Les heureuses noces cinéma/musique

Leone

Sergio Leone et Ennio Morricone

Au départ, la musique s’est jointe au cinéma dans un but pratique et non artistique. Dès 1896, il s’agissait pour le pianiste invité à la projection en salle, de jouer assez fort pour couvrir le bruit mécanique du projecteur. Douze ans plus tard, on attribue à Camille Saint-Saëns le titre de premier compositeur de musiques pour le cinéma pour son travail conçu spécifiquement pour L’Assassinat du duc de Guise. Il faudra par la suite attendre l’arrivée du son à l’écran et l’invention du cinéma parlant avec Le Chanteur de jazz, en 1927, pour imposer, de façon synchrone, ce qui allait devenir un mariage des plus heureux entre les images d’un film et la musique qui les accompagne.

Passionné de musiques conçues pour le cinéma,  j’ai tenu durant de nombreuses années une chronique sur les bandes sonores dans le Magazine Le Clap. Ce travail m’a amené à m’intéresser aux liens si particuliers qui unissent cinéastes et compositeurs; des unions qui parfois s’étalent sur plusieurs décennies et qui marquent d’un sceau distinctif des œuvres devenues des classiques. Dans cette veine, le site internet Taste of Cinema  a consacré un fort bel article, construit sous la forme Bernard-Herrmannd’un palmarès, aux vingt plus grandes associations réalisateur/compositeur de l’histoire du 7e art. Certains tandems qui s’y trouvent sont évidemment incontournables, parmi ceux-ci :  Fellini et Nino Rota, Leone et Morricone, Spielberg et John Williams, Hitchcock et Bernard Herrmann,  David Lynch et Angelo Badalamenti. D’autres sont plus méconnues :  Eisenstein et Prokofiev, Michael Curtiz et E.W. Korngold (The Adventures of Robin Hood, 1938).

Si des duos québécois avaient à s’y ajouter, on penserait à ceux formés de Christian Duguay et du défunt Normand Corbeil (The Art of War, Hitler: The Rise of Evil), à celui incontournable reliant Gilles Carle à Stéphane Venne (Les Mâles, Les Plouffe) Plouffeou encore au récent mariage unissant Philippe Falardeau à Martin Léon (Monsieur Lazhar, Guibord). À l’international, plusieurs récentes associations réalisateurs/compositeurs sont aussi à surveiller : David Fincher et Trenet Raznor, Paul Thomas Anderson et  Jonny Greenwood, Darren Aronofsky et Clint Mansell, Jacques Audiard et Alexandre Desplat. Cet univers émotionnel amalgamant images et musiques est fort riche et ne se résume pas qu’à un seul classement, mais le palmarès de Taste of Cinema a le mérite de remettre en perspective des alliances qu’on tend à oublier et qui sont souvent au cœur même de la réussite d’un film.

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Nino Rota et Federico Fellini