Bons baisers de Bellechasse

 

DÉMOL-MARIKA-course

En septembre dernier, au Festival de cinéma de la ville de Québec, le documentaire La Démolition familiale obtenait deux prix, celui du jury cinéphiles (pour le meilleur premier long métrage) et celui du public (pour le meilleur long métrage de la programmation). Il n’en fallait pas plus pour éveiller la curiosité des cinéphiles autour de ce documentaire, le tout premier à être tourné dans Bellechasse, un long métrage portant sur les derbys de démolition automobile qui ont lieu près du patelin d’origine de son réalisateur, Patrick Damien, aujourd’hui Montréalais d’adoption.

Si la mécanique et les autos qui s’emboutissent sont au cœur de ce film, l’aspect humain y est tout aussi important puisqu’on observe avec intérêt la passion qu’entretiennent pour ce sport inusité, voire extrême, Christopher et Marika, deux jeunes initiés au derby par divers membres de leur famille respective. D’une génération à l’autre, ils cultivent tous une véritable fascination pour la transformation des bolides pour ensuite mieux se lancer dans l’arène afin d’y vivre des émotions fortes. En entrevue, Patrick Damien est à la fois enthousiaste et fébrile en prévision de la sortie de son film au Clap et à Lévis. Pour l’anecdote, il rappelle que voilà vingt ans, à l’automne 1996, il se retrouvait également dans le magazine du cinéma de la Pyramide avec un DÉMOL-CHRISTOPHER-char-Lazcourt métrage qu’il avait réalisé et présenté dans le cadre du concours Vidéastes recherché(e)s, un documentaire amateur de 30 minutes ayant pour titre Les Derniers Démons d’Armagh. Il y abordait déjà le sujet des derbys avec David, un personnage toujours présent dans La Démolition familiale. En 2010, le cinéaste sentait que ce sujet-là, s’apparentant à la boxe, aussi coloré que rempli d’action, ferait un fort beau sujet de long métrage. C’était, de plus, l’occasion idéale pour redonner la parole aux gens de son coin, dira-t-il.

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Patrick Damien, réalisateur

Réparti sur quatre ans, le tournage de La Démolition familiale n’a pas été simple. Si le défi d’origine était de rendre palpitante au grand écran la compétition automobile (merci à la technologie des caméras Go Pro), Patrick tenait aussi à ce que son film ne porte pas uniquement sur la démolition de carcasses cylindrés, mais aussi sur des personnages qui font penser à tous ceux qui ont marqué l’imaginaire du documentaire québécois. Dans son film de voitures et d’hommes, l’un sert aussi bien l’autre. « Dès le début, je savais que je tenais un sujet fort, une matière qui allait faire un film. Mais là où ç’a changé, et pour le mieux, c’est le fait d’avoir suivi des jeunes qui prennent la relève, qui font leur première course, c’est un plus pour le documentaire. Ça devient intergénérationnel. Ils sont tous drôles et attachants », de préciser Patrick Damien.

On ne le se cachera pas, des courses de démolition, ça peut faire « fond de rang ». Pourtant tout au long du documentaire, jamais on ne sentira un seul regard porté de haut envers ce hobby destructeur, le cinéaste sachant très bien que la relation au moteur est tellement différente en région. « C’est comme un rodéo, ce sont des gens qui veulent leur dose d’adrénaline, surtout les jeunes garçons. Mais il y a une mentalité culturelle, familiale, si particulière à la campagne, ça ne s’explique pas d’une seule façon. Si tu vis dans un petit village, tout ton rapport au moteur, celui de ton tracteur ou de ton char, tout ça est différent. Ce n’est pas pour combler un vide cet intérêt-là. Faut pas oublier non plus qu’il y a beaucoup de stratégie dans la course de démolition, comme pour la boxe. On peut même y voir les derniers moments de vie de la carrosserie avant qu’elle ne devienne un grille-pain en Chine », d’ajouter le documentariste, content de voir qu’il touche le cœur des gens avec son film. Sûrement qu’on entendra rapidement reparler de Patrick Damien, comme réalisateur de fiction ou de documentaire, lui qui travaille actuellement à un projet de film autour de l’œuvre et de la vision de Denys Arcand. La Démolition familiale à l’affiche à Québec dès le 25 mars.

Commentaire pour “Bons baisers de Bellechasse

  1. Il me faut absolument voir La démolition familiale!
    Quel sera-t-il l’horaire de la prochaine fin de semaine?
    Merci beaucoup,

    E. Deffis

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