Films québécois en rafale

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Les Loups, réalisé par Sophie Deraspe

Lorsqu’on examine attentivement le calendrier des sorties en salle, on peut facilement conclure qu’on surnage dans les productions québécoises actuellement. Même les événements autour de notre cinéma en février et mars sont nombreux : 17e Soirée des Jutra le 15 mars prochain, les Rendez-vous du cinéma québécois, Regard sur le court métrage au Saguenay, etc.

Bref, des longs métrages québécois de fiction, bon an mal an, il y en a 35 qui sont distribués en salle. Ces films sortent durant les mois de février, mars et avril; puis, après une pause estivale, on lance le reste de notre production en septembre, octobre et novembre. Six mois sont disponibles pour lancer 35 longs métrages. Vendredi passé, Elephant Song de Charles Binamé, mettant en vedette Xavier Dolan, et Le Scaphandrier, un film de zombies d’Alain Vézina, ont pris l’affiche en même temps. Vendredi prochain, ce sera le tour de la plus récente réalisation de Sophie Deraspe, Les Loups, de l’adaptation du roman d’Amélie Nothomb Tokyo fiancée, avec Julie Le Breton, et d’Autrui signé Micheline Lanctôt. Suivront en mars Chorus, Gurov & Anna et La Passion d’Augustine, puis en avril, Noir, Corbo et le second volet des aventures d’Aurélie Laflamme. Tout ça, bien sûr, sans compter sur les lancements de quelques documentaires et sur le nouveau François Girard tourné aux États-Unis, Boychoir, qui sortiront tous également durant cette même période de huit semaines.poster_110

Loin de moi l’idée de dire qu’il y a trop de films québécois en salle. La réalité, d’ailleurs, c’est qu’ils sont plutôt noyés par la marée de films américains monopolisant nos écrans. Mais, il est cependant intéressant de constater, sans étude exhaustive, que la distribution de nos longs métrages gagnerait à être mieux répartie tout au long de l’année, histoire d’éviter toute cannibalisation possible. Et ce, même si souvent, deux productions québécoises sortant simultanément, ne se destinent pas au même public. Elephant Song et Le Scaphandrier en sont de beaux exemples. La visibilité totale d’un film québécois et sa campagne publicitaire peuvent cependant souffrir d’avoir un concurrent de la même origine; l’espace donné par les médias écrits et électroniques pour notre cinéma étant restreint.

Il faudrait donc miser sur des sorties échelonnées sur douze mois et non sur six. Par exemple, pourquoi bouder la saison estivale? Hormis les réalisations de Ricardo Trogi et les comédies très grand public, nos films sont totalement absents du calendrier de l’été, de mai à août. Pourtant, si des personnes veulent voir autre chose que « Transformers 9 », l’occasion serait idéale pour eux de se rabattre avec plaisir et curiosité sur du cinéma québécois plus intime, plus audacieux ou plus rapproché de leur réalité culturelle.

La réflexion serait souhaitable de la part des distributeurs, qui, aux yeux du grand public, pourraient paraître frileux. D’ici à ce que la situation change, faites vos choix entre les plus récentes œuvres de Léa Pool, François Girard, François Delisle, Rafaël Ouellet et Cie. Ils sortiront parfois trop discrètement dans les prochaine semaines. Et passons le mot! Car bien que nombreux, ces films, bons ou mauvais, n’ont pas la visibilité et le budget publicitaire de nos voisins du Sud. Ce serait dommage de passer à côté simplement parce qu’on ignore qu’ils prennent l’affiche, et ce, les uns à la suite des autres dans une possible indifférence. C’est là la nature même du combat qui se joue dans nos salles présentement.

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Un cinéaste aux 3 coeurs

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Charlotte Gainsbourg et Benoît Poelvoorde dans 3 Cœurs

Poussé par une campagne de promotion titanesque, 50 Shades of Grey vient de prendre l’affiche la fin de semaine de la Saint-Valentin. Au même moment, plus discrètement, un autre film sur la rencontre amoureuse atterrit aussi sur nos écrans, soit 3 Cœurs réalisé par le Français Benoît Jacquot. Le cinéaste, rencontré récemment à Paris à l’occasion de la promotion entourant la sortie de son long métrage au Québec, a un parcours très particulier, alternant les projets intimistes, les films d’époque et les drames conjugaux contemporains. Si son nom n’est pas le plus connu parmi les réalisateurs de l’Hexagone, ses œuvres, elles, finissent presque toujours par être distribuées dans nos salles, appuyées par des critiques élogieuses.

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Benoît Jacquot, réalisateur

Jacquot, âgé de 68 ans, a tourné son premier long métrage en 1975;  depuis, ses réalisations dont Sade, Villa Amalia et Les Adieux à la reine ont fait le tour du monde, rassemblant un petit public de fidèles, adeptes de sa démarche d’auteur qui aime beaucoup placer la femme au centre de ses récits. Pour 3 Cœurs, son 21e film, il a choisi de mettre un homme au cœur de son histoire, un personnage écartelé entre deux femmes qui sont aussi sœurs, un être tiraillé par l’amour joué dans un contre-emploi par le Belge Benoît Poelvoorde.

En entrevue, Jacquot avoue qu’il avait envie depuis longtemps de travailler avec Poelvoorde,  précisant que l’acteur s’engage toujours intensément dans un film, aussi bien physiquement que psychologiquement. Était-il à même de bien contrôler cet acteur reconnu pour ses excès? « Benoît, c’est effectivement un comédien dangereux pour lui-même et pour les autres. C’est comme un dément, un fou qui se livre à son délire devant la caméra. Dès lors, son metteur en scène devient un peu son psychiatre », répondra le réalisateur l’œil moqueur. « Au-delà de la personnalité de Benoît, le défi avec ce film, c’était de réunir au tournage Poelvoorde, Gainsbourg, Mastroianni et Deneuve, car leurs agendas ne sont pas simples. Mais eux, ils se réjouissaient vraiment d’être réunis dans ce projet. La connivence a été immédiate », de dire Jacquot.

Avec 3 Cœurs, Benoît Jacquot ne voulait pas refaire un film d’époque avec un éclairage à la chandelle, mais bien un film qui parle de ce qui se passe maintenant et où les malentendus prennent des formes contemporaines, avec un personnage central 012839 masculin. « Ce qui me passionne, ce sont les malentendus entre les gens, dans l’amour, l’amitié, encore plus aujourd’hui alors que nos moyens de communication sont censés nous aider. Moi, je crois, au contraire, qu’ils accentuent nos problèmes à bien communiquer, à bien se comprendre ».

Quand on lui souligne sa propension à diriger des actrices plutôt que l’inverse, il précise : « Filmer principalement un homme plutôt qu’une femme a sûrement modifié ma mise en scène. Je ne m’approche jamais d’un acteur masculin comme je m’approche d’une actrice. Ce n’est pas le même vœu de séduction. On est toujours un peu amoureux de son actrice. Pour un type comme moi en tout cas ! Avec un comédien, c’est plus affectueux, amical, ça relève davantage de la complicité, donc l’approche est très différente. Mais vous savez, les acteurs aussi veulent séduire les metteurs en scène. Le cinéma, ça fonctionne au charme, pour les acteurs et pour les actrices, et toujours dans ce lien unique développé avec celui qui se trouve derrière la caméra. Mais mon érotisme personnel, disons, ne me met pas dans le même état quand je filme une actrice ou un acteur ».

Benoît Jacquot continue de tourner à un rythme effréné. Il présentait récemment à Berlin Le Journal d’une femme de chambre, sa plus récente réalisation dont la sortie est prévue au Québec en avril prochain. Léa Seydoux interprète le rôle principal dans cette version du roman d’Octave Mirbeau déjà transposée au cinéma par Bunuel avec Jeanne Moreau, en 1964. Quand on lui fait remarquer qu’il ne semble prendre aucune pause entre deux tournages, passionné, Benoît Jacquot conclut l’entretien par cette phrase: « Les vacances pour moi, ça incarne le vide, et pour moi le vide, c’est un gouffre ».

Les frais de voyage ont été payés par UniFrance.

Samba, la danse des sans-papiers

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Lancé en 2011, Intouchables (avec Omar Sy et François Cluzet) est devenu le deuxième plus grand succès de l’histoire du cinéma en France derrière Bienvenue chez les Ch’tis. Le film a été vu sur grand écran par presque 20 millions de Français, et battant aussi Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain comme production française la plus vue à l’étranger.

Le tandem de réalisateurs derrière Intouchables, Olivier Nakache et Éric Toledano, lançait l’automne dernier leur très attendu nouveau film intitulée Samba. Si cette nouvelle collaboration, leur cinquième, joue de nouveau le jeu de la comédie, elle flirte aussi avec les codes du drame socialement engagé, mais avec comme toile de fond une romance, qui, elle est aussi drôle que touchante. Le long métrage raconte le parcours d’un immigrant (Omar Sy) cherchant à faire régulariser sa situation qui tombe amoureux d’Alice (Charlotte Gainsbourg), une travailleuse chargée de lui venir en aide. Du même coup, il se liera d’amitié  avec l’iconoclaste Wilson (Tahar Rahim) avec lequel il partagera des petits boulots parfois ingrats, mal rémunérés et bien souvent réservés aux étrangers sans papiers.

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Toledano, Sy, Rahim et Nakache

Rencontré à Paris pour la promotion de la sortie québécoise de Samba, le coréalisateur Olivier Nakache avouait qu’il aurait été facile pour les cinéastes de se laisser tenter et de faire un Intouchables prise 2. À juste titre, le risque de décevoir ou de se répéter en prenant cette direction aurait été grand et hasardeux, mais, surtout, le désir d’aller voir ailleurs était plus fort que tout pour le duo. « Nous voulions aborder l’univers des immigrants illégaux en France, mais pas seulement à travers la comédie. Surprendre le public et leur faire découvrir un univers trop peu connu des Français. Omar Sy, lui, il a sauté avec nous dans l’aventure et nous a fait totalement confiance. Faut dire qu’entre nous trois, c’est l’osmose parfaite », de préciser Nakache.

Basé sur un roman (Samba pour la France) de Delphine Coulin, plus sombre que le film qui en découle, Samba selon Olivier Nakache bénéficie du cocktail drame-comédie-romance en rendant tout le contexte social plus fort à l’écran. « Le danger, c’était de faire de ce milieu une caricature, c’est un sujet trop complexe et émotionnel pour dire n’importe quoi. Alors on a fait très attention, nos recherches ont été longues, et ce, afin d’être respectueux de la réalité de ces gens, de ces immigrants illégaux qui vivent d’espoir, mais avec la peur au quotidien d’être renvoyés dans leur pays d’origine. En même temps, leur milieu de vie, personnel, ou au travail, et celui des gens qui les aident sont vraiment propices à la comédie. Ce sont des lieux où les cultures se mélangent et c’est très inspirant ». À ce titre, la scène où Samba quitte le centre de détention avec l’ordre de retourner dans son pays et que ce même centre soit situé à quelques centaines de mètres de l’Aéroport Charles-de-Gaulle peut sembler surréaliste, mais elle est des plus véridiques.

La fin de cette discussion avec Olivier Nakache bifurquera avec raison sur les événements tragiques survenus à Paris et reliés aux caricatures de Charlie Hebdo contre l’Islam. Lassana Bathily, le héros malien du supermarché casher qui avait aidé des clients juifs à se cacher du djihadiste Amedy Coulibaly s’est vu accorder la naturalisation par les autorités françaises en guise de reconnaissance pour son acte de bravoure. Bathily, comme Samba, était un étranger en situation irrégulière. Le réalisateur y voit une belle coïncidence. «Oui, l’histoire de Bathily serait un formidable sujet de film. De plus, pour moi, tout ça aide à comprendre que les sans-papiers, ce ne sont pas eux les terroristes. Les terroristes, c’étaient des Français, nés en France. Les sans-papiers, eux, ils sont trop occupés à survivre, ils bossent sans arrêt et, comme Bathily, ils sont bien souvent très ouverts sur le monde! »

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Lucy

Invité récemment à Paris, pour une troisième année consécutive, afin d’y réaliser des entrevues reliées à la sortie de films français au Québec en 2015, j’en ai aussi profité pour assister à la conférence de presse faisant le bilan du rayonnement du cinéma français à l’international. Unifrance, organisme dévoué à cette cause, recevait donc de nombreux journalistes de divers pays afin de faire un résumé des résultats obtenus par l’ensemble des longs métrages produits en France et ayant été distribués à l’étranger.

C’est sans surprise que Lucy, produit par Luc Besson, a remporté la « palme » de l’œuvre la plus populaire parmi les quelque 200 titres émanant de l’Hexagone. Lucy, à l’image des autres productions « bessonniennes » des dernières années, est un film d’action réalisé en anglais et destiné au marché international, un produit n’ayant aucune saveur typiquement française. On peut d’ailleurs s’attendre à ce que l’an prochain, le grand vainqueur soit Taken 3 avec Liam Neeson, une autre fabrication incolore et inodore du studio de l’auteur du Grand Bleu et de Nikita. Dans une courte vidéo arrangée avec le gars des vues, Scarlett Johansson, alias Lucy, a rendu hommage au pif du réalisateur, qui lui, devant la salle, affublé d’une redingote du Village des valeurs, a confirmé que son film était bel et bien français et qu’aujourd’hui, on pouvait être Français et manger des sushis et saluant au passage l’origine suédoise de son actrice. Vivement un petit-four et une gorgée de mousseux pour faire passer le tout.

Cela dit, l’année 2014 a quand même été la deuxième meilleure année en vingt ans pour la totalité des revenus accumulés par les films français vendus en Amérique, en Europe et en Asie. Et c’est bien tant mieux si on veut contrer l’hégémonie du cinéma américain. On a pu constater, chiffres à l’appui, que le marché chinois continue de s’ouvrir peu à peu à la France, un marché très, mais très convoité par les pays exportateurs. Le Québec, de son côté, est un petit joueur dont on se soucie peu, surtout que les beaux jours des succès filmiques de De Funès, Pierre Richard ou Depardieu dans nos terres sont choses du passé.

Donc, quand on examine les cinq plus grands succès du cinéma français dans le monde en 2014, une fois le choc Lucy passé, on s’étonne de voir dans ce court palmarès Grace de Monaco, un presque téléfilm qui est passé en coup de vent 474265dans nos salles. La Belle et la bête, aussi beau que bête, et Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu? font aussi partie de cette liste qui se termine avec Minuscule – La vallée des fourmis perdues, un joli film d’animation qui n’a toujours pas de distributeur officiel pour le Canada. Le mystère de la distribution en salle au Québec n’a rien d’une légende.

Bref, en dehors de ces chiffres, il y a les rencontres, une quinzaine au total, celles avec des comédiens, avec des actrices, et celles avec des cinéastes qui ont passé des mois, voire des années, à réaliser leur film. Le résumé de mes rencontres avec eux sera retranscrit sur ce blogue, mais aussi dans le magazine du Clap. La rentrée, de janvier à mai, est particulièrement forte cette année pour les films français, québécois et internationaux. Aux cinéphiles  d’en profiter!

Top 10 de 2014

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Birdman

En cette fin d’année, à titre de blogueur du Clap et surtout à titre d’amateur de cinéma, je vous présente mon Top 10 annuel regroupant mes sélections puisées à travers l’ensemble des longs métrages sortis au Québec en 2014, du moins à travers les 250 nouveautés que j’ai eu l’occasion de voir depuis un an.

Mon classement est bien entendu très personnel, car avec cet exercice, il ne s’agit pas pour moi de célébrer les films qui ont fait l’unanimité chez le public ou dans la presse spécialisée, mais bien ceux qui m’ont marqué, qui m’ont touché et emballé à titre de spectateur. Mon palmarès pourrait changer légèrement au fil des prochaines semaines  puisque je n’ai pas encore vu les très louangés Nightcrawler, Foxcatcher, Borgman et Love Is Strange. Mais bref, sous la forme d’un décompte, voici donc mes 10 films préférés de 2014; je vous invite à les commenter, en bien ou en mal, et aussi, si le coeur vous en dit, à me faire part de VOS coups de foudre personnels.

10-Blue Ruin : Distribué au Québec en DVD sans avoir pu profiter d’une sortie en salle, ce sombre polar américain réalisé par Jeremy Saulnier mérite sa place pour la finesse de son scénario qui joue habilement avec les codes du genre et pour la qualité du jeu de ses méconnus interprètes. Une bien belle découverte que ce film sorti de nulle part.

9-Tu dors Nicole : Stéphane Lafleur ne rassemblera peut-être jamais les foules et ce, même si ses films sont drôles et touchants. Pourtant, avec ce 3e long métrage, le cinéaste québécois démontre encore sa signature si particulière et sa maîtrise scénaristique truffée d’idées de mise en scène étonnantes. En 2014, mettre Tu dors Nicole devant Mommy peut paraître surprenant; mais sans rien enlever au second, le premier profite d’une plus belle maturité dans son traitement du même thème de l’adolescence.

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La Danza de la Realidad de Jodorowsky.

8-La Danza de la Realidad : Possible testament filmique de Jodorowsky, cette biographie colorée de réalisme magique démontre que le cinéma actuel est bien sage comparé à l’imaginaire du cinéaste chilien et nous rappelle à quel point on peut s’ennuyer aujourd’hui de la créativité des Bunuel, Pasolini et autres grands rêveurs du 7e.

7-Pas son genre : Le film d’amour de l’année. Celui qui ne se dirige jamais là où on croit qu’il ira. Celui qui s’attarde aux ébats amoureux et  aux différences de milieux, à travers le détour parfois tragique qu’emprunte un coup de foudre. Émilie Dequenne n’a jamais été aussi bonne que dans ce film signé du Belge Lucas Belvaux rappelant beaucoup La Discrète de Christian Vincent.

6-Enemy : Après Prisoners, on ne s’attendait pas à ce que Denis Villeneuve, en adaptant Saramago,  aille jouer dans la cour de David Cronenberg et qu’il accouche d’une œuvre aussi déconcertante et porteuse d’une ambiance glauque et étrange comme je les aime.

5-Whiplash : Le film américain qu’on n’attendait pas, celui qui nous réconcilie avec le savoir-faire scénaristique de nos voisins du Sud. Celui qui démontre qu’ils savent parfois raconter une histoire mieux que quiconque et mettre à l’avant-scène des comédiens formidables et méconnus du grand public.

4-L’amour est un crime parfait : J’avais parler sur ce blogue du plaisir évident que ce long métrage des frères Larrieu m’avait procuré. Polar noir à l’humour absurde tourné dans les décors enchanteurs de Lausanne, le film est porté par un Mathieu Amalric drôle, charmeur et attendrissant. Un film jouissif au possible.

3-Jodorowsky’s Dune : Un documentaire sur un film qui aurait dû exister. Un documentaire qui fait mal tellement il démontre à quel point ce projet démentiel qui ne verra jamais le jour aurait pu devenir l’une des plus grandes réussites de l’histoire du cinéma. On peut bien rêver, direz-vous, et c’est ce que ce film s’emploie à faire faire à merveille.

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Michael Keaton dans Birdman d’Inarritu.

2-Under The Skin : Objet filmique audacieux, aussi impressionniste qu’énigmatique. De la science-fiction comme il s’en fait trop peu et qui mise sur une actrice, Scarlett Johansson, aussi audacieuse que talentueuse.

1-Birdman : Inarritu au sommet de son art, qui nous livre ne œuvre émouvante, techniquement remarquable, et constituée d’acteurs formidables avec à leur tête Michael Keaton qui nous offre sa plus belle performance en carrière. Du grand art, du très grand art!

Mentions: Ida, Boyhood, MommyMiron, un homme revenu d’en dehors du monde, Tel père, tel fils.

Là-dessus, bonne année à tous, on se retrouve en janvier pour voir ce que 2015 nous réserve!

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Under The Skin, réalisé par Jonathan Glazer.

 

 

 

 

 

 

Du cinéma « Bio »

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Du cinéma bio, c’est-à-dire biographique, en voulez-vous? En v’là. D’ici la fin de 2014, pas moins de neuf films faisant le portrait de personnalités ayant marqué à leur façon leur époque prendront l’affiche : Selma, Unbroken, Wild, Grace de Monaco, Foxcatcher, The Imitation Game, Big Eyes, Mr. Turner, D’où je viens. Parmi ceux-ci, D’où je viens se démarque par sa teneur documentaire et aussi parce qu’il ne fait pas le portrait d’un seul homme ou d’une seule femme ni d’un événement en particulier, mais bien le portrait d’un quartier en entier, Verdun.

Durant les Fêtes, alors que la population en général sera tentée d’aller voir un long métrage américain aux visées oscarisables, on peut se demander pourquoi l’ONF a choisi de lancer un tel documentaire durant cette période. En entrevue, le réalisateur du film, Claude 58841_28Demers (Les Dames en bleu), avoue s’être aussi posé la question. « Au départ j’étais craintif, puis, j’ai endossé la stratégie du distributeur qui y voit l’occasion d’offrir un film différent pour tous ceux qui ne veulent pas aller voir un blockbuster américain. Mais ça fait peur, évidemment, et on travaille auprès de certains réseaux communautaires afin de rejoindre le plus de public possible ».

D’où je viens est une œuvre très onirique, filmée magnifiquement, aux images superbes portées par une musique éthérée ou classique donnant un ton très personnel à l’ensemble. Si le cinéaste a fait de Verdun son point d’ancrage, c’est parce que c’est le quartier de son enfance, mais aussi, un territoire méconnu des Montréalais pourtant situé à quinze minutes à peine du centre-ville en voiture. Une île dans une île, dira-t-il, un lieu tapissé de tours à logements, mais aussi bordé par le fleuve où certains y pêchent régulièrement. « Je parle d’un quartier en bordure de Montréal, oui, mais d’un quartier qui pourrait être le vôtre, qui pourrait être n’importe où, un endroit qui ressemble à d’autres et en plus personne ne sait qu’en en dix minutes de bateau, on peut y chasser le canard en ayant une vue sur Montréal. Je me suis pris un appartement à Verdun durant deux mois et demi, en plein hiver. Je voulais me lever le matin et me replonger dans ma vie d’adolescent à Verdun et mieux savoir comment aborder mon sujet alors que je voulais toucher à l’enfance. »

Au fil de l’écriture, cinq thèmes se sont imposés à Claude Demers qui a donc tricoté son film autour de cinq mailles : l’enfance, la résistance, le territoire, le langage, la foi. Cinq thèmes nourris par une série de scènes évocatrices, tirées du quotidien de Verdun, et qui font parfois penser aux tableaux du peintre Edward Hopper. L’une de ces scènes, marquante, a été tournée dans un Dunkin Donuts (l’un des rares encore ouverts au Québec), filmée de l’extérieur en un plan-séquence qui ne triche pas, un plan simple et 58841_17très révélateur de la vie de quartier. Cette séquence qui pourrait paraître banale, démontre à quel point Claude Demers ne voulait pas construire une œuvre de façon traditionnelle et tenait à sortir de sa zone de confort. « Mon film, on le qualifie d’ovni et c’est tant mieux. Je trouve souvent que tous les longs métrages se ressemblent. Moi, j’aime qu’une œuvre nous dépasse. On retrouve encore ça en littérature, mais au cinéma, ça devient rare. J’aime être dérouté, j’aime qu’on m’amène en voyage. Donc, j’ai fait un film lyrique. Mon film est une quête de soi tout en se déployant d’une façon universelle, sans rester narcissique ». D’où je viens, en salle le 26 décembre prochain.

 

Le métier d’acteur vu par Kassovitz

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Mathieu Kassovitz s’est fait connaître comme réalisateur avec son deuxième film, La Haine, qui avait eu un immense succès en 1995. Comme comédien, il a rapidement acquis une belle notoriété grâce à ses rôles dans les films de Jacques Audiard (notamment Un héros très discret), et dans Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain. L’acteur-cinéaste s’est aussi démarqué depuis ses débuts pour sa grande franchise lors d’entrevues médiatiques et ses nombreuses déclarations à l’emporte-pièce sur le cinéma français ou encore sur les attentats du 11 septembre. Récemment, il donnait une série d’entrevues pour la presse en France liées à la sortie de deux films dont il est la tête d’affiche : Un illustre inconnu de Matthieu Delaporte et Vie sauvage de Cédric Kahn.

Ainsi, pour le magazine Télérama, Mathieu Kassovitz a sévi à nouveau, discutant du 7e art et de la pratique de son métier devant ou derrière la caméra avec une franchise déstabilisante, déversant ses coups de gueule avec passion et émotion. Dans l’entretien, il relate ses démêlés avec les producteurs américains à la suite de la sortie catastrophique de Babylon AD, ses divergences d’opinion avec quelques réalisateurs français, son aversion pour le travail de Carax et celui de Tarantino, son admiration pour Jackie Chan et Spielberg et avouant, au final,  emmerder bien des gens de l’industrie cinématographique.

À travers le lot d’opinions tranchées mais éclairantes émis par l’artiste, il faut noter sa vision du métier d’acteur et de sa pratique. « À mes yeux, acteur n’est pas un métier, juste un hobby… Pour moi, si vous avez une gueule, de la présence, si vous savez votre texte et ne vous prenez pas au sérieux, vous êtes un bon comédien », d’affirmer Kassovitz qui ajoute qu’être acteur, c’est être un peu la marionnette du mathieu-kassovitz-20040429-1493réalisateur.  « Je l’ai fait. Avec Audiard et Jeunet. Ces mecs-là, ils font 50 prises. Et je suis toujours d’accord. J’obéis et j’attends. D’ailleurs, un acteur de cinéma, ça travaille deux heures par jour. Le reste du temps, il attend. Il glande… », d’ajouter celui qui s’était aussi démarqué dans le rôle d’un jeune prêtre dans Amen de Costa-Gavras.

Sujet sensible s’il en est un, la façon dont s’exerce le métier d’acteur ne fait jamais l’unanimité chez les comédiens. Certains, comme Jean-Pierre Bacri, n’embarque que dans des projets dont ils appuient la démarche morale ou artistique. D’autres, comme le défunt Michel Serrault, se voyant davantage comme des exécutants tels des plombiers qui ne se soucient pas du client ou du lieu de travail, s’arrangent pour faire leur boulot (jouer) avec beaucoup de sérieux et de rigueur. Kassovitz rejoindra davantage cette dernière vision du métier. Cependant, à la lumière de son parcours et de ses récentes déclarations, il s’inscrit davantage dans la vision de Bacri lorsqu’il passe derrière la caméra, rôle qui semble lui tenir de moins en moins à cœur sauf pour un projet bien spécial, soit l’éventuelle suite de La Haine. Un dossier à suivre.

Voici le lien pour lire dans son intégralité l’entrevue donnée par Mathieu Kassovitz à Télérama.

http://bit.ly/1595fEA

Le côté lumineux du cinéma !

Voici un petit texte de blogue pour souligner rapidement l’excellente nouvelle annoncée plus tôt cette semaine, c’est-à-dire la remise, le 15 mars prochain, du prix Jutra-Hommage au cinéaste et comédien André Melançon, à l’occasion de la 17e soirée des Jutra. Ce choix, des plus judicieux compte tenu de la carrière de ce réalisateur, arrive à un moment opportun. L’artiste âgé de 72 ans, surtout connu pour avoir réalisé quatre Contes pour tous, dont La Guerre des tuques et Bach et bottine, est considéré melanconagedans le milieu du cinéma québécois comme un passionné et un grand rassembleur pour son travail avec les enfants sur les plateaux de tournage.

Ralenti par la maladie (il a combattu tour à tour un cancer et un rare virus), le réalisateur originaire de l’Abitibi verra dans cet hommage une reconnaissance de ses pairs qui arrive à point, un coup de chapeau soulignant la qualité de son travail devant et derrière la caméra au fil des 40 dernières années. André Melançon était toujours actif malgré la maladie, simplement moins visible. Il a d’ailleurs récemment cosigné le scénario de La Gang des hors-la-loi, et ce, sans avoir l’état de santé lui permettant de réaliser ce 24e et plus récent Conte pour tous.

De mon côté, je me souviens l’avoir croisé à quelques reprises. Il était toujours des plus enthousiastes lorsqu’il parlait de ses différents projets. Je me rappelle d’ailleurs sa présence dans l’ancien Cinéplex de Place Charest au début des années 90. Il y était pour faire la promotion d’un film argentin d’Eliseo Subiela, coproduit avec le Québec et intitulé Le Côté obscur du cœur.  J’étais tombé sous le charme de ce long métrage teinté de réalisme magique, un film poétique que j’ai par hasard revu récemment. Melançon y jouait un petit rôle, celui de l’ami bohème d’un artiste qui créait des sculptures phalliques géantes. Je me souviens aussi de son rôle le plus important dans un film québécois, c’était dans Taureau, tourné en 1973. Aux côtés de la toute jeune Louise Portal, il incarnait avec naïveté le personnage principal, désœuvré  et perdu dans un univers violent et rural, similaire à ceux de Red et Bulldozer tournés à la même époque.

Avec sa carrure et sa bouille d’ours docile, André Melançon inspirait le respect et la confiance. Il demeure encore aujourd’hui le réalisateur québécois qui sait le mieux diriger des enfants lors d’un tournage et soutirer le meilleur de chacun d’eux. On espère qu’il aura l’énergie pour retourner derrière une caméra avant longtemps, histoire de nous offrir un autre conte dont il a le secret, nous offrir une fois de plus le côté lumineux du cinéma québécois.

Un cinéaste à suivre !

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Prenant l’affiche vendredi, La Marche à suivre est un très beau documentaire de l’ONF réalisé par Jean-François Caissy. Originaire de la Gaspésie, le cinéaste est retourné dans son coin de pays pour y tourner son troisième film devenu, au fil du tournage, un portrait de groupe contemplatif ne suivant aucun personnage en particulier, mais focalisant sur l’âge ingrat, celui de l’adolescence. Dans son long métrage précédent, La Belle Visite, Caissy s’était intéressé au troisième âge avec pour décor un foyer comme on en voit souvent. Cette fois-ci, il s’introduit à l’intérieur de son ancienne école secondaire, dans le bureau de direction, montrant dans l’intimité la dynamique des rencontres entre les autorités scolaires et différents jeunes aux prises avec diverses problématiques (turbulence, violence, harcèlement, etc.). À travers ces témoignages, le film s’attarde aussi aux activités extra-muros des jeunes Gaspésiens où les rides de VTT dans les pits de sable font partie du quotidien.

Rencontré à Québec, cette semaine, Jean-François Caissy semble très satisfait du résultat, tellement qu’il souligne qu’au montage de La marche à suivre, l’idée lui est venue de poursuivre sa démarche d’observation générationnelle dans ses trois prochains films. Déjà, il est au travail pour celui qui portera sur les 18-25 ans. Sans s’étendre plus longtemps sur Caissy_Jean-Francois_01ce nouveau projet, il revient sur ce qui fait la particularité de La Marche à suivre, c’est-à-dire les confessions sans pudeur des adolescents appelés dans le bureau de direction. « Les jeunes ont accepté de laisser la caméra les filmer sans qu’on n’ait besoin de les convaincre, possiblement par besoin d’attention, une attention qui ne venait pas de l’école elle-même ou des parents », dira-t-il. « Pour eux, aller dans le bureau du directeur, ils ne voient pas ça comme un drame, ce ne sont que des petits problèmes. Et même pour le cas du harcèlement vu dans le film, et sans vouloir minimiser le phénomène, ça fait partie de la période de l’adolescence », d’ajouter le réalisateur.

La démarche documentaire de Jean-François Caissy n’est pas sans rappeler celle de Nicolas Philibert (Être et avoir) ou de Raymond Depardon (10e chambre, instants d’audience), des créateurs qu’il avoue admirer. Le Gaspésien d’origine a le même souci qu’eux d’éviter toute tendance moralisante ou de tourner de façon condescendante ses sujets. Mais là où il se démarque des deux documentaristes français, c’est dans sa signature poétique, à l’origine de tableaux naturalistes, lents, qui parsèment ses œuvres, surtout cette plus récente réalisation.

Avec le feu vert de la direction de l’école, Caissy  a pu prendre son temps pour tourner les images de son film (70 jours de tournage étalés sur une année scolaire) afin d’obtenir le résultat escompté. Et quand on lui demande pourquoi n’avoir montré que des élèves en difficulté, la réponse du cinéaste ne se fait pas attendre :  « Sans tomber dans le drame social, je tenais à plonger dans l’adolescence, une période que personne ne veut revivre, une zone grise de la vie, un long moment où l’on se cherche, où l’on ne se connaît pas du tout. J’ai choisi de filmer des jeunes avec des problèmes, car quand ça va bien à l’école, on ne rencontre pas le directeur et y a rien à montrer. Dramatiquement, les problèmes, c’est plus fort et c’est ce que je voulais offrir avec La Marche à suivre. Et tout ça, pour moi, c’est bien moins triste que des jeunes qui se promènent ensemble avec des iPod et qui ne se parlent même plus. J’aime mieux les voir explorer la vie, même si parfois ils se pètent la gueule ».

D’un genre à l’autre

En octobre dernier, sur ce blogue, je résumais tout le plaisir que j’avais eu à voir le film L’Amour est un crime parfait des frères Larrieu, une comédie noire et alpine qui m’a 479126totalement séduit. Un autre film français que personne n’attendait, ni moi d’ailleurs, m’a également procuré récemment beaucoup de bonheur. Il s’agit de Pas son genre, la toute dernière réalisation du Belge Lucas Belvaux qui n’aura eu qu’une semaine de vie sur nos écrans. Pourquoi ai-je tant aimé ce film ? Peut-être parce que je retrouvais dans cette histoire un peu de l’univers de La Discrète avec Fabrice Luchini, une œuvre qui m’avait totalement fasciné à l’époque. Racontant la relation amoureuse improbable entre un prof de philosophie et une coiffeuse Pas son genre mise sur le talent du tandem formé de Loïc Corbery (une découverte) et d’Émilie Dequenne (révélée dans Rosetta). Adapté du livre de Philippe Vilain (dont j’ai adoré les romans précédents, tiens donc !) Pas son genre est à ranger dans le lot des drames romantiques en apparence banals, mais qui examinent avec une fine intelligence et une cruelle douceur le phénomène de l’amour et de l’attirance et de la pérennité d’un couple que tout sépare. Hélas, comme c’est souvent le cas avec ce genre de petits films étrangers sortant discrètement en salle, le film n’a pas eu une longue vie en salle. Mais bon, coup de coeur oblige, il fallait que j’en glisse un mot puisqu’on aura l’occasion de le revoir dans quelques mois en DVD, sur une plateforme Web ou à la télé.

Plus localement et dans un autre ordre d’idées, le projet de documentaire Surfer sur la grâce de David B. Ricard a atteint son objectif de 15 000 $ en dons versés via la plateforme de sociofinancement Kickstarter. Une somme obtenue à l’arraché lors des trois derniers jours de campagne alors que plus de 3 000 $ ont été déposés durant ce dernier droit. Rencontré cette semaine à Limoilou, le quartier qu’il habite, le cinéaste résumait ainsi la finale de sa campagne de financement : « Passé le cap du 10 000 $, les dons ont déboulé, comme si les gens attendaient d’y croire avant de donner. Quand on a atteint le chiffre de 10 000, les gens se sont dit qu’ils ne donneraient pas leur argent pour rien, ils y croyaient, comme si avant ça, ils ne voulaient pas être associés à une possible défaite. C’est mon explication, mais ça, je le dis sous toute réserve ». Près de 50 % des dons proviennent de personnes que je ne connais pas du tout, c’est quand même incroyable » d’ajouter David qui prévoit finir la postproduction de son film en avril prochain.

duo

David et Louis Ricard, crédit photo Léo Lecours-Pelletier.

En cinéma, 15 000 $, c’est peu, mais c’est assez pour permettre à un réalisateur indépendant de finaliser un projet, de faire l’étalonnage des couleurs, le sous-titrage et autres détails techniques qui rendront le film plus attrayant. L’apport des réseaux sociaux a beaucoup aidé à atteindre l’objectif, David y a cru et avec sa petite équipe, ils ont travaillé chaque jour pour alimenter le site du film avec de nouveaux extraits du documentaire afin de séduire d’éventuels donneurs. « On a reçu l’appui de gens qui aiment le cinéma, de ceux qui aiment la planche à roulette aussi. La formule Kickstarter a un schéma bien précis. On savait que les dons plafonneraient à un moment donné et qu’il fallait relancer nos supporters potentiels et autres curieux  pour atteindre le cap du 10 000 et rendre le tout possible. Le fait que le projet soit en français n’a pas aidé non plus à aller chercher des dons à l’étranger. Ce qui nous a sauvés, c’est le sujet sportif du film qui a attiré les fans de skate et de slalom », d’ajouter le jeune réalisateur. Maintenant, David vise la participation de son film en avril à Visions du réel, un festival consacré aux documentaires situé à Nyon, en Suisse. Bref, c’est une histoire à suivre pour un cinéaste talentueux qui ne surfe pas seulement sur la chance, mais aussi sur l’effort continu et passionné de son équipe dans ce projet.

En terminant, contre vents et marées, à savoir la pléthore de films destinés aux oscars et à la faste période des Fêtes et qui envahiront les écrans dans les semaines à venir, il faut souligner la présentation au Clap et au Musée de la civilisation des 13es Sommets du cinéma d’animation de Québec, du 27 au 30 novembre. Dans cette même veine, discrètement et tout en ayant à coeur l’ouverture aux cinématographies étrangères, le Clap présente à nouveau le Festival du film roumain, du 28 novembre au 4 décembre. Il s’agit d’actes de résistance à l’hégémonie du cinéma comme la présentation ces derniers jours de la première édition du Festival du film de l’Inde au MNBAQ. À Québec, les amateurs de cinéma peuvent donc encore voyager à bas prix dans l’exotisme du 7e art.

Bande-annonce de Bobby Yeah, un film d’animation de Robert Morgan, présenté le samedi 29 novembre au Clap dans le cadre des Sommets de l’animation :