Samba, la danse des sans-papiers

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Lancé en 2011, Intouchables (avec Omar Sy et François Cluzet) est devenu le deuxième plus grand succès de l’histoire du cinéma en France derrière Bienvenue chez les Ch’tis. Le film a été vu sur grand écran par presque 20 millions de Français, et battant aussi Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain comme production française la plus vue à l’étranger.

Le tandem de réalisateurs derrière Intouchables, Olivier Nakache et Éric Toledano, lançait l’automne dernier leur très attendu nouveau film intitulée Samba. Si cette nouvelle collaboration, leur cinquième, joue de nouveau le jeu de la comédie, elle flirte aussi avec les codes du drame socialement engagé, mais avec comme toile de fond une romance, qui, elle est aussi drôle que touchante. Le long métrage raconte le parcours d’un immigrant (Omar Sy) cherchant à faire régulariser sa situation qui tombe amoureux d’Alice (Charlotte Gainsbourg), une travailleuse chargée de lui venir en aide. Du même coup, il se liera d’amitié  avec l’iconoclaste Wilson (Tahar Rahim) avec lequel il partagera des petits boulots parfois ingrats, mal rémunérés et bien souvent réservés aux étrangers sans papiers.

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Toledano, Sy, Rahim et Nakache

Rencontré à Paris pour la promotion de la sortie québécoise de Samba, le coréalisateur Olivier Nakache avouait qu’il aurait été facile pour les cinéastes de se laisser tenter et de faire un Intouchables prise 2. À juste titre, le risque de décevoir ou de se répéter en prenant cette direction aurait été grand et hasardeux, mais, surtout, le désir d’aller voir ailleurs était plus fort que tout pour le duo. « Nous voulions aborder l’univers des immigrants illégaux en France, mais pas seulement à travers la comédie. Surprendre le public et leur faire découvrir un univers trop peu connu des Français. Omar Sy, lui, il a sauté avec nous dans l’aventure et nous a fait totalement confiance. Faut dire qu’entre nous trois, c’est l’osmose parfaite », de préciser Nakache.

Basé sur un roman (Samba pour la France) de Delphine Coulin, plus sombre que le film qui en découle, Samba selon Olivier Nakache bénéficie du cocktail drame-comédie-romance en rendant tout le contexte social plus fort à l’écran. « Le danger, c’était de faire de ce milieu une caricature, c’est un sujet trop complexe et émotionnel pour dire n’importe quoi. Alors on a fait très attention, nos recherches ont été longues, et ce, afin d’être respectueux de la réalité de ces gens, de ces immigrants illégaux qui vivent d’espoir, mais avec la peur au quotidien d’être renvoyés dans leur pays d’origine. En même temps, leur milieu de vie, personnel, ou au travail, et celui des gens qui les aident sont vraiment propices à la comédie. Ce sont des lieux où les cultures se mélangent et c’est très inspirant ». À ce titre, la scène où Samba quitte le centre de détention avec l’ordre de retourner dans son pays et que ce même centre soit situé à quelques centaines de mètres de l’Aéroport Charles-de-Gaulle peut sembler surréaliste, mais elle est des plus véridiques.

La fin de cette discussion avec Olivier Nakache bifurquera avec raison sur les événements tragiques survenus à Paris et reliés aux caricatures de Charlie Hebdo contre l’Islam. Lassana Bathily, le héros malien du supermarché casher qui avait aidé des clients juifs à se cacher du djihadiste Amedy Coulibaly s’est vu accorder la naturalisation par les autorités françaises en guise de reconnaissance pour son acte de bravoure. Bathily, comme Samba, était un étranger en situation irrégulière. Le réalisateur y voit une belle coïncidence. «Oui, l’histoire de Bathily serait un formidable sujet de film. De plus, pour moi, tout ça aide à comprendre que les sans-papiers, ce ne sont pas eux les terroristes. Les terroristes, c’étaient des Français, nés en France. Les sans-papiers, eux, ils sont trop occupés à survivre, ils bossent sans arrêt et, comme Bathily, ils sont bien souvent très ouverts sur le monde! »