Le cinéma québécois a le dos large!

Les médias et les réseaux sociaux sont omniprésents dans nos vies, du moins dans la mienne puisque grandement touchée par le journalisme. Via ceux-ci, j’ai l’impression qu’il ne se passe pas une semaine sans que la vitalité et la rentabilité du cinéma québécois ne soient remises en question. Même son savoir-faire et sa spécificité font l’objet de critiques. Remarquez que nombreux sont ceux qui défendent les artisans et leurs créations sur toutes les tribunes, au même titre que ceux qui vilipendent l’industrie. Mais ce débat sans fin, qui fait aussi rage dans d’autres pays comme la France, mène à mon sens à un seul constat : il y a une pensée généralisée qui ne voit dans notre cinéma qu’une activité de loisir, activité qui ne sert qu’à engraisser une machine trop subventionnée.

Pareille conclusion me désole. J’ai toujours vu le cinéma comme un divertissement certes, mais aussi et avant tout comme une nourriture pour l’esprit, au même titre que la peinture, la littérature, la danse et le théâtre. On ne crée pas que pour faire rire et pleurer, mais aussi pour réfléchir, pour se projeter vers demain ou mieux saisir le passé. C’est du moins l’espoir que j’en retire, et ce, malgré le fait indéniable que le cinéma, c’est aussi une industrie populaire qui veut être rentable, une véritable machine à sous.

J’étais invité à la fin du mois de janvier à Ciné-Québec. Cet événement regroupe annuellement, durant quelques jours, dans un hôtel des Laurentides, les distributeurs de films, les gérants de salles de cinéma, les réalisateurs et producteurs de longs métrages québécois. On y présente les bandes-annonces des films d’ici qui sortiront en 2014. En tout, on y a présenté des extraits de plus d’une vingtaine de productions. Je ne peux dire si elles seront toutes de qualité ou si elles attireront les spectateurs en masse, mais j’y ai vu, sans aucun doute, des bouts de films qui m’ont ébloui. Sans blague, l’année qui vient promet d’être impressionnante.

J’ai été séduit par les allures de fable fantastique du film Henri Henri de Martin Talbot, transporté par les émotions à fleur de peau du nouveau film de Podz, Miraculum. Glacé par l’intensité dramatique de Tom à la ferme de Xavier Dolan, intrigué par Bunker réalisé par le tandem originaire de Québec, Patrick Boivin et Olivier Laberge. J’ai souri devant le nouveau Denys Arcand, Le Règne de la beauté, j’ai été épaté par les couleurs du Coq de St-Victor, attiré par les frasques des adolescents de 1987 de Ricardo Trogi, conquis par le charme sportif de Laurence Leboeuf dans La Petite Reine. J’ai rigolé des clichés véhiculés sur notre cinéma soulignés par des policiers dans Furie d’Émile Gaudreault et j’ai finalement été troublé par Paul Doucet en père qui veut revoir son enfant dans le film La Garde.

« Vendu, j’ai l’air », dirait Yoda! Pourtant je suis assez critique envers les œuvres que nous réalisons bon an, mal an. Même si seulement le tiers de nos productions me rejoignent annuellement, j’aime mieux défendre la liberté de création et l’audace des François Delisle et Denis Côté que de me contenter uniquement de films pop-corn aux scénarios bâclés. Car si problème il y a dans notre cinéma, c’est le manque de films rassembleurs de grande qualité.

Rencontrés lors de Ciné-Québec, les comédiens Marc-André Grondin et Michel Côté ont eu de belles réflexions à ce sujet. Grondin estime qu’il faut, à l’image des Américains, investir dans la scénarisation. Le métier est valorisé aux États-Unis, il y a une tradition d’excellence en cinéma et en télévision pour les scénaristes, dira t-il. Côté, lui, affirme que nos films qui n’attirent que peu de gens sont solides. Ils voyagent dans les festivals, gagnent des prix, font avancer le cinéma. Le problème, précise-t-il, ce sont les films qui sont censés marcher et qui ne marchent pas. L’exemple de C.R.A.Z.Y. revient toujours, une œuvre aussi appréciée par le public que par les critiques. C’est vers ce genre de succès qu’il faut tendre. Bref, la qualité des films « grand public » doit être relevée. les résultats positifs se feront aussitôt sentir.

Le dossier est-il clos? Pas pantoute. On en rediscutera à la sortie d’une salle, et avec un sourire, je l’espère!

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