Trop de films au Québec?

Le 20 décembre prochain sortira le tout dernier film québécois à prendre l’affiche en 2013, Ressac, réalisé par Pascale Ferland. Au total, cette année, uniquement pour les longs métrages de fiction, ce sont 35 films québécois qui auront pris l’affiche dans nos cinémas. 35 films, c’est d’ailleurs la moyenne du nombre total de nos productions annuelles, et ce, depuis environ quinze ans. La question qui se pose : est-ce trop, compte tenu de notre population et compte tenu des résultats parfois décevants au box-office pour l’ensemble de la cinématographie québécoise?

Jusqu’à la fin des années 90, environ une douzaine de longs métrages de fiction étaient produits au Québec par année. Ce nombre a explosé par la suite, surpassant ou égalant celui de cinématographies nationales comme celles de l’Allemagne, de l’Italie ou de l’Angleterre dont les bassins de population sont pourtant beaucoup plus grands. Certes, la production de 35 films par année fait en sorte de développer le talent de nos jeunes réalisateurs, de diversifier les thèmes abordés au grand écran, et permet à nos films d’être vus à travers bon nombre de festivals internationaux. La réputation à l’international du cinéma québécois commence à être enviable.

Mais  est-ce que « trop, c’est comme pas assez »? Cet automne, un nouveau film québécois sortait sur nos écrans chaque semaine. Certains croient qu’ainsi on se cannibalise en raison d’une offre beaucoup trop grande pour le nombre de cinéphiles intéressés à nos œuvres. Plusieurs réalisateurs pensent la même chose sans le dire publiquement. Le cinéaste Alain Chartrand, qui nous a offert La Maison du pêcheur, en septembre dernier, avoue sans pudeur qu’on produit trop de films; or, lui-même a de la difficulté à tourner régulièrement (son avant-dernier film de fiction remontait à Ding et Dong le film, en 1990).

Si la question se pose, elle ne sera pas étudiée de sitôt, car elle revient à aborder la délicate question de la rentabilité : un art doit-il être rentable pour exister? Sûrement pas, à mon avis. Mais le circuit des salles au Québec peine à soutenir la sortie d’autant de films, certains ne sortant qu’à Montréal, d’autres ne restant à l’affiche que deux semaines, empêchant l’effet souvent positif du bouche à oreille de faire son œuvre. Ainsi, sur les 35 films ayant pris l’affiche en 2013, les gros succès en salle ont été peu nombreux. Heureusement, la majorité des observateurs estiment que la qualité, elle, était bel et bien au rendez-vous cette année. D’ailleurs, je reviendrai sur mes coups de cœur dans un prochain billet ainsi que sur ce que nous réserve l’année 2014 pour les films d’ici et d’ailleurs : la prochaine rentrée semblant très, mais très prometteuse!