French cinéma

Lucy

Invité récemment à Paris, pour une troisième année consécutive, afin d’y réaliser des entrevues reliées à la sortie de films français au Québec en 2015, j’en ai aussi profité pour assister à la conférence de presse faisant le bilan du rayonnement du cinéma français à l’international. Unifrance, organisme dévoué à cette cause, recevait donc de nombreux journalistes de divers pays afin de faire un résumé des résultats obtenus par l’ensemble des longs métrages produits en France et ayant été distribués à l’étranger.

C’est sans surprise que Lucy, produit par Luc Besson, a remporté la « palme » de l’œuvre la plus populaire parmi les quelque 200 titres émanant de l’Hexagone. Lucy, à l’image des autres productions « bessonniennes » des dernières années, est un film d’action réalisé en anglais et destiné au marché international, un produit n’ayant aucune saveur typiquement française. On peut d’ailleurs s’attendre à ce que l’an prochain, le grand vainqueur soit Taken 3 avec Liam Neeson, une autre fabrication incolore et inodore du studio de l’auteur du Grand Bleu et de Nikita. Dans une courte vidéo arrangée avec le gars des vues, Scarlett Johansson, alias Lucy, a rendu hommage au pif du réalisateur, qui lui, devant la salle, affublé d’une redingote du Village des valeurs, a confirmé que son film était bel et bien français et qu’aujourd’hui, on pouvait être Français et manger des sushis et saluant au passage l’origine suédoise de son actrice. Vivement un petit-four et une gorgée de mousseux pour faire passer le tout.

Cela dit, l’année 2014 a quand même été la deuxième meilleure année en vingt ans pour la totalité des revenus accumulés par les films français vendus en Amérique, en Europe et en Asie. Et c’est bien tant mieux si on veut contrer l’hégémonie du cinéma américain. On a pu constater, chiffres à l’appui, que le marché chinois continue de s’ouvrir peu à peu à la France, un marché très, mais très convoité par les pays exportateurs. Le Québec, de son côté, est un petit joueur dont on se soucie peu, surtout que les beaux jours des succès filmiques de De Funès, Pierre Richard ou Depardieu dans nos terres sont choses du passé.

Donc, quand on examine les cinq plus grands succès du cinéma français dans le monde en 2014, une fois le choc Lucy passé, on s’étonne de voir dans ce court palmarès Grace de Monaco, un presque téléfilm qui est passé en coup de vent 474265dans nos salles. La Belle et la bête, aussi beau que bête, et Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu? font aussi partie de cette liste qui se termine avec Minuscule – La vallée des fourmis perdues, un joli film d’animation qui n’a toujours pas de distributeur officiel pour le Canada. Le mystère de la distribution en salle au Québec n’a rien d’une légende.

Bref, en dehors de ces chiffres, il y a les rencontres, une quinzaine au total, celles avec des comédiens, avec des actrices, et celles avec des cinéastes qui ont passé des mois, voire des années, à réaliser leur film. Le résumé de mes rencontres avec eux sera retranscrit sur ce blogue, mais aussi dans le magazine du Clap. La rentrée, de janvier à mai, est particulièrement forte cette année pour les films français, québécois et internationaux. Aux cinéphiles  d’en profiter!