La cuvée de juin 2017

Tanna de Bentley Dean et Martin Butler

Juin sera teinté cette année des couleurs animées de Captain Underpants, Despicable Me 3 et Cars 3. Aux guichets, le nouvel opus des Transformers (pas encore!), Tom Cruise luttant contre une momie (risky business) et Wonder Woman (zzzz…) tenteront de gagner la faveur populaire. Mais au-delà de ces titres, fort ou peu recommandables, en voici dix autres qui, en juin, nous donneront l’occasion de s’engouffrer avec bonheur dans une salle de cinéma!

1- Tanna : Visuellement, voici possiblement le plus beau film de l’année. Tourné sur une île volcanique du Pacifique, ce récit à la Roméo et Juliette version aborigène a tout pour séduire, pour émouvoir et pour dépayser! À voir absolument sur grand écran.

2- It Comes at Night : Une famille se terre dans une demeure dans les bois alors que la race humaine est en danger. Mais leur tranquillité sera éphémère lorsque des réfugiés frapperont à leur porte et attiseront une force maléfique tapie dans la forêt. Voici un thriller apocalyptique qui mise sur une ambiance anxiogène et sur Joel Edgerton en père de famille prêt à tout pour sauvegarder les siens. On achète.

3- Monsieur & Madame Adelman : Derrière chaque grand homme se cache une femme. Voilà la prémisse de cette comédie touchante, réalisée par Nicolas Bedos se mettant en scène aux côtés de sa compagne, l’excellente Doria Tillier dans cette histoire de couple s’étalant sur plus de 40 ans. Un long métrage à l’humour fin, offrant un formidable duel d’acteurs.

4- Le Passé devant nous : Très présente au petit écran dans Trop et Orphan Black, Évelyne Brochu est aussi la tête d’affiche de deux longs métrages ce mois-ci : Miséricorde et Le Passé devant nous. Dans le premier, elle est une camionneuse remplie de remords. Dans le second, elle offre ses services en tant qu’escorte et voit retontir dans sa vie son jeune fils oublié. De beaux rôles pour cette actrice encore sous-estimée.

5- Churchill : En juin 1944, Winston Churchill et ses alliés préparent le débarquement de Normandie qui sonnera le glas des troupes allemandes. Ce biopic donne toute la place au talent de Brian Cox qui incarne avec panache cet homme politique britannique qui a marqué son époque!

6- The Bad Batch : Pour l’instant annoncé uniquement en sortie restreinte aux États-Unis, cet ovni filmique met en scène Jason Momoa, Keenu Reeves et Jim Carrey dans une romance survivaliste sur fond de cannibalisme texan. Intrigant!

7- Beatriz at Dinner : Salma Hayek se retrouve comme thérapeute au grand cœur dans ce drame racontant comment une Mexicaine prend le mors aux dents lors d’un dîner mondain où certains invités, parvenus à souhait, prolifèrent des propos déplacés, hautains, voire haineux. Un film « trumpien » selon la rumeur.

8- The Beguiled : Le nouveau Sofia Coppola est une version revisitée du film Les Proies (1971) avec Clint Eastwood. Colin Farrell et Nicole Kidman dominent une distribution presque entièrement féminine dans ce western qui vient tout juste d’obtenir le prix de la mise en scène au Festival de Cannes.

9- La Communauté : J’aime beaucoup les films du Danois Thomas Vinterberg (Festen, La Chasse, Submarino). Ici, il nous met face aux désillusions de gens qui espéraient trouver le bonheur en vivant à l’intérieur d’une commune dans les années 70. Évidemment, la joie du « vivre ensemble » sera de courte durée.

10- Un sac de billes : Christian Duguay signe la réalisation de cette touchante histoire à saveur biographique relatant la fuite de deux jeunes frères juifs sur les routes de France lors de l’Occupation. Patrick Bruel, Elsa Zylberstein et Christian Clavier sont aussi au générique. Voici d’ailleurs la bande-annonce de ce drame historique :

Le cinéma d’horreur en 5 films en 2017

Le cinéma d’horreur fascine les uns, horripile les autres, ne laissant personne indifférent. Pour ceux qui, comme moi, sont attirés par ces films aux univers glauques, baignant dans l’effroi, l’hémoglobine et mettant en scène des créatures maléfiques ou de malaisants psychopathes, voici cinq titres qui se démarquent parmi ceux à venir au calendrier et qui, on l’espère, prendront l’affiche ici au cours des prochains mois. Des titres, dont deux québécois, qui feront suite à Alien-Covenant, It Comes at Night et A Ghost Story qui, misant eux aussi sur l’horreur, prennent l’affiche cet été.

Les Affamés : Avec ce nouveau film, Robin Aubert se lance dans l’univers des zombies, y dirigeant Marc-André Grondin, Monia Chokri, Micheline Lanctôt et Édouard Tremblay-Grenier (Les Démons) dans un drame survivaliste qui suit un petit groupe de personnes tentant d’atteindre un lieu sûr alors que des hordes de zombies envahissent la province. Malgré sa trame classique pour le genre, on y croit et on a hâte de voir le résultat!

It (Ça) : Autant le livre de Stephen King que le téléfilm, tourné en deux parties en 1990, ont marqué les esprits. It est de retour sous la forme d’un long métrage dont la bande-annonce affole déjà les aficionados. Dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, des enfants disparaissent mystérieusement entraînant un groupe de sept jeunes à se former après que, les uns après les autres, ils eurent tous été confrontés à d’horribles phénomènes. Un second volet, avec les enfants devenus adultes, est bien sûr en préparation.

Suspiria : On connaît le classique de 1977 signé Dario Argento, voici qu’une nouvelle version est en tournage. Réalisé par l’Italien Luca Guadagnino (Amore, A Bigger Splash), Suspiria 2017 mettra en scène Tilda Swinton (déjà présente dans les deux précédents films du cinéaste) et Dakota Johnson (Fifty Shades of Grey). Elles y joueront respectivement une directrice d’une école de danse berlinoise et Suzy, une apprenti danseuse qui apprend que deux étudiantes ont été sauvagement assassinées pendant la nuit et comprend que l’école est le théâtre de phénomènes aussi curieux qu’inquiétants. Thom Yorke (chanteur de Radiohead) composera la trame sonore du film.

Blood Quantum : Réalisé et scénarisé par Jeff Barnaby, Blood Quantum vient tout juste d’obtenir le financement de production de la SODEC. Le résumé va comme suit : les morts-vivants envahissent la réserve isolée de Red Crow, appartenant à la tribu Mi’gMaq. Seuls les Amérindiens sont immunisés contre la peste zombie. Un policier local doit alors protéger la petite amie enceinte de son fils, les laissés-pour-compte et de nombreux réfugiés, tous menacés par des hordes de cadavres blancs infestant la réserve. Barnaby s’était fait un nom en réalisant Rhymes for Young Ghouls en 2013, une œuvre poétique bercée par le fantastique et la mythologie autochtone.

Grave : Lauréat du Grand Prix lors de la plus récente édition du Festival international du film fantastique de Gérardmer, Grave est le premier long métrage de Julie Ducournau qui a pris l’affiche en mars dernier en France. Rappelant certains films français tournant autour du cannibalisme comme Trouble Every Day de Claire Denis et Dans ma peau de Marina de Van, Grave est tordu à souhait. On espère une éventuelle sortie en salle au Québec pour cette œuvre dérangeante relatant le changement profond qui s’installe chez une jeune végétarienne qui entame des études dans une école vétérinaire. Voici la bande-annonce qui ne s’adresse pas aux petites natures…

En salle SVP !

Le Festival de Cannes qui débute mercredi prochain, le 17 mai, a décidé de publier un communiqué cette semaine afin de nier une rumeur voulant que deux films soient retirés de la compétition officielle, Okja de Bong Joon-Ho et The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach. Il s’avère que la présence à Cannes de ces deux longs métrages suscitent la controverse dans le milieu du cinéma, car tous deux sont des productions signées Netflix et que le géant américain, comme à son habitude, ne sortira pas ses deux productions en salle mais uniquement sur sa plate-forme.

Tilda Swinton dans Okja

Cannes étant une festival consacré aux œuvres du 7e art diffusées en salle, la controverse est d’office. Les bonzes cannois ont toujours à cœur de défendre ce modèle d’exploitation bien qu’ils acceptent cette année, hors compétition, la présentation d’épisodes de séries télé réalisées par des cinéastes émérites comme Jane Campion (Top of the Lake) ou David Lynch (Twin Peaks). Que le Festival intègre en compétition des films qui se retrouveront uniquement sur les écrans de cinéma maison, de portables et de tablettes inquiète les producteurs et les distributeurs de films dans bien des pays. Ici, au Québec, Louis Dussault de K-Films, pour ne citer que lui, dénonce depuis longtemps le modèle Netflix qui bafoue les règles nationales en matière de paiements de taxes et d’impôts. Face à ce brouhaha, Cannes a donc décidé qu’à l’avenir, dès 2018 en fait, tout film sélectionné dans la compétition officielle devra avoir une entente de distribution en salle sur le territoire français. Avec cette nouvelle règle, les films produits par les plates-formes numériques seront presque automatiquement écartés de la sélection, mais aussi peut-être des œuvres plus intimistes et audacieuses n’ayant pas encore d’entente de distribution dans l’Hexagone. Rien n’est parfait.

Mais bref, on peut considérer cette décision comme une bonne nouvelle dans l’ensemble. Éthiquement du moins. Amazon, qui est aussi devenue un joueur important dans la production cinématographique et qui utilise un modèle apparenté à Netflix, fait quant à elle preuve de plus de souplesse. Ses films sont d’abord lancés en salle avant de se retrouver sur sa plate-forme. Le réseau des salles obscures en Amérique du Nord, lui, tient encore mordicus à la primeur d’un film côté distribution. De gros sous sont en jeu et le désir de se battre à armes égales est aussi de mise dans ce dossier. Le portrait de l’industrie mondiale du cinéma tend à changer rapidement et l’adaptation est rude. Hollywood consacre dorénavant ses énergie et ses budgets colossaux aux suites de blockbusters et aux longs métrages remplis de super-héros et d’effets

Le réalisateur Martin Scorsese

spéciaux survitaminés. Cette structure basée sur des productions grandioses dont la rentabilité est vue à l’échelle mondiale décourage plusieurs réalisateurs qui se voient forcés de tourner le dos au système en place dont Martin Scorsese qui, tout sourire, s’associe à Netflix pour la réalisation de The Irishman, son nouveau projet avec Pacino et De Niro.

L’idéal serait de voir Netflix faire preuve de souplesse, créer des ponts avec le réseau des salles de cinéma et se conformer aux règles fiscales de tous les pays où elle compte des abonnés. Voir le nouveau Scorsese sur un écran de téléphone cellulaire n’a rien de sexy. Netflix propose un mode de production et de diffusion fort séduisant pour certains artisans et pour le grand public, mais son allure de rouleau compresseur entraîne un débat inévitable sur les enjeux reliés au mode de diffusion et de distribution dans chacun des pays. Les principaux acteurs du 7e art doivent réfléchir pour le mieux à cette question avant que le plus prestigieux des festivals ne devienne un festival de films en ligne doté d’une Croisette virtuelle.

communiqué du Festival de Cannes

Mai en 10 titres

Mai verra l’arrivée des premiers gros films hollywoodiens de l’été comme Baywatch, King Arthur: Legend of the Sword et Pirates des Caraïbes 5. Hormis ce triumvirat boosté d’effets spéciaux et de Botox, quels seront les dix longs métrages à voir en priorité durant le mois de Marie? Voici mes choix personnels :

1- David Lynch: The Art Life : Ce documentaire surprenant s’intéresse aux souvenirs du cinéaste qui nous a donné Mulholland Drive et Twin Peaks. Plutôt que de revenir sur son travail cinématographique, le film plonge dans l’enfance du maître en donnant la parole à ce créateur hors normes dont les rêves et les cauchemars ont coloré fortement une œuvre singulière et marquante du cinéma américain des 40 dernières années.

2- Guardians of the Galaxy Vol. 2 : Le premier a revigoré l’univers Marvel avec son humour référencé, sa musique vintage et ses personnages attachants et très éloignés du modèle du surhomme à la cape au vent et aux pectoraux de compétition. On s’attend à la même chose du deuxième qui introduira quelques nouveaux personnages tout en faisant place à quelques caméos.

3- Moi, Daniel Blake : Le nouveau film du britannique Ken Loach se penche sur le sort cruel réservé aux  sans-emploi dans un pays durement touché par le chômage. Un quinquagénaire à la santé défaillante et une mère monoparentale tentent solidairement de se sortir de l’impasse alors qu’ils font face au bourbier administratif complexe et déshumanisé du ministère anglais du travail.

4- Patients : Grand Corps Malade a coréalisé ce film en grande partie autobiographique relatant la remise sur pied d’un homme dont les membres l’ont abandonné, le tout dans un centre de réadaptation où cohabitent des personnalités colorées et attachantes (patients, personnel professionnel ou de soutien). Un film tendre qui déploie aussi un bel humour.

5- Bon Cop, Bad Cop 2 : En été, le cinéma québécois est presque absent du grand écran. Les attentes de l’industrie reposent donc sur les épaules de deux ou trois titres seulement dont ce deuxième volet des aventures des enquêteurs Ward et Bouchard interprétés avec une belle complicité par Colm Feore et Patrick Huard. On est curieux et on ne peut que souhaiter à ce deuxième opus réalisé par Alain Desrochers un succès égal au premier.

6- Après la tempête: Après les très beaux Tel père, tel fils et Notre petite sœur, le Japonais Hirokazu Kore-eda nous plonge à nouveau dans un récit familial houleux portant cette fois-ci sur un père dysfonctionnel qui veut s’amender auprès d’un fils qu’il ne voit que rarement depuis sa séparation. Spécialiste dans le genre, le cinéaste nippon rate rarement son coup.

7- Alien : Covenant : Ridley Scott réalise cet antépisode du premier Alien de 1979 qu’il signait déjà, faisant aussi suite à Prometeus et dans lequel les personnages joués par Noomi Rapace et Michael Fassbender font des apparitions. L’univers effrayant et mythique d’Alien, mêlant science-fiction et horreur, n’a pas produit que des chefs-d’œuvre,  mais peu importe, nous serons au rendez-vous pour ce nouvel opus, et ce, en attendant la sortie d’Alien 5 avec Sigourney Weaver de retour dans l’uniforme de Ripley!

8- Kedi : Documentaire exotique des plus charmants, Kedi nous présente la vie des félins à Istanbul, cité où ces bêtes font partie du quotidien de millions de résidants. Filmé à hauteur de chat, le long métrage dresse le portrait d’une demi-douzaine d’entre eux vivant au port, au marché, squattant les ruelles de la métropole turque comme si elle leur appartenait.

Liev Schreiber dans Chuck (The Bleeder) de Philippe Falardeau

9- Chuck (The Bleeder) : Philippe Falardeau signe son deuxième film américain avec cette histoire basée sur la vie du boxeur qui inspira le personnage de Rocky à Sylvester Stallone. Pur inconnu, Chuck Wepner, joué par Liev Schreiber, avait obtenu un combat face à Mohammed Ali avait de sombrer dans l’alcool, la drogue et l’anonymat à la suite de cette soudaine et éphémère heure de gloire.

10- The Wedding Plan : À quelques semaines de son mariage, Michal voit son fiancé se désister. Convaincue de pouvoir trouver un nouvel élu rapidement, cette juive orthodoxe refuse d’annuler la célébration et se met en quête d’un nouvel époux. Selon la rumeur, cette comédie romantique pourrait causer la surprise de l’été 2017, un peu à la manière de My Big Fat Greek Wedding en 2002.