Les cinquantièmes hurlants.

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Rencontrée récemment à Paris, Anne Villacèque parlait avec beaucoup d’enthousiasme de son plus récent long métrage, Week-ends, un film abordant la rupture amoureuse avec autant de sérieux que d’humour. Coscénarisé avec la réalisatrice Sophie Fillières (Aïe, Gentille), ce quatrième film d’Anne Villacèque est son premier distribué au Québec. Dans un décor champêtre bordé par la mer, Week-ends raconte les aléas amoureux de deux couples dans la cinquantaine, amis et voisins de fin de semaine. L’un, formé par Karin Viard et Jacques Gamblin, se sépare dans la douleur, l’autre, composé de Noémie Lvovsky et Ulrich Tukur, devient le témoin privilégié de cette douloureuse rupture conjugale.

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La réalisatrice Anne Villacèque

De façon aussi franche que candide, Anne Villacèque avoue aimer filmer les conflits familiaux ou passionnels, des univers où elle se sent très à l’aise comme créatrice, dira-t-elle. « Le quotidien qui fait mal, les névroses familiales, là où il y a de la folie, tout ça m’inspire beaucoup. Et Sophie, ma coscénariste, m’a beaucoup aidée à plonger dans ce drame conjugal, à dire des choses plutôt sombres, mais de façon moins frontale, rendant mon histoire moins dramatique dans le ton que si je l’avais écrite en solo. Avec Week-ends, je désirais aborder des choses personnelles que j’avais vécues, même si ce n’est pas purement de l’autofiction. Si j’ai à m’identifier à un personnage, ce serait à celui de la maîtresse, donc un rôle très secondaire car, dans mon film, on  analyse surtout la situation des deux couples de l’intérieur. Puis, on se retrouve face à une situation scandaleuse, intenable, qui sert à démontrer pourquoi les choses ne sont pas si simples que ça dans la vie. Mon film illustre à quel point c’est difficile d’être en couple à 50 ans », d’affirmer la cinéaste.

S’il y avait un défi dans son film, c’était bel et bien celui de réussir à faire alterner le drame et la comédie dans un récit, rempli de malaises, qui aurait pu devenir pathétique mais qui, au contraire, donne de l’élan à l’ensemble. La distribution compte pour beaucoup dans la réussite de Week-ends. Jacques Gamblin (Le Nom des gens) incarne avec beaucoup de fragilité l’homme qui amorce la rupture. Ulrich Tukur (La Vie des autres) offre une présence formidable en jouant le voisin aussi discret que posé. Face à eux, l’explosive Karin Viard (Les Invités de mon père) en épouse éconduite et Noémie Lvovsky (Camille redouble) en amie émotive prennent beaucoup de place. La réalisatrice ajoutera : « Mes deux comédiennes sont presque masculines, elles sont très fortes, et c’était amusant de les mettre ensemble. Dès lors, en contrepartie, ça m’a permis de mettre deux hommes plus délicats autour d’elles ». Bien que sa carrière soit encore toute jeune, Anne Villacèque est heureuse de son parcours dans le cinéma français. Elle avoue cependant que pour une femme, en France, construire une œuvre cinématographique ou encore profiter d’un gros budget de réalisation, c’est beaucoup plus difficile que pour un homme. « Dès qu’un projet est ambitieux, on semble préférer l’offrir à un réalisateur, on ne nous fait pas assez confiance. Et l’enjeu actuel, pour les femmes cinéastes, il se situe sur ce terrain-là présentement en France »,  de conclure la réalisatrice.

Les frais de ce voyage ont été payés par UniFrance.