Du 7e au 9e art.

Alors que le Salon international du livre de Québec bat son plein jusqu’à dimanche, au Centre des congrès, se tient au même endroit la 27e édition du Festival de la bande dessinée francophone de Québec. Un festival dédié au 9e art, grandissant d’édition en édition et qui accueille durant cinq jours plus d’une centaine d’auteurs de bandes dessinées du Québec, de la France, de la Suisse et de la Belgique.

Depuis quelques années, on sent davantage de curiosité de la part des adultes envers la bande dessinée, lecture de genre réservée habituellement avec moult préjugés aux enfants ou aux adolescents émerveillés par un art qui fêtait pourtant récemment ses 100 ans. Au Québec, grâce notamment aux ouvrages de Guy Delisle et de Michel Rabagliati, la BD est maintenant regardée avec plus de respect par le lectorat adulte. S’il reste encore du chemin à faire pour bien ancrer la BD comme genre littéraire à part entière au même titre que le roman, la nouvelle ou la poésie, il faut avouer que ces dernières années le cinéma, lui, a plongé de plain-pied dans cet univers, y trouvant une source d’inspiration indéniable.

Faire le tour de toutes les productions s’inspirant de la BD ou les adaptant serait long et fastidieux. Il y en a des dizaines et des dizaines, pour la plupart, insoupçonnées du grand public. Qui est allé voir le plus récent film de Darren Aronofsky, Noé, sachant que ce péplum ne relevait pas principalement de la Genèse mais bien de la série BD scénarisée par le cinéaste et illustrée par le Québécois Niko Henrichon? Trop peu de gens savent que La Vie d’Adèle, l’un des films marquants de 2013, est à l’origine une BD ayant pour titre Le Bleu est une couleur chaude. On pourrait poursuivre longtemps avec de nombreux exemples qui confirment ce phénomène.

Aujourd’hui, les projets sérieux et réussis tirant partie du 9e art sont légion. Auparavant, les adaptations étaient  souvent associées à des œuvres désincarnées et médiocres (les Tintin des années 60, Gaston Lagaffe, Boule et Bill, Lucky Luke, etc.) ou confinées au monde des super-héros. Soulignons donc l’audace des bonzes de l’industrie du cinéma pour l’arrivée sur grand écran, ici comme à l’étranger, de productions récentes telles que Persépolis, Quai d’Orsay, Lulu femme nue, Ghost World, American Splendor, Watchmen et Le Tranceperceneige. Chez nous, on attend toujours le feu vert pour tourner la version cinéma de Paul à Québec de Michel Rabagliati. D’autres projets sont aussi sur la table et pourraient débloquer rapidement si le financement est au rendez-vous.

Bref, le mariage entre le 7e et le 9e art allait de soi. L’imaginaire des artistes œuvrant  dans la bande dessinée comme dessinateur ou scénariste se retrouve régulièrement au grand écran. Ce phénomène permettra à plusieurs cinéphiles de sortir de leur « bulle » et de découvrir les œuvres  originales. Alors, entre deux séances de cinéma, lisez une BD. Vous pourriez être surpris, y prendre plaisir, et ce, sans pour autant retomber en enfance.

http://www.fbdfq.com/