de Lars von Trier, du combat juridique de Terry Gilliam et des œuvres plus éclatées des sections parallèles comme Girl, Border, Climax et Le Monde est à toi.

On se tarde de voir plusieurs des films sélectionnés qui devraient sortir dans nos salles dans les prochains mois. L’un de ceux qu’il faudra surveiller attentivement est Mandy, un long métrage de genre présenté à la Quinzaine des réalisateurs et qui pourrait marquer le grand retour de Nicolas Cage au cinéma. En effet, depuis l’obtention de son oscar pour son rôle tenu dans le magnifique Leaving Las Vegas, le neveu de Francis Ford Coppola a cumulé les rôles lourdauds dans des films d’action souvent ridicules, certains dans quelques blockbusters monétairement avantageux et une majorité dans une pléthore d’œuvres de série B que l’on préfère oublier. Bref, la carrière de l’acteur n’a cessé de péricliter depuis vingt ans, Cage s’étant pourtant attiré une horde de fans irréductibles après avoir joué avec brio dans Rumble Fish, Raising Arizona, Birdy, Moonstruck et Wild at Heart dans les années 80 et 90.

Somme toute, hormis Adaptation de Spike Jonze et le remake de Bad Lieutenant par Herzog, les succès d’estime ont été absents de la filmographie du beau Nicolas depuis un bail. Pourtant, le comédien garde un rythme de tournage constant qui, bon an, mal an, se résume à quatre ou cinq productions où il figure au générique mais qui, hélas, peinent à sortir en salle, car  souvent reléguées au marché du DVD et du Web. Mandy pourrait comme Pulp Fiction l’a fait avec John Travolta remettre en selle l’acteur pour de nouveaux projets plus intéressants. À Cannes, les amateurs de sensations fortes ont souligné la réussite et la puissance évocatrice de Mandy, nouveau long métrage de Panos Cosmatos, Italien d’origine, Canadien d’adoption, auteur du déjà peu orthodoxe Beyond the Black Rainbow, sorti en 2010. Le film serait rempli d’humour malfaisant et de scènes terrorisantes. Pour l’anecdote, Johann Johansson, récemment décédé, est l’auteur des musiques de ce drame flirtant avec le gore.

L’action de Mandy se situe en 1983 alors que vit paisiblement dans les montagnes américaines un couple formé de Red (Nicolas Cage) et Mandy (Andrea Riseborough). Cette dernière est cependant kidnappée et brûlée vive par un chanteur folk devenu gourou d’une inquiétante secte, le tout sous les yeux de Red qui, à partir de ce moment, n’aura comme seule idée de venger celle qu’il aime, et ce, avec toute arme qui lui tombe sous la main.

Bon, d’accord, avec un tel synopsis, âmes sensibles s’abstenir. Cela dit, Cage devait joué le gourou de service, mais il s’est finalement ravisé pour interpréter l’éploré et cruel justicier. Mandy, qui fut présenté en primeur en début d’année au Festival de Sundance, n’a reçu que des éloges des critiques américains et européens. La date de sortie n’est pas encore fixée même si les rumeurs parlent d’un lancement estival en territoire nord-américain. Au final, on est bien curieux de voir ce thriller vengeur et surtout de vérifier si Nicolas Cage a encore l’étoffe des beaux jours, celle d’un acteur charismatique et audacieux comme il l’a déjà si bien prouvé.

 

2018, une année très « genrée »

A Star is Born avec Bradley Cooper et Lady Gaga.

De juillet à décembre 2018, que nous réservera le calendrier des films qui sortiront en salle? En y allant par genres cinématographiques, voici un petit aperçu ludique de ce qui nous attend, une pléthore de longs métrages alléchants!

La comédie musicale : Il y a en aura quelques-unes dont Mary Poppins, mais celle qui se démarque, c’est assurément A Star Is Born avec Lady Gaga et Bradley Cooper. Il s’agit de la quatrième version de cette histoire qui lors de celle sortie en 1976 mettait en scène Barbra Streisand et Kris Kristofferson. Sortie prévue en octobre.

Le documentaire : Même si on attend avec impatience au début de l’automne un film sur la carrière de l’enfant terrible du cinéma québécois André Forcier, allons-y avec celui sur Whitney Houston qui semble très prometteur. Ce long métrage simplement intitulé Whitney retracera le parcours musical de la chanteuse, mais aussi sa lutte contre ses démons intérieurs et ses dépendances. Sortie prévue en juillet.

Le film d’horreur : Si Slender Man pique notre curiosité à cause du mythe, le remake de Suspiria de Dario Argento signé par Luca Guadagnino avec Tilda Swinton et Dakota Johnson est à mettre en tête de liste. Sortie prévue à l’automne.

Le remake : Les nouvelles versions de films à succès seront nombreuses au fil des prochains mois dont Suspiria et A Star Is Born citées plus haut. Celle de Papillon, un classique de l’évasion qui mettait en vedette Steve McQueen et Dustin Hoffman est prometteuse. Charlie Hunnam, bien connu des fans de la série Sons of Anarchy, y tiendra le rôle-titre. Sortie prévue en août.

Le film nostalgique : Allons-y ici avec un autre film québécois, soit la deuxième réalisation du collectif RKSS qui nous avait donné Turbo Kid. Avec Summer of 84, le trio de réalisateurs nous revient en nous faisant revivre les années 80 sur fond de tueries à la Vendredi 13. Sortie prévue en août.

1991 de Ricardo Trogi

La suite : Sans être chauvin, le troisième et dernier volet de la trilogie de Ricardo Trogi, 1991, est un choix facile dans cette catégorie. Sans rien enlever aux autres acteurs, on a vraiment hâte d’assister au pétage de coche habituel de Sandrine Bisson qui interprète merveilleusement bien la mère de Ricardo. Sortie prévue en juillet.

L’adaptation littéraire : Tout comme les remakes, les adaptations seront légion. Si on ne sait toujours pas quand sortiront en salle L’Homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam et Il pleuvait des oiseaux de Louise Archambault, notre choix s’arrête sur The Darkest Minds, premier titre tiré de la série de livres dystopiques d’Alexandra Brocken qui pourrait séduire les amateurs de Hunger Games. Sortie prévue en août.

Rami Malek en Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody

– Le drame biographique : Définitivement Bohemian Rhapsodie qui retrace la vie du chanteur Freddie Mercury du groupe Queen. Une vie d’excès, un parcours tragique et magique à la fois. Sortie prévue en novembre.

La comédie : Réalisé par Gilles Lellouche, Le Grand Bain racontera les péripéties d’une équipe de nage synchronisée formée uniquement d’hommes, une dream team composée de Benoît Poelvoorde, Guillaume Canet, Philippe Katerine, Jean-Hugues Anglade et Mathieu Amalric. Qui dit mieux? Sortie prévue à l’automne.

L’inévitable film de super-héros : On déroge un peu ici en nommant Venom, un film de super-vilain associé à l’univers de Spider-Man. Tom Hardy enfilera le costume de circonstance. Sortie prévue en octobre.

Le film d’anticipation : Dans la brume réalisé par Daniel Roby à Paris avec Romain Duris dans le rôle d’un père de famille prêt à tout pour sauver sa fille d’une brume maléfique qui envahit la Ville lumière est un candidat de choix. Sortie prévue à l’automne.

Le drame historique : Le réalisateur de La La Land, Damien Chazelle, nous offrira First Man sur l’alunissage d’Apollo 11. Ryan Gosling y jouera l’astronaute Neil Armstrong, premier homme à avoir fouler le sol lunaire. Sortie prévue en octobre.

Le polar : The Girl in the Spider’s Web, c’est le deuxième volet (mais passant directement au  tome 4) des adaptations américaines des romans du défunt Stieg Larsson devenant le candidat tout désigné du côté du film noir d’enquête de l’automne. Claire Foy (The Crown) prend la relève de Rooney Mara en tant que Lisbeth Salandar et Fede Alvarez (un spécialiste de l’horreur) succède à David Fincher derrière la caméra. Sortie prévue en octobre.

La Disparition des lucioles avec Karelle Tremblay et Pierre-Luc Brillant.

Le film québécois : Avec deux longs métrages au compteur, Sébastien Pilote a une feuille de route parfaite. Le Vendeur et Le Démantèlement sont deux des plus beaux films québécois des dernières années. La Disparition des lucioles, un coming of age avec Karelle Tremblay dans le premier rôle, suscite donc de grandes attentes. Sortie prévue à l’automne.

Le drame fantastique : The House with a Clock in Its Walls. Cate Blanchett et Jack Black aident un jeune orphelin à retrouver une horloge maléfique. Thriller familial aussi coloré qu’inquiétant. Sortie prévue en septembre.

Le film d’animation : Alexandre Astier et Louis Clichy refont équipe après Le Domaine des dieux pour Astérix : le secret de la potion magique. Dans ce film, Panoramix cherche un jeune druide à qui donner la recette de sa mythique potion. Sortie prévue en décembre.

Le drame politique : Shock and Awe relate l’enquête journalistique entourant l’invasion de l’Irak par les Américains en 2003 alors que le gouvernement de George W. Bush tablait sur le complot des armes de destruction massive. Rob Reiner réalise pendant qu’on retrouve Jessica Biel, Woody Harrelson et James Marsden devant la caméra. Sortie prévue en juillet.

– Le film le plus étrange : The Favourite de Yorgos Lanthimos est définitivement l’ovni à surveiller connaissant les antécédents narratologiques du cinéaste. Rachel Weisz et Emma Stone se partagent la vedette dans ce drame à saveur victorienne. Sortie prévue à l’automne.

The Death and Life of John F. Donovan de Xavier Dolan.

Le film dont on ne sait plus quoi penser : The Death and Life of John F. Donovan. Exit Jessica Chastain. Exit Cannes. Que reste-t-il de nos espoirs envers ce film en éternelle postproduction et qui donne des boutons à Xavier Dolan sinon la crainte d’une œuvre qui pourrait se retrouver dans la même catégorie que les plus récents et décevants films de Terrence Malick. Évidemment et malgré tout, on ne désire qu’être agréablement surpris. Sortie prévue, euh, mystère.

La catastrophe anticipée : Aquaman avec Jason Momoa. Sérieusement, on aurait dû dès le départ en faire une parodie. Sortie prévue en décembre.

Jason Momoa en bellâtre aquatique !

 

 

Mai 2018 en dix films

Le Redoutable, film réalisé par Michel Hazanavicius

Mai fait son apparition, le beau temps également. Au fil des prochaines semaines, plusieurs productions fort intéressantes atterriront sur les écrans dont de nombreux films présentés dans le cadre du Mois du documentaire au Clap. On espère aussi avoir la chance de voir Leaning into the Wind, film portant sur l’artiste de land art Andy Goldsworthy, How to Talk to Girls at Parties avec Nicole Kidman et Revenge, un troublant film de genre français (dont les sorties sont prévues à Montréal). Ce qui est sûr, c’est que les dix titres suivants sortiront en salle à Québec.

Le Redoutable : Avec un bel humour, le film porte sur la relation amoureuse du réalisateur Jean-Luc Godard (joué par l’épatant Louis Garrel) avec l’actrice et romancière en devenir, Anne Wiazemsky, lors des événements de Mai 68. Un coup de cœur pour les nostalgiques de la Nouvelle Vague française.

Qu’importe la gravité : Un documentaire québécois fascinant. Christian, malvoyant de 63 ans, et Bruce, bipolaire de 71 ans, sont liés par une étrange amitié. L’un veut voler, l’autre tente de le suivre dans son rêve, mais supporte difficilement ses angoisses personnelles au quotidien. Cette réalisation de Matthieu Brouillard, aux images fortes et poétiques, est tout simplement inoubliable!

La Ch’tite famille : Si on a aimé le premier, on aimera cette fausse suite un peu moins burlesque que Bienvenue chez les Ch’tis et davantage portée sur les valeurs familiales et le combat des classes sociales. Aux côtés de Dany Boon, Laurence Arné est la révélation du film.

Solo :  Star Wars Story (Solo : Une histoire de Star Wars) : Ah! que dire de plus sinon qu’après Avengers: Infinity War, voici le deuxième méga-blockbuster de l’été. Ça passe ou ça casse pour ce long métrage racontant la jeunesse d’Han Solo.

The Rider (Le Cowboy) : Production américaine indépendante, à mi-chemin entre le drame intimiste et le documentaire, The Rider relate l’histoire d’une étoile du rodéo qui se remet d’un tragique accident.

Show Dogs (Chiens sous enquête) : Le film pour toute la famille du mois de mai. Ici, les chiens sont l’égal de l’homme. La bande-annonce laisse présager plusieurs fort bons moments dans cette comédie d’enquête canine.

La Maison des Syriens : La communauté de Saint-Ubalde, située entre la Mauricie et Portneuf, décide d’accueillir une famille de Syriens désirant immigrer au Canada pour fuir la guerre qui sévit dans leur pays. Un documentaire qui devrait casser bien des préjugés.

Après la guerre (Dopo la Guerra) : Un ex-militant italien exilé en France voit son passé le rattraper et décide de prendre la fuite avec son adolescente. Une œuvre touchante, sobrement mise en scène autour de personnages aux prises avec de nombreux dilemmes moraux. À voir!

Deadpool 2 : Vulgarité et humour acide sont de nouveau au rendez-vous pour cette suite toujours centrée sur le plus irrévérencieux des superhéros de l’univers Marvel.

Numéro une : Emmanuelle Devos est une fois de plus formidable dans ce drame qui explique l’ascension douloureuse d’une femme d’affaires dans un milieu machiste où les couteaux volent bas. Suzanne Clément, Richard Berry, Sami Frey et Benjamin Biolay complètent l’éclatante distribution de ce long-métrage mis en scène par Tonie Marshall.