Dix longs métrages pour novembre 2021

Novembre sera aussi dynamique qu’octobre côté sorties en salle. Les Américains proposeront de nombreux blockbusters dont le nouveau Ghostbusters et King Richard avec Will Smith interprétant le père des soeurs Venus et Serena Williams. De France, on regardera de près Benoît Poelvoorde dans Profession du père et Karin Viard dans Tokyo Shaking. On se croise les doigts pour voir à Québec la nouvelle réalisation signée Jane Campion, Le Pouvoir du chien avec Benedict Cumberbatch. Les films familiaux Encanto de Disney et Clifford le célèbre chien attireront les plus jeunes pendant que l’excellent Joaquin Phoenix nous revient dans C’mon C’mon et qu’Éléonore Loiselle s’avère épatante de froideur dans le rôle d’une militaire dans le drame québécois Guerres. On se demandera aussi si on avait vraiment besoin d’un nouvel épisode de Resident Evil. Ah! Et j’allais oublier, il y a également Eternals, la nouveauté Marvel du mois, dont la grossière bande-annonce laisse présager le pire même si la surdouée Chloé Zhao est aux commandes. Bref, hormis cette pléthore de films, voici les dix titres à voir en priorité durant ce mois propice à la luminothérapie et à la cinéphilie.

1- L’Arracheuse de temps : Voici la troisième adaptation de l’univers de Fred Pellerin au cinéma. Cette fois-ci, Francis Leclerc (prenant la « relève » de Luc Picard) a profité d’un bon budget pour recréer le Québec des années 20 et 80 tout en nous plongeant avec faste dans l’imaginaire fantaisiste du conteur de Saint-Élie pour mieux nous raconter le combat de villageois contre la Mort.

2- Dehors, Serge, dehors : L’acteur Serge Thériault se terre dans sa demeure depuis de nombreuses années. Sa conjointe et ses voisins du dessous tentent tant bien que mal de le faire sortir de sa torpeur. Le documentaire se penche sur leurs efforts et leur bienveillance et a été réalisé pour aider ce comédien dont on s’ennuie à littéralement revenir à la vie.

3- Belfast : Kenneth Branagh réalise un film en noir et blanc, en grande partie autobiographique, narrant son enfance sur fond de tensions religieuses, politiques et sociales de la fin des années 60 en Irlande du Nord qui allaient mener à des manifestations et des affrontements sanglants.

4- France : Depuis quelques années, Bruno Dumont intègre avec bonheur davantage d’humour dans ses réalisations. On pense à P’tit Quinquin ou à Ma Loute. Il poursuit dans ce sentier avec France, tout en y ajoutant une critique acerbe du milieu médiatique par l’entremise des expériences d’une vedette du journalisme incarnée ici par Léa Seydoux avec, à ses côtés, la drolatique Blanche Gardin. On est très curieux de voir le résultat au grand écran.

5- Boîte noire : Assurément l’un des meilleurs suspenses de 2021! Ce film démontre l’obsession de Mathieu Vasseur, joué par Pierre Niney, un expert en sécurité aéronautique qui estime que le crash d’un avion survenu dans les Alpes pourrait ne pas être de nature accidentelle. Il mènera sa propre enquête sur ce que recèle ou non la boîte noire de l’avion, et ce, à ses risques et périls.

6- Aline : Avec humour et une réelle admiration pour son sujet, Valérie Lemercier relate avec une certaine liberté le parcours de Céline Dion en interprétant son alter ego Aline Dieu, une enfant douée pour le chant, partie de rien et prise sous l’aile protectrice de son gérant et futur mari qui la rendra célèbre.

7- Spencer : Après Jackie, on est très curieux de voir cette nouvelle biographie concoctée par le Chilien Pablo Larrain, cette fois-ci autour de celle qu’on surnommait affectueusement Lady Di. Kristen Stewart interprète la princesse qui, dans la tourmente des paparazzis, est définitivement partie trop tôt.

8- House of Gucci (La Saga Gucci) : Deux films en deux mois, c’est ce que nous offre Ridley Scott qui, après Le Dernier Duel en octobre, s’applique maintenant à raconter l’histoire de la richissime famille Gucci et l’assassinat, en 1995, de Maurizio alors à la tête de cet empire de produits de luxe. Adam Driver et Lady Gaga sont les têtes d’affiche, aux côtés d’Al Pacino, Salma Hayek et Jared Leto notamment.

9- Seules les bêtes : Dominik Moll nous avait épaté avec Harry, un ami qui vous veut du bien. Sa plus récente réalisation est tout aussi jouissive et de plus fort actuelle. Laure Calamy et Denis Ménochet évoluent dans cette comédie dramatique flirtant avec le thriller sur fond d’arnaque amoureuse sur Internet. À ne pas rater.

10- Une révision : Patrice Robitaille tient le premier rôle dans ce drame basé sur une demande de révision de note au collégial opposant un prof de philo à l’une de ses étudiantes, dossier qui se retrouvera au coeur d’une délicate polémique. Voici un film qui aborde des sujets d’actualité comme la censure, la bienveillance, la morale, la foi et l’inclusion sous fond d’enseignement supérieur. Un premier long métrage signé par Catherine Therrien.

Du Mexique au Québec, de l’aube au crépuscule

Voilà dix ans, le Montréalais d’origine serbe Ivan Grbovic sortait un premier long métrage intitulé Roméo Onze. Le film, bien que sorti discrètement, avait reçu de fort belles critiques. Sa nouvelle réalisation, Les Oiseaux ivres, devrait solidifier sa réputation de cinéaste sensible et talentueux, d’autant plus que son oeuvre représentera le Canada aux Oscars dans la catégorie du Meilleur film international. Mettant en vedette Jorge Antonio Guerrero (vu dans Roma), Hélène Florent, Claude Legault et Marine Johnson, Les Oiseaux ivres relate le parcours de Willy qui quitte le Mexique pour tenter de retrouver son amoureuse qui, pour mieux fuir un cartel de drogue, se serait réfugiée au Québec. Arrivé au pays, Willy travaillera sur une ferme tenue par un couple au bord de l’implosion, parents d’une adolescente révoltée. Le réalisateur nous donne des détails sur son récit aux multiples destinées.

Le Clap : Roméo Onze, votre premier long métrage, est sorti en 2011. Votre second, Les Oiseaux ivres, sort dix ans plus tard. Pourtant, vous n’avez pas chômé durant toutes ces années, non?

Ivan Grbovic : Non, car tout ce temps j’ai beaucoup travaillé en publicité, notamment en France et aux États-Unis. Il y a aussi le fait que j’ai eu des enfants et que j’aime prendre mon temps quand je me lance dans un projet filmique.

Ivan Grbovic, réalisateur.

Le Clap : Vous avez coscénarisé votre film avec votre conjointe Sara Mishara qui assure aussi la direction photo. Parlez-moi de ce qui vous a poussé à écrire sur les travailleurs latinos qui viennent sur nos fermes l’été.

IG : En 2005, je revenais d’un tournage et je suis passé par Saint-Rémi en Montérégie. Il y avait du brouillard et j’ai aperçu une centaine de travailleurs saisonniers devant une caisse populaire. Cette vision, c’était comme si j’avais traversé une frontière magique. En 2005, être témoin de ça, ça m’a causé un véritable choc. Aujourd’hui, ce phénomène est d’actualité, mais pas à l’époque. Ça a été comme une rencontre mystérieuse et c’est ce qui m’a inspiré pour écrire, petit à petit, cette histoire.

Le Clap : Votre acteur principal, formidable il faut le dire, Jorge Antonio Guerrero, a été vu dans Roma d’Alfonso Cuarón, un film de multiples fois récompensé et plébiscité. C’était un choix évident pour jouer Willy?

IG : La maison de production de Roma a été un de nos partenaires pour le casting. J’avais vu Roma et ça a adonné qu’ils nous l’ont proposé. Puis ça a été une évidence, car Jorge est comme un diamant brut. Il a un côté poétique et sensible et il aime jouer devant la caméra. En acceptant le rôle, il a découvert un univers, car il n’avait aucune idée de l’importance des travailleurs saisonniers au Québec. C’était émouvant pour lui de voir ces hommes et ces femmes se déplacer pour travailler de nombreux mois par année sur nos fermes.

Jorge Antonio Guerrero.

Le Clap : De très nombreuses scènes des Oiseaux ivres se déroulent à l’aube et au crépuscule, au moment où commence le travail des ouvriers et où il se termine. Ça donne des images spectaculaires et ça rappelle Les Moissons du ciel (Days of Heaven) de Terrence Malick, n’est-ce pas?

IG : Oui, j’avoue que Days of Heaven est une influence majeure pour la photographie du film. Sara et moi, nous étions têtus. Nous voulions absolument tourner de nombreuses scènes au crépuscule pour capter cette lumière unique. Donc, on pratiquait avec l’équipe de 13 h à 17 h puis après on tournait. On voulait donner un côté fugitif au film, aller vers une symbolique qui alterne entre le rêve et la réalité. Ça donne aussi une impression de grandeur au territoire québécois tout en évitant un certain misérabilisme.

Le Clap : L’histoire de Willy est centrale, mais il y a aussi celle du couple, formé par Claude Legault et Hélène Florent, qui se désagrège et celle de leur adolescente (Marine Johnson très intense) qui désire s’émanciper. Avez-vous eu peur de nous présenter trop de pistes à suivre narrativement?

Hélène Florent

IG : Mon professeur de scénarisation me disait de ne pas m’aventurer dans un film choral et pourtant c’est un peu ce que j’ai fait ici. Et c’est vrai qu’il y a un danger. Mais si le public embarque, ce que j’espère, au final, ce sera encore plus satisfaisant. Je pense que ça valait la peine d’explorer plusieurs histoires et d’aller à la rencontre de différents personnages.

Le Clap : Votre film vient d’être choisi pour représenter le Canada aux Oscars. Inévitablement, ça le fera davantage voyager. C’est un beau cadeau alors qu’il prend tout juste l’affiche au Québec.

IG : Oui! Je suis tellement content. Entre autres parce que davantage de gens seront curieux et iront voir le film. Je voulais faire un long métrage généreux et accessible et cette nomination-là va aider à le promouvoir. Claude Legault a justement vu le film hier pour la première fois et il a adoré la proposition. C’était important d’avoir un tel avis, car bien qu’acteur, Claude est aussi scénariste. Mais bref, mon film en étant nommé candidat canadien aux Oscars pourra davantage voyager. Et je suis très curieux de la possible réaction de gens qui le verront au Mexique, en Amérique latine et ailleurs. Car au-delà de l’aspect social lié aux travailleurs saisonniers, mon film est aussi très romantique!

NDLR : C’est le 21 décembre prochain que l’Académie des Oscars annoncera la première sélection de finalistes pour la catégorie du Meilleur film international.

Octobre 2021 en dix films

Octobre est toujours un beau mois de cinéma, car c’est le moment où on entre de plain-pied dans la saison des Oscars et où on nous propose des films s’étant démarqués dans les festivals (Cannes, Venise, Toronto). Cette année, octobre sera tout simplement étourdissant. Les films fantastiques, d’horreur et de science-fiction seront nombreux avec Antlers, Night Raiders, Venom 2, Halloween Kills et La Contemplation du mystère et, plus familial, avec The Addams Family 2. On surveillera aussi le documentaire québécois d’animation Archipel, le drame Bootlegger se déroulant sur une réserve autochtone avec Devery Jacobs et Pascale Bussières, la comédie d’horreur Brain Freeze avec Roy Dupuis, et enfin la performance de Benedict Cumberbatch dans The Electric Life of Louis Wain. À travers cette déferlante, voici les dix titres à surveiller de près!

1- Dune : Premier volet d’un dyptique réalisé par Denis Villeneuve sur l’oeuvre de Frank Herbert, cette production de science-fiction gargantuesque est assurément le film le plus attendu de l’année.

2- Soumissions : Dans sa demeure de campagne, Joseph séquestre son jeune fils. Il en veut à la mère de ce dernier pour leur séparation acrimonieuse. Pour ce drame familial entièrement d’actualité, le cinéaste Emmanuel Tardif a fait confiance aux acteurs Martin Dubreuil et Charlotte Aubin pour incarner des personnages pris dans un engrenage oppressant.

3- Titane : Gagnant de la Palme d’or lors du plus récent Festival de Cannes, ce deuxième long métrage de Julia Ducournau serait encore plus intense que son premier (Grave) et met en scène un pompier (Vincent Lindon) fasciné par une danseuse (Agathe Rousselle) recherchée pour meurtres. Le film s’inspire des ambiances et thématiques glauques explorées au fil des années dans les films de David Cronenberg.

4- The Many Saints of Newark (Les Saints Criminels de Newark) : Voilà l’antépisode de la célèbre série The Sopranos. Michael Gandolfini, fils du défunt James, reprend le rôle immortalisé au petit écran par son père, celui de Tony Soprano dans un récit qui relatera la jeunesse du mafioso du New Jersey.

5- My Zoé : Dans son nouveau film en tant que réalisatrice, l’actrice française Julie Delpy interprète une mère de famille qui, pour sauver sa fille, demande l’aide de scientifiques qui viennent de mettre au point une expérimentation génétique innovatrice. Un sujet parfait pour explorer l’éthique en matière de science médicale.

6- No Time To Die (Mourir peut attendre) : Reporté depuis un an et demi, ce nouveau volet des aventures de James Bond, possiblement le dernier avec Daniel Craig dans le rôle de 007, nous présente l’espion à la retraite mais chargé d’une ultime mission où il fera face à un nouveau « super méchant de service », un certain Safin, joué par Rami Malek.

7- The French Dispatch : Wes Anderson a engagé des dizaines d’acteurs internationaux pour faire partie de sa nouvelle comédie dramatique tournée en France. Tilda Swinton, Léa Seydoux, Timothée Chalamet, Bill Murray et Frances MacDormand baigneront allègrement dans une mer d’images symétriques aux couleurs chatoyantes.

8- The Last Duel (Le Dernier Duel) : Ridley Scott revient à ses premières amours avec ce film médiéval qui rappelle son premier et exceptionnel long métrage, Les Duellistes. L’affrontement (basé sur un fait judiciaire historique) opposera un écuyer et un chevalier joués par Adam Driver et Matt Damon. Les premières critiques sont dithyrambiques.

9- Les Oiseaux ivres : La rumeur est très élogieuse envers ce deuxième long métrage d’Ivan Grbovic (Roméo Onze). On y suivra le destin d’un Mexicain (Jorge Antonio Guerrero) qui tente de retrouver son amoureuse au Québec et qui sera engagé comme travailleur saisonnier sur une ferme dirigée par un couple formé de Claude Legault et Hélène Florent. Mais sa quête prendra une tournure tragique.

10- Last Night in Soho : Edgar Wright nous plonge dans un drame psychédélique alors qu’une passionnée de mode (Thomasin McKenzie) remonte mystérieusement le temps et se retrouve aux côtés de son idole (Anya Taylor-Joy) en plein coeur des années 60. Mais le rêve se transformera rapidement en cauchemar.

Sur des airs de Kinshasa

Le réalisateur de Québec David Nadeau Bernatchez lance en salle, ce mois-ci, un premier long métrage documentaire intitulé Rumba Rules, nouvelles généalogies. Tourné à Kinshasa, en plein coeur de la République démocratique du Congo (anciennement appelée le Zaïre et à ne pas confondre avec la République du Congo aussi appelée Congo-Brazzaville), le film, coréalisé avec Sammy Bajoli, nous transporte dans l’univers musical de la rumba et de ses chanteurs, musiciens et danseurs congolais dont Brigade Sarbati. Avec fierté, le cinéaste voit actuellement son documentaire faire le tour du monde dans les différents festivals et dépeint la genèse de cette production dépaysante.

Le Clap : David, votre fascination pour le continent africain et plus particulièrement pour la République démocratique du Congo, ça ne date pas d’hier?

David N. Bernatchez : Effectivement. Ça fait depuis 2004 que je me rends là-bas et que j’y travaille sur différents projets. À l’époque, j’y étais allé pour les études en accompagnant mon directeur de maîtrise. Finalement, j’y suis resté plusieurs mois. Cette expérience m’a totalement chambardé autant d’un point de vue culturel que musical. Ça m’a transformé et j’ai poussé la plongée jusqu’au doctorat sur la musique congolaise urbaine, dont la rumba, son parcours de l’Afrique jusqu’aux Antilles à travers les esclaves jusqu’à son retour en Afrique dans les années 50. C’était fascinant de voir comment les Congolais l’ont fait évoluer et l’ont transmise au fil des récentes générations.

David N. Bernatchez, réalisateur.

Le Clap : Au coeur du film, à travers de multiples personnages ancrés dans le milieu musical de Kinshasa, il y a Brigade Sarbati, un chanteur populaire qui y dirige un orchestre de musiciens et de danseuses. Avec lui et ses chansons, on part à la découverte de la scène locale. C’est le but premier du film?

DNB : Oui, il y avait la volonté de plonger dans cette scène musicale et de transmettre son énergie, ses règles internes qui servent de base au tissu social de Kinshasa. À travers elle, c’est tout le pays qui se raconte. Ici, on a surtout connu le chanteur Papa Wemba mais à Kinshasa, il y a tout un univers musical méconnu des Occidentaux. La rumba congolaise, c’est une institution incroyable. Les ensembles, c’est plus de 30 personnes à la fois sur scène et à la télé. Avec l’orchestre de Brigade, on découvre que La rumba actuelle, c’est une énergie mais aussi une manière de raconter la ville et ses ancrages. Comme elle est narrative, elle est chargée de noms de lieux, de personnages, d’émotions. Le titre du film d’ailleurs réfère à cette façon de se raconter à travers la musique, à la transmission des récits en chansons. C’est un phénomène qui rappelle celui des griots d’Afrique de l’Ouest chargés de transmettre les récits historiques à la population. Notre documentaire, c’est du cinéma direct, c’est partir à la rencontre de gens aux noms évocateurs comme Brigade, Pitchou Travolta, Panneau Solaire, Soleil Patron et Xena La Guerrière. Des pseudonymes liés à leur énergie, leur personnalité et l’imaginaire. Moi-même durant mon séjour là-bas, on m’a rebaptisé « Huitième merveille véritable couleur d’origine ». Les danses locales aussi ont des noms très imagées comme celle du mécanicien, du dindon ou du peigne.

Le Clap : Le film est coproduit avec la République démocratique du Congo et la Belgique, et il est coréalisé avec Sammy Bajoli. Le tournage a-t-il été ardu?

DNB : Ça a été une longue aventure. Notre budget n’était pas énorme et on avait en tout un peu moins de 30 jours de tournage qui se sont déroulés en 2015, 2016 et 2019. J’ai eu comme coréalisateur Sammy Baloji, mais à l’origine du projet nous étions trois avec Kiripi Katembo-Siku. L’apport de Kiripi était considérable mais il est subitement décédé peu après le début du tournage en 2015. On a repris le tournage sans moyens en 2016, on a tenu le projet à bout de bras pendant deux ans (merci à la coproductrice Rosa Spaliviero!) pour le terminer en 2020 mais la pandémie a retardé sa sortie.

Le Clap : Et maintenant, le film voyage beaucoup!

DNB : Disons qu’avec la pandémie c’était pas évident, mais qu’il commence enfin à circuler plus. On espère que le voyage sera long! Après Amsterdam (IDFA) fin 2020, il a été à Helsinki, Denton au Texas, Paris, Bruxelles, et il sera bientôt en Suède, à Leuven, Anvers, Ouagadougou et au Portugal. Le grand écran, dans les festivals et les salles de cinéma, c’est pour moi un lieu fondamental pour créer et réfléchir nos récits et nos images. Ce n’est pas un documentaire aussi facile d’accès que certains d’autres, mais j’ai cette conviction qu’il porte quelque chose de fort et d’important. J’aime à penser que ce film peut à la fois toucher les mélomanes congolais et ceux d’un peu partout dans le monde. Aussi à Kinshasa, avec un ami qui a beaucoup aidé à la production du film, on aussi ce projet de faire circuler Rumba Rules (et d’autres films) avec une salle ambulante. Pour vivre, il faut que le cinéma soit vu! Rumba Rules sort en salle au Québec et pour moi c’est vraiment incroyable. J’espère que les gens vont se déplacer et se donner la chance de vivre ça!

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10 films pour septembre 2021

Maria Chapdelaine réalisé par Sébastien Pilote.

En septembre, on aura droit à un avant-goût des films de l’automne, saison des oeuvres oscarisables, avec en prime la sortie de quelques films québécois et étrangers. Nous verrons donc débarquer sur les écrans deux films québécois autour de l’immigration, soit la comédie La Face cachée du baklava de Maryanne Zéhil et le drame Le Meilleur pays du monde de Ky Nam Le Duc. Aussi au menu, la comédie française Le Sens de la famille avec Franck Dubosc et Alexandra Lamy et trois romances filmiques : I’m your Man, After : la chute, Blue Bayou. Mais surtout, voici les dix films qui retiennent mon attention ce mois-ci.

1- Maria Chapdelaine : Pour la quatrième fois, le livre de Louis Hémon est transposé au grand écran, ici par Sébastien Pilote qui a porté une grande attention aux décors naturels du Lac-Saint-Jean et qui a pris soin d’engager pour le rôle principal une jeune actrice (Sara Montpetit) afin de se rapprocher de l’esprit du roman d’origine. Un film d’époque dont on attend la sortie depuis près d’un an.

2- Copshop (Descente au poste) : Le film d’action du mois. Un peu dans le même esprit que Assault on Precinct 13, ce drame sous tension met en scène la prise de force d’un petit poste de police. Une policière, un escroc et un tueur à gages vont s’y affronter. Le patibulaire Gerard Butler est au générique.

3- Délicieux : Cette comédie dramatique nous raconte le parcours véridique et singulier d’un cuisinier qui ouvrit le tout premier restaurant de l’histoire de la gastronomie française. Isabelle Carré donne ici la réplique à l’immense et talentueux Grégory Gadebois dans le rôle principal.

4- Malignant (Malfaisant) : L’un des nouveaux maîtres de l’horreur, James Wan (The Conjuring, Insidious), met en images les cauchemars violents d’une jeune femme qui voit s’incarner sous ses yeux un univers maléfique qu’elle pensait au départ fabulatoire. Cris de peur dans le noir au menu.

Malignant de James Wan.

5- The Eyes of Tammy Faye (Dans les yeux de Tammy Faye) : Inspiré par le documentaire éponyme sorti voilà vingt ans, ce drame biographique s’intéresse au point de vue de la conjointe du célèbre télévangéliste américain (et fraudeur devant l’Éternel) Jim Bakker. Jessica Chastain et Andrew Garfield interprètent le controversé tandem.

6- Sin La Habana : Cette coproduction entre le Québec et Cuba relate le rêve d’un couple de cubains, l’un danseur, l’autre avocate, de fuir leur pays vers l’Amérique du Nord. Dans ce but, le danseur séduira une montréalaise d’origine iranienne et tentera ensuite de faire venir au Canada son amoureuse. De l’exotisme, de la danse et plusieurs clashs culturels sont au menu de ce drame fort bien interprété.

7- The Card Counter : Le réalisateur Paul Schrader dirige Oscar Isaac, Tye Sheridan et Willem Dafoe dans ce récit où un ancien militaire, accro au poker, doit faire équipe avec un jeune homme pour exercer une vengeance envers leur ennemi commun. Les critiques parlent déjà de ce film comme possiblement l’un des meilleurs de l’automne.

Oscar Isaac dans The Card Counter.

8- Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings (Shang-Chi et la légende des dix anneaux) : Cette nouveauté Marvel est l’adaptation de la bande dessinée mieux connue sous le titre Maître du kung-fu. Le héros, un champion d’arts martiaux, doit affronter une organisation secrète reliée à son passé. Combats et effets spéciaux sont évidemment au menu du film.

9- Rumba Rules, nouvelles généalogies : Ce documentaire musical, cosigné par David N. Bernatchez et Sammy Baloji, est la curiosité du mois. Les réalisateurs nous plongent au cœur de la scène de la rumba congolaise de Kinshasa avec l’orchestre de Brigade Sarbati. Bref, c’est l’occasion idéale pour découvrir des artistes qui rythment la capitale de la République démocratique du Congo en faisant évoluer une surprenante tradition musicale.

10- Cry Macho (Le Chemin de la rédemption) : Maintenant âgé de 91 ans, Clint Eastwood ne lâche pas la patate et réalise un nouveau long métrage dans lequel il tient le rôle d’un ancien champion de rodéo qui doit ramener un adolescent auprès de son père qui se révèle aussi son ancien patron. Clash générationnel au programme.

Droit au filet!

Le film 5ème set se penche sur le retour inattendu en finale de tournoi d’un joueur de tennis de 37 ans, en fin de carrière. Ce long métrage français réalisé par Quentin Reynaud met en scène le personnage de Thomas, professionnel de la raquette qui, jadis, était considéré comme l’un des meilleurs espoirs de son pays. Lors d’un tournoi qu’il croit être son dernier, contre toute attente, Thomas se met à gagner ses matchs face à des adversaires bien mieux classés. Le cinéaste nous donne quelques détails entourant la réalisation de son film qui va bien au-delà du simple drame sportif.

Le Clap : Votre film nous présente des scènes de tennis épatantes visuellement et de plus très réalistes pour qui a déjà suivi le tennis à la télé. Mais avant d’aborder la façon dont vous avez tourné le tout, parlez-moi de votre distribution formée d’Alex Lutz, Kristin Scott Thomas et Ana Girardot dans les trois rôles principaux.

Quentin Reynaud : Alex qui joue Thomas, je l’ai choisi pour son âge et surtout pour son côté mélancolique à l’écran, car il a un petit quelque chose de Buster Keaton. Bien sûr, je savais qu’il avait le talent et la rigueur pour tenir ce rôle. Quand à Kristin Scott Thomas, elle interprète Judith la mère de Thomas. Elle avait la froideur anglo-saxonne qui convenait parfaitement et Dieu sait que peu importe le rôle qu’on lui offre, Kristin démontre toujours son immense talent. Enfin il y a Ana Girardot qui joue Ève, la femme de Thomas. Et Ana, pour moi, c’est une véritable découverte. Avant que ma caméra ne se pose sur elle, je n’avais jamais vraiment mesuré toute la finesse de son jeu. Elle mérite assurément de plus grands rôles au cinéma. Dans toutes ses scènes, elle était d’une grande justesse.

Quentin Reynaud, réalisateur.

Le Clap : Si le récit est centré sur le parcours de Thomas en tournoi, vos deux personnages féminins, Judith et Ève, ont une importance capitale dans le déroulement du film qui nous aide à bien saisir les travers de Thomas dans son parcours de joueur, de fils, de père, de mari.

QR : Tout à fait. Dès le début, c’était très important de mettre en évidence le rapport que Thomas entretient avec sa mère et avec sa famille comme père plutôt absent. Un joueur de tennis professionnel, comme Djokovic en ce moment, ce sont des soleils, tout le monde vit autour d’eux, mais le personnage de Thomas n’est pas une étoile, il est un joueur moyen, et sa cellule familiale peut remettre en question ses sacrifices. Thomas justifie difficilement tout ça avec sa famille et surtout avec sa mère. Là-dessus, je me suis inspiré de la relation entre Andy Murray et sa mère Judy qui l’a entraîné. Judith, est le mentor de Thomas. C’est l’enjeu du film ce rapport mère/fils. Il y a un déplacement qui s’opère petit à petit de l’antipathie qu’on a pour la mère qui va se diriger vers Thomas et qui participe à mieux saisir son parcours intérieur. À la maison, Thomas, c’est un bon père, mais il est dur avec son épouse qui pourtant le soutient et l’envie un peu à la fois, car c’est une ancienne joueuse qui a tout mis de côté pour sa vie familiale. C’est assez réaliste de la vie amoureuse dans le milieu sportif. Je voulais qu’on plonge dans une sorte de safari pour mieux voir comment ces animaux vivent entre eux.

Alex Lutz dans le rôle de Thomas.

Le Clap : Parlons des images! Le film repose sur de nombreuses scènes de joutes endiablées. On se doute que toute la mise en scène a dû faire l’objet d’une longue préparation d’un point de vue visuel et technique.

QR : Ça a été un gros travail préparatoire. On n’avait pas énormément d’argent pour tourner, alors on a beaucoup travaillé en amont. J’ai fait tout storyboarder les scènes et chacun des plans. On a fait la mise en images de la finale, de tous les coups échangés mais il fallait aussi, de façon plus intime, qu’on découvre ce qui se passe dans la tête de Thomas. Afin d’être proche du joueur dans un moment pareil, nous avons fait de nombreux plans rapprochés. Puis, pour l’action, à l’intérieur du terrain, tout était calculé. Il fallait repérer, cadrer et concevoir les plans comme si c’était en direct avec les doublures et réaliser le tout en seulement deux jours de tournage. Pour la finale, on a calqué tous les coups du match entre Andre Agassi et Marcos Baghdatis joué en 2006 au US Open. On a repris à l’identique plusieurs des séquences de ce match marquant de l’histoire du tournoi de New York, le dernier tournoi en carrière d’Agassi. Mes acteurs ont rejoué sept fois le match en entier. Le soir, je montais les images et le lendemain on reprenait le tournage pour terminer chacune des scènes. C’était millimétré et entièrement chorégraphié comme exercice. Le cadrage était aussi très important avec la foule. C’était un travail énorme de fabrication!

Le Clap : Vous estimez-vous satisfait du résultat au grand écran qui, pour le simple spectateur, est vraiment bluffant de réalisme?

QR : Assez oui. Techniquement, je voulais être irréprochable. J’ai été pointilleux du début à la fin et ça en valait la peine. J’ai fait vérifier l’ensemble des scènes de jeu par des professionnels. Alex avait une doublure pour frapper les balles, mais pour les plans rapprochés. Il faut souligner à quel point il a travaillé fort. Il fallait qu’il se rapproche le plus possible de la gestuelle d’un professionnel du tennis. Alors, par des petits gestes, en marchant, en attrapant les balles, en s’essuyant le visage, il a su capter le naturel d’un tennisman d’élite. Il a vraiment réussi à s’approprier le langage corporel et la posture du joueur de tennis.

Le Clap : En terminant, quels sont les films de sport que vous trouvez inspirants?

QR : Il y en a évidemment plusieurs. Pour moi, les drames sportifs reflètent parfaitement l’image que je me fais de la vie en général. C’est une vision de l’échec et de la réussite qu’ils nous montrent. L’acceptation de la défaite pour progresser, c’est ce qu’ils nous transmettent. Le film qui me touche le plus, vous ne serez pas surpris de mon choix, c’est Raging Bull de Scorsese, car il dépasse le simple film de sport. C’est un véritable drame social assorti d’une vraie mise en scène. Sinon, plus en lien direct avec mon film, j’irais pour le cinématographiquement puissant The Wrestler de Darren Aronofsky avec Mickey Rourke.

Cette entrevue a été réalisée sur invitation, dans le cadre de la 22e édition des Rendez-vous du cinéma d’UniFrance 2020, à Paris.

Les 10 films d’août 2021

Gros gros mois d’août en perspective. On verra arriver en salles Suicide Squad 2, la comédie québécoise Maria avec Mariana Mazza et le film d’animation tiré de la série télé pour enfants La Pat’ Patrouille. Aussi, le surprenant documentaire sur des prêtres ouvriers de Pointe-Saint-Charles, Les Fils, les films d’horreur Candyman et Don’t Breathe 2, le drame fantastique Reminiscence avec Hugh Jackman, l’histoire véridique d’un étalon de course intitulée Dream Horse avec Toni Collette et peut-être Flag Day de et avec Sean Penn. Ouf! Hormis tous ces titres, voici mes dix choix personnels en ce mois des lions.

1- OSS 117 : Bons baisers d’Afrique : Jean Dujardin enfile pour une troisième fois le costard de l’agent secret Hubert Bonisseur de La Bath dans une version réalisée cette fois-ci par l’humoriste Nicolas Bedos. Pierre Niney donnera la réplique à Dujardin en tant que OSS 1001 dans cette comédie aussi absurde qu’exotique. N.B. le titre en France est Alerte rouge en Afrique noire.

2- Free Guy (L’Homme libre) : Employé dans une banque, Guy, joué par Ryan Reynolds, découvre qu’il est en réalité un personnage de jeu vidéo. Cette comédie fantastique et estivale semble tout à fait prometteuse.

3- Respect : Avant son décès, la chanteuse Aretha Franklin a elle-même choisi Jennifer Hudson pour l’incarner dans ce drame musical biographique relatant son parcours incroyable à titre de reine de la soul music et du rhythm & blues.

4- Pleasure (Jessica) : Ce film nous propose d’entrer dans les coulisses du milieu de la porno par l’entremise d’une jeune Suédoise qui veut y faire carrière. Depuis sa présentation à Sundance, on ne dit que du bien de ce drame où, dans le rôle principal, la jeune actrice Sofia Kappel serait renversante.

5- Demonic : Neill Blomkamp, réalisateur du formidable District 9, récidive dans l’horreur surnaturel avec ce film présenté en grande première à la dernière Berlinale. La bande-annonce est à glacer le sang.

6- Live Story, chronique d’un couple : Film québécois qui pourrait devenir la surprise de l’été. Le drame se penche sur le père d’un jeune garçon, récemment séparé, qui vit sa crise de la quarantaine en tombant follement amoureux d’une femme qu’il avait perdu de vue, et ce, à travers les dédales de sa dépendance aux réseaux sociaux. Sébastien Ricard et Marilyn Bastien y sont en vedette.

7- Annette : Le nouveau et fort attendu long métrage de Léos Carax (Les Amants du Pont-Neuf) a récemment ouvert le Festival de Cannes. Marion Cotillard et Adam Driver sont les vedettes de ce drame mis en musique par le groupe Sparks.

8-Le Club Vinland : Le film a été retiré des salles trop rapidement à cause de la pandémie. Voilà qu’il reprend heureusement l’affiche. Assurément l’un des meilleurs films québécois de l’année.

9- Nine Days : Peu de choses transpirent de ce drame d’Edson Oda avec Bill Skarsgard (It) sinon que cette fable filmique tourne autour d’un homme dont la mission est d’assurer la gestion du processus de sélection des âmes appelées à s’incarner dans le corps des hommes sur Terre. On est très curieux.

10- Cinquième set : Les fans de tennis doivent voir ce drame sportif où un joueur trentenaire de bas du classement atteint de façon inattendue la finale d’un grand tournoi. Alex Lutz incarne à merveille cet athlète orgueilleux pris dans une relation toxique avec sa génitrice (jouée par Kristin Scott Thomas), inspirée par celle d’Andy Murray avec sa mère.

« Imperfectionnez-moi! »

Voilà un an, Le Guide de la famille parfaite devait prendre l’affiche. Pandémie oblige, c’est douze mois plus tard que le film réalisé par Ricardo Trogi et coscénarisé par Louis Morissette, François Avard et Jean-François Léger arrive enfin dans les salles québécoises et bientôt à l’international, résultat d’une entente de distribution mondiale avec Netflix.

Le long métrage, qui fait alterner les scènes dramatiques et comiques, explore l’anxiété de performance dans la société d’aujourd’hui en se faufilant dans le quotidien d’une famille recomposée. Louis Morissette joue le père d’une adolescente (Émilie Bierre) dont il exige autant la perfection artistique et sportive que scolaire. Ce papa poule a également un jeune garçon, Mathis (Xavier Lebel), qu’il a eu avec Marie-Soleil (Catherine Chabot), une femme qui désire plaire à tous avec un souci obsessionnel de perfection.

Originaire de Québec, Catherine Chabot a été vue au cinéma dans la comédie Menteur et à la télé dans la série Léo. Participant à la promo entourant la sortie du long métrage, elle a bien voulu nous dépeindre son personnage et les ambitions de ce film qui se penche sur un phénomène social fort actuel, l’anxiété de performance.

Catherine Chabot

Le Clap : Bonjour Catherine! Vous jouez Marie-Soleil…

Catherine Chabot : Bonjour Pierre. Avant, il faut que je vous dise, je viens de Québec et une chance qu’il y avait Le Clap. Ça a tellement été un lieu important pour moi, Le Clap m’a permis de voir des films d’un peu partout dans le monde.

Le Clap : (Rire) Bien. Voilà, c’est dit. Catherine, votre personnage dans le film en a beaucoup sur les épaules. Elle veut être parfaite comme mère, comme belle-mère et comme épouse. Même si l’histoire tourne à la base sur la relation difficile entre le père et sa fille, la description de l’anxiété de performance colle tout à fait à ce que vit votre personnage tout au long du film, non?

CC : Absolument. Quand j’ai eu le rôle, Louis et moi avons beaucoup discuté des instamoms. J’en ai suivi sur Instagram de ces mères parfaites, un peu artificielles, qui mettent leurs vies entières sur les réseaux sociaux. Marie-Soleil se met beaucoup de pression pour réussir son couple, être belle, fière de sa famille, réussir l’éducation de son fils, tout est là pour qu’elle craque éventuellement. Son problème d’anxiété se révèle par son désir d’élever son fils parfaitement et son obsession de performer aux yeux de tous dans la vie réelle et sur les réseaux sociaux. Elle a perdu sa boussole intérieure en voulant faire plaisir à tout le monde, en voulant être l’épouse parfaite et la mère idéale. Avec cette histoire, ces personnages, Louis Morissette nous tend un miroir et je crois sincèrement que beaucoup de famille vont se reconnaître là-dedans.

Émilie Bierre

Le Clap : Les deux enfants sont joués par le jeune Xavier Lebel et l’extraordinaire Émilie Bierre. Leurs rôles sont très importants, car c’est sur eux que se projettent les ambitions des parents. Émilie, vue dans Les Beaux Malaises, Une colonie et Les Nôtres, est à nouveau incroyable. Dans le cas de Xavier, il est haïssable pour mourir dans son rôle d’enfant roi totalement désagréable.

CC : Xavier est dans la famille de Louis, donc ça a été très facile durant le tournage de jouer avec lui. On a beaucoup ri lors de ses scènes. Il est brillant et très coquin. Émilie, elle, a une très grande sensibilité. Sur un plateau, elle traîne sa guitare. C’est une artiste à part entière. Son jeu dans chaque scène nous a jetés à terre. Elle a une grande intelligence émotive et dans le film, sa performance est percutante. Elle va faire pleurer tout le monde.

Le Clap : La promotion du Guide de la famille parfaite vous occupe beaucoup présentement mais sinon, à quoi ressemblera votre été?

CC : Je suis tellement heureuse que le film prenne enfin l’affiche après le report d’un an. Mon mariage aussi a été reporté, mais on a fait un bébé entre-temps, une petite fille qui a cinq mois et qui nous tient assez occupés merci cet été. Sinon, mon deuxième bébé, c’est mon prochain film. Dans les prochains jours, je me lance dans le tournage de la comédie Lignes de fuite que j’ai coscénarisée avec Émile Gaudreault et que je coréalise avec Miryam Bouchard.

Le Clap : En conclusion, quand on ira voir au cinéma Le Guide de la famille parfaite, que devra-on en retenir?

CC: Ce que le film nous dit, c’est que rien n’est plus intéressant que quelqu’un d’imparfait. Soyons imparfait et laissons-nous la possibilité de faire des erreurs dans la vie!

Le Guide de la famille parfaite, en salles dès le 14 juillet.

Les dix films à voir en juillet 2021

Louis Morissette et Catherine Chabot dans Le Guide de la famille parfaite.

Juillet sera le mois où le cinéma américain refera son apparition en salle et où notre attention sur les films à venir pour le reste de l’année sera en partie basée sur les échos que nous aurons du Festival de Cannes qui se déroula exceptionnellement du 6 au 17 juillet. Les divertissements familiaux seront nombreux à prendre l’affiche ce mois-ci. Notons Jungle Cruise, Space Jam 2: A New Legacy, Poly, Hotel Transylvania 4: Transformania, et The Boss Baby 2: Family Business. Plusieurs films de genre seront aussi offerts comme Escape Room 2: Tournament of Champions, The Forever Purge 5, Saint-Narcisse de Bruce LaBruce, le long métrage d’animation Josep ainsi que des productions internationales comme Il était une fois dans l’Est (Russie) et Les Z-Héros (Argentine). Voici en bref les dix films à voir ce mois-ci.

Ajout : KAAMELOTT – PREMIER VOLET : Le film sortira le 23 juillet au Québec, le distributeur MK2 | MILE END vient d’en faire l’acquisition dans le but de le sortir en salle ici. Excellente nouvelles pour les fans de la série française.

1- Le Guide de la famille parfaite : Après Le Mirage, Ricardo Trogi et Louis Morissette refont équipe pour nous offrir une comédie dramatique autour des attentes parfois trop élevées des parents envers leurs enfants. Catherine Chabot et Émilie Bierre sont aussi au générique.

2- Beans : Tracey Deer accouche d’un très beau film dont l’action se situe pendant la crise d’Oka en 1990. Beans, c’est une jeune Mohawk qui désire être acceptée des autres adolescents de la réserve. Autour d’elle, sa jeune soeur, un père engagé et une mère enceinte qui veut l’inscrire dans une école privée pendant que la tension monte entre les Autochtones et la SQ.

3- Stillwater : Dans ce film d’action, Matt Damon joue un foreur de pétrole américain qui se retrouve à Marseille pour libérer sa fille accusée à tort de meurtre.

4- The Green Knight (Le Chevalier vert) : Drame fantaisiste dans lequel Dev Patel plonge dans l’univers médiéval et revisité des chevaliers de la Table ronde et du roi Arthur.

The Green Knight avec Dev Patel.

5- Sam : Yan England dirige Antoine Olivier Pilon dans ce suspense sportif relatant le drame que vit un jeune nageur d’élite. Stéphane Rousseau donne la réplique au jeune et talentueux comédien.

6- Black Widow : Le blockbuster du mois met en vedette Scarlett Johansson à nouveau dans le rôle de l’héroïne de l’univers Marvel, personnage vu à plusieurs reprises chez les Avengers.

7- Snake Eyes: G.I. Joe Origins (Snake Eyes) : Le film d’action et de combats de l’été se déroulant au pays des ninjas. Henry Golding, vu notamment dans Crazy Rich Asians, joue le Snake Eyes en question dans ce troisième long métrage tiré de l’univers des figurines G.I. Joe.

8- Mandibules : La comédie la plus absurde de l’année. Quentin Dupieux nous plonge dans le quotidien de deux ratés sympathiques qui adoptent une mouche géante et s’entêtent à vouloir la domestiquer. Adèle Exarchopoulos, en survivante d’une commotion, est ici admirablement comique.

9- Seize printemps : Suzanne Lindon (fille de Vincent Lindon et de Sandrine Kiberlain) réalise ce film léger comme une brise d’été et centré sur une adolescente (qu’elle incarne avec naturel) qui tombera amoureuse d’un jeune comédien. Avec une touche de poésie, le film rappelle l’esprit de L’Effrontée ou de La Petite Voleuse avec Charlotte Gainsbourg.

10- Old : Adapté d’une formidable BD (Château de sable), ce film fantastique met en vedette Gael García Bernal et nous raconte comment un groupe de plagistes se retrouve piégé au bord de la mer, eux qui l’instant d’une journée se verront vieillir prématurément au gré des heures qui passent. M. Night Shyamalan réalise le tout.

Les films québécois à venir en 2021

Sylvain Marcel et Valérie Lemercier dans Aline.

La pandémie n’a qu’à peine réduit le nombre de tournages au Québec. Les films ont continué de se produire, mais dans des conditions plus difficiles compte tenu des normes sanitaires en vigueur sur les plateaux de tournage. De nombreux titres s’apprêtent à prendre l’affiche dans les 6 prochains mois, des longs métrages récemment tournés ou encore dont les sorties en salle furent reportées à cause des fermetures des cinémas de la province. Voici un survol rapide des films de fiction québécois qui prendront l’affiche d’ici la fin de l’année avec des dates prévisionnelles qui sont évidemment sujettes à changement.

Juillet : Ricardo Trogi nous offrira la comédie dramatique Le Guide de la famille parfaite avec Louis Morissette et Émilie Bierre. Nous pourrons aussi voir le film de genre Saint-Narcisse de Bruce LaBruce, le suspense sportif Sam réalisé par Yan England avec Antoine Olivier Pilon et le fort touchant Beans de Tracey Deer qui revient sur la crise d’Oka de 1990 à travers les yeux d’une adolescente.

Août : Au menu, la comédie La Face cachée du baklava, l’adaptation de la pièce Babysitter réalisée par Monia Chokri, le drame animalier tourné en Mauricie Le Loup et le lion, le drame Live Story avec Sébastien Ricard, la comédie Maria coscénarisée par Mariana Mazza et qui y tient le premier rôle, le film de zombies Brain Freeze avec Roy Dupuis, et le retour en salle du Club Vinland, avec Sébastien Ricard.

Septembre : En salle débarqueront le drame fantastique La Contemplation du mystère, Bootlegger de Caroline Monnet qui se déroule dans une réserve dans le Nord, Le Meilleur Pays du monde réalisé par Ky Nam Le Duc, la nouvelle version très attendue de Maria Chapdelaine concoctée par Sébastien Pilote, Les Oiseaux ivres d’Ivan Grbovic avec Claude Legault qui s’attarde au sort des travailleurs étrangers au Québec et pourraient Tu te souviendras de moi avec Rémy Girard, Il n’y a pas de faux métier d’Olivier Godin, Yankee de Stéphan Beaudoin, Archipel le nouveau film d’animation de Félix Dufour-Lapperrière, les coproductions A Brixton Tale, Memory Box et Best Sellers, sans oublier la comédie française Trois fois rien de Nadège Loiseau avec Antoine Bertrand.

Octobre, novembre et décembre : Au dernier trimestre, nous irons voir le nouveau Luc Picard intitulé Confessions, La Révision avec Patrice Robitaille qui sera aussi au générique de la comédie réalisée par Ken Scott Au revoir le bonheur, L’Arracheuse de temps de Fred Pellerin mis en images par Francis Leclerc, la très attendue coproduction Aline, inspirée de la vie de Céline Dion de et avec Valérie Lemercier et, aussi coproduit, The Power of the Dog réalisé par la grande Jane Campion.

Pour 2022, la liste est aussi longue avec Je suis Arlette de Mariloup Wolfe, l’adaptation du livre de Romain Gary Chien blanc par Anaïs Barbeau-Lavalette, La Bataille de Farador tourné à Québec par Édouard A. Tremblay, Au nord d’Albany de Marianne Farley, Motherhood de Meryam Joobeur, Testament de Denys Arcand, l’adaptation du roman Le Plongeur par Francis Leclerc, l’adaptation de la pièce Lignes de fuite par Miryam Bouchard et Les Jours heureux de Chloé Robichaud. Notons que plus de 80 autres projets de films de fiction québécois ont présentement obtenu du financement (scénarisation/production) des gouvernements fédéral et/ou provincial. Une quarantaine de fictions locales prennent l’affiche au cinéma annuellement au Québec.