Perdrix, comme un envol

Perdrix, film réalisé par Erwan Le Duc.

Perdrix, c’est le titre de la comédie réalisée par Erwan Le Duc. C’est aussi un nom de famille dans ce film au ton absurde et déstabilisant qui rappelle l’univers des longs métrages de Pierre Salvadori. Cette première réalisation de Leduc, spécialiste des sports longtemps rattaché à ce domaine dans le journal Le Monde en France, a été tournée dans les décors uniques des Vosges. Perdrix détonne des comédies habituelle, car son humour semble chevaucher autant celui d’un Claude Zidi que d’un Jean-Luc Godard.

Perdrix, c’est l’histoire d’une famille, celle de Pierre, chef de la gendarmerie locale, de son frère Julien, et de sa mère Thérèse jouée par Fanny Ardant. Le quotidien des Perdrix et des habitants du coin sera bouleversée par l’arrivée de Juliette, une jeune femme au tempérament explosif, aussi séduisante qu’imprévisible. Le cinéaste a bien voulu nous donner des détails sur son film qui a séduit le public et surpris les critiques de l’Hexagone en 2019.

Le Clap : Votre comédie est considérée comme l’une des belles surprises de l’année en France. On ne la voyait pas venir si je puis dire.

Erwan Le Duc, réalisateur.

Erwan Le Duc : Effectivement. La réception, critique et publique, a été franchement très bonne. Si on tente d’expliquer ce succès, c’est que le sujet  du film est très universel je crois, et il parle à un peu tout le monde. Mais c’est certain que mon humour est plutôt décalé. D’être à Cannes l’an passé et que le public fut au rendez-vous lors de sa sortie en salle, et ce, malgré cet univers singulier, ça a été mes deux plus grandes joies.

Le Clap : Perdrix, est-ce un vrai nom de famille?

ELD : C’est un nom que j’avais utilisé dans l’un de mes courts métrages. J’aime cette sonorité, ça a un côté évocateur. C’est marrant, car en banlieue parisienne, une dame m’a abordé là-dessus. Elle m’a avoué s’appeler Perdrix, alors, oui, ça existe comme nom de famille (rires).

Le Clap : Avoir Fanny Ardant à son générique, c’est un plus pour un long métrage. On sait qu’on attirera inévitablement l’attention des médias et du public. Et c’est pour le mieux.

Fanny Ardant

ELD : Absolument. Et ce fut une rencontre merveilleuse. Fanny n’a pas à être dirigée, elle propose des choses et  s’approprie le personnage de Thérèse Perdrix entièrement. Fanny, c’est l’élégance et la légèreté incarnées. Ce rôle cassait son image un peu bourgeoise et elle en était heureuse.

Le Clap : Swann Arlaud était formidable dans Petit Paysan. On le retrouve encore dans un rôle campagnard, cette fois en policier. C’est devenu une valeur sûre à l’écran. Mais la révélation du film, c’est Maud Wyler dans le rôle de Juliette, un personnage exécrable à souhait dans votre film.

ELD : Oui, tout à fait. J’ai été chanceux, car mes interprètes incarnent à merveille leurs rôles respectifs. Swann, il a un physique singulier, un visage très expressif. Pour incarner Pierre Perdrix, je voulais un acteur avec un visage honnête, qui ne cache rien. Swann a ça en lui. Pour Maud, son personnage est une tornade. C’est la météorite qui fait exploser la planète Perdrix si je peux dire. C’est une actrice de grand talent avec qui j’avais travaillé sur plusieurs courts métrages. Elle est inventive et me rappelle la grande Katharine Hepburn.

Le Clap : Votre comédie a un ton très particulier. Tout est né de l’écriture ou bien le tournage y a joué pour beaucoup.

ELD : C’est le ton que je recherchais en écrivant le récit. J’aime embrasser différents genres. J’aime être sur une mince ligne afin de garder le spectateur sur le qui-vive. Par exemple, la scène des nudistes révolutionnaires est amusante, oui, mais elle est aussi assez flippante quand on y songe. Il y a une intensité latente dans plusieurs des scènes et ça j’en suis heureux.

Le Clap : Le succès de Perdrix en France crée des attentes. On risque de s’attendre à un Perdrix 2  lors de votre prochain film. Ça vous fait peur?

ELD : Tout ça, ça a du bon et ça fait que je me pose plusieurs questions. Mais je veux demeurer près de personnages colorés, je veux m’assurer de toujours mélanger les genres, de creuser un sillon qui me ressemble. Ce qui me rassure, c’est que le public a semblé apprécier une proposition aussi singulière que celle de Perdrix. Ça me permettra sûrement de poursuivre en toute liberté mon travail en y mettant encore une touche audacieuse.

Perdrix prendra l’affiche en salle au Clap en juillet. Cette entrevue a été réalisée sur invitation, dans le cadre de la 22e édition des Rendez-vous du cinéma d’UniFrance 2020, à Paris.