Coup d’oeil sur la rentrée et septembre vu en 10 titres

La rentrée cinéma sera une fois de plus emballante cet automne. D’ici le 1er décembre, mois des films oscarisables, près de 70 films débarqueront sur nos écrans à Québec. Du côté québécois, nous aurons droit notamment aux adaptations de La Petite Fille qui aimait trop les allumettes et de Pieds nus dans l’aube. Peut-être aussi aux nouveautés signées par Xavier Dolan et Kim Nguyen, toutes deux tournées en anglais. Chez nos voisins du sud, nous verrons débarquer Bryan Cranston dans Last Flag Flying, Johnny Depp dans Murder on the Orient Express, Benedict Cumberbatch dans The Current War, Jessica Chastain dans Molly’s Game, Emma Stone dans The Battle of the Sexes et Julianne Moore dans Wonderstruck pendant que le troisième volet des aventures de Thor et le premier de la Justice League tenteront de rassembler les amateurs de superhéros.

À l’international, on voudra voir la sensation cannoise 120 Battements par minute, le film d’animation La Passion de Van Gogh, L’Amant double de François Ozon et le biopic sur la chanteuse Barbara mis en scène par Mathieu Amalric. Enfin, il y aura aussi au menu The Square (du Suédois Ruben Ostlund) avec Elisabeth Moss, The Killing of the Sacred Deer (du Grec Yorgos Lanthimos) avec Nicole Kidman, The Snowman adapté de Jo Nesbo avec Michael Fassbender, Call Me by Your Name du talentueux cinéaste italien Luca Guadagnino et la vie de Marie-Madeleine portée au grand écran avec Rooney Mara dans le rôle-titre. Ah oui, avec tout ça, j’allais oublier le lancement d’un petit long métrage de science-fiction, Blade Runner, la suite, réalisé par un certain Denis Villeneuve, un incontournable qui atterrira sur nos écrans début octobre.

D’ici là, pour patienter, voici les dix longs métrages à ne pas manquer en septembre :

Retour en Bourgogne (Ce qui nous lie) : En traversant l’Atlantique, le nouveau film de Cédric Klapisch a changé de titre. Il nous raconte l’histoire de deux frères et d’une sœur, tous chargés de reprendre en main le vignoble familial. À voir en sirotant un verre de rouge!

Mother!  (Mère!) : Darren Aronofsky plonge dans le thriller avec ce long métrage anxiogène tourné à Montréal et regroupant au générique Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle Pfeiffer et Ed Harris. La bande-annonce est mystérieuse et inquiétante.

It (Ça) : Les rumeurs sont des plus positives pour cette seconde adaptation du roman de Stephen King, récit qui a marqué toute une génération sinon plusieurs. Ceux qui sont allergiques à l’image cauchemardesque du clown doivent s’abstenir. Définitivement, LE film d’horreur à voir cet automne.

Les Rois mongols : Ici, Luc Picard adapte pour le cinéma le roman jeunesse de Nicole Bélanger et nous amène sur la route avec des adolescents téméraires en fugue, tout ça sur fond de crise d’Octobre et de chanson de Marc Hamilton.

Et au pire, on se mariera : Le roman de Sophie Bienvenu était formidable. On s’attend donc à beaucoup du film qui en découle, réalisé par Léa Pool, mettant en vedette Sophie Nélisse dans le rôle d’une adolescente qui se voit déjà comme une adulte, amoureuse passionnée et trop intense.

  • Kingsman: The Golden Circle (Le Cercle d’or) : Le premier a connu un succès surprise mondial. La bande-annonce de cette nécessaire suite est dynamique à souhait. Un film d’action destiné à tous les publics et coloré d’un humour à l’anglaise tonifiant. On y sera!
  • Beach Rats (Bums de plage) : Voici un récit troublant dont les images et les personnages restent en mémoire. L’histoire est celle d’un jeune de Brooklyn qui passe ses journées à glander avec ses copains, surfant sur Internet le soir puis se baladant sur la plage la nuit à la recherche de sensations fortes. On pense à Beau Travail de Claire Denis et aux premières œuvres de Gregg Araki.

American Assassin (Assassin américain) : Mitch Rapp est un agent de la CIA recruté et entraîné spécialement pour contrecarrer le mystérieux Ghost et sa menace nucléaire. Dylan O’Brien et Michael Keaton font équipe dans ce thriller d’espionnage haletant réalisé par Michael Cuesta.

La Ferme et son État : Plusieurs documentaires sortiront ce mois-ci dont Rumble: The Indians Who Rocked the World, Et les mistrals gagnants et La Résurrection d’Hassan. La Ferme et son État, réalisé par le peintre et romancier Marc Séguin, nous amène à repenser l’agriculture et l’élevage de demain. Une œuvre essentielle qui, peut-on l’espérer, provoquera un virage à 180 degrés de nos façons de faire.

Battle of the Sexes (La Guerre des sexes) : Emma Stone et Steve Carell enfilent les uniformes de champions du tennis qui se sont affrontés au milieu des années 70. Une comédie dramatique autour du féminisme et du plus beau des sports de raquette.

Que vaut un billet de cinéma ?

Un récent texte du site Internet spécialisé IndieWire relançait le débat sur le prix du billet de cinéma. Cette fois-ci, l’angle abordé était celui du prix pour voir un blockbuster hollywoodien par rapport à celui pour un film indépendant ou d’auteur. La question se pose mais le débat devrait ratisser plus large, car beaucoup d’éléments entrent en ligne de compte.

Actuellement, l’argent demandé pour un billet est grosso modo redistribué entre le producteur, le distributeur et le diffuseur d’un film. Il y a aussi les taxes qui sont comptabilisées. Un producteur investit de l’argent pour qu’un film voie le jour. Puis, un distributeur lui assure une visibilité dans un certain nombre de salles et de villes. Le diffuseur, lui, est le propriétaire des salles où on projette le film en question. À titre d’exemple, à Québec, Le Clap et l’Odéon sont des diffuseurs.

Actuellement, il y a déjà bien souvent une différence de prix notable pour voir un film américain à grand déploiement comparé à un film québécois ou étranger. De façon presque systématique, en soirée, on impose le coût de la technologie 3D et des lunettes cheap qui vont avec lors de l’achat d’un billet pour voir un blockbuster rempli d’effets spéciaux, et ce, même si le long métrage n’a pas été filmé en 3D et qu’il ne profite que d’effets de profondeur et de relief ajoutés en postproduction. Un bonus qui ne séduit présentement personne.

Il faut également se poser la question suivante. Un film qui a coûté moins cher à produire doit-il se vendre moins cher une fois rendu en salle? Si oui, à l’inverse, exiger un prix plus élevé pour voir les grosses productions serait vu comme une forme de taxes à effets spéciaux. Est-ce logique, voire acceptable? Dans l’industrie du spectacle musical, oui. La politique est déjà en place et on a pu remarquer un bon spectaculaire du prix des billets pour les mégashows, et ce, depuis plusieurs années alors qu’à l’inverse, le prix du billet de cinéma a peu augmenté durant les trois dernières décennies.

Une sortie au cinoche demeure encore l’une des plus abordables comparée à une sortie pour un concert, une partie de hockey ou une pièce de théâtre. Au cinéma, le stationnement est presque assurément gratuit, du moins à Québec et Lévis. Le seul bogue côté portefeuille, c’est bien l’achat de l’inévitable et onéreux combo familial pop-corn-liqueur-sucrerie. Il faut aussi dire que la réflexion entourant le coût d’une sortie au cinéma prend peu à peu une autre direction, soit celle d’une carte d’abonnement. Au Québec, Le Clap fait figure de précurseur de ce côté avec l’Abonne-Clap et on voit l’idée faire du chemin tranquillement chez nos voisins du sud. Un abonnement annuel, valide dans la plupart des cinémas chez l’oncle Sam ramènerait-il une clientèle égarée? C’est du moins un modèle qui en séduit plus d’un au sein de l’industrie qui, il ne faut se le cacher, fait présentement de l’urticaire face au développement de marché à l’échelle mondiale de Netflix. À suivre.

Août 2017 en 10 films

A Ghost Story avec Casey Affleck.

On n’aperçoit aucun réel nouveau « blockbuster »sur le radar pour le mois d’août. Toute la place est laissée à des œuvres plus singulières, au cinéma indépendant américain, aux productions étrangères ou à d’autres plus marginales dans leur facture. Et c’est tant mieux! Donc, à venir sous le signe du lion, des réalisations signées par Bigelow, Soderbergh, Kusturica, Robert Morin, etc. Alléchant programme de fin d’été.

1-A Ghost Story (Une histoire de fantôme) : Voilà un drame fort intrigant mettant en vedette Casey Affleck (Manchester By The Sea) et Rooney Mara (Carol). Bien qu’associé au cinéma d’horreur fantastique de par sa thématique, il semble que ce film onirique se distingue agréablement par son regard sur le temps qui passe et notre rapport à l’univers.

2-Detroit : Après s’être intéressée à la guerre et au terrorisme, Kathryn Bigelow nous plonge à Detroit en 1967 pour reconstituer un événement sombre de la récente histoire des États-Unis, celle des funestes émeutes raciales survenues dans la ville de l’automobile. En résulte un film sous tension, et ce, durant 2h20, et dont le coeur est constitué d’une heure insoutenable où règne l’abus de pouvoir de quelques cruels policiers hors de contrôle. Incontournable !

3-On The Milky Road (L’Amour et la paix) : On attend depuis longtemps le grand retour au cinéma d’Emir Kusturica (Le Temps des Gitans, Underground). Sera-ce le cas avec cette nouvelle offrande centrée sur une histoire d’amour en période de guerre ? En vedette, Monica Bellucci et le cinéaste serbe dans les deux premiers rôles, et des images teintées de réalisme magique sur fond de décors balkaniques, musique exotique à l’appui, qui nous font déjà saliver.

4-The Dark Tower (La Tour sombre) : Ça fait un bail qu’on parle de l’éventuelle adaptation de cette saga littéraire signée Stephen King. C’est maintenant chose faite. Matthew McConaughey et Idris Elba se trouvent au cœur de ce western fantastico-apocalyptique tourmenté. On est curieux du résultat.

5-Good Time : La rumeur cannoise est unanime : voici un thriller exécuté de main de maître par les frères Safdie. Un polar qui débute par un braquage, qui tourne mal et qui sera suivi d’une nuit d’insomnie shootée aux rebondissements de toutes sortes. Robert Pattinson y trouve son meilleur rôle à vie, selon les critiques.

6-The Glass Castle (Le Château de verre): Du côté des drames intimistes à saveur biographique, on aurait pu aussi opter pour Menashe. The Glass Castle, lui, relate les souvenirs de Jeannette Walls (Brie Larson), une Américaine qui a vécu de façon nomade son enfance, entourée de parents (Naomi Watts et Woody Harrelson) bohèmes excentriques, aussi endettés qu’immatures.

7-Sage Femme : Il y a évidemment deux bonnes raisons d’aller voir ce film de Martin Provost (Séraphine) : Catherine Deneuve et Catherine Frot, deux des meilleures actrices françaises. La première joue l’ex-belle-mère qui revient subitement dans la vie de la seconde, fille de l’homme qu’elle avait quitté sans crier gare. Plaies ouvertes non cicatrisées, non-dits et surtout, une qualité de jeu remarquable de la part des Catherine, sont le cœur et l’âme de cette œuvre sincère et touchante.

8-Logan Lucky (Le Destin des Logan) : J’adore quand Steven Soderbergh nous concocte une œuvre à mi-chemin entre le film de genre et la comédie et qu’il y insère son lot de gueules patibulaires. Dans ce registre, Daniel Craig est ici méconnaissable en tête brûlée sortie de prison. Voilà un polar estival barjo sur fond de course NASCAR.

9-La Confession : Après le troublant Made in France, portant sur le djihadisme, Nicolas Boukhrief nous arrive avec sa propre version de Léon Morin, prêtre, roman déjà adapté au cinéma en 1961 par Jean-Pierre Melville. Romain Duris et Marine Vacth se donnent la réplique dans ce drame historique où une passion refoulée nourrit un récit se déroulant (encore) sous l’Occupation.

10-Le Problème d’infiltration : Robert Morin aime quand ça grafigne. Dans sa nouvelle réalisation, le cinéaste met en scène Christian Bégin (formidable et inquiétant) dans le rôle d’un chirurgien égoïste, sur le fil du rasoir, lui qui en 24 heures verra son petit royaume se désintégrer peu à peu. Voilà un film dur, provoquant et acerbe, qui tape fort sur l’image du parvenu contrôlant dont la réussite et le bonheur ne tiennent qu’à un fil.