L’orgueil du nouveau cinéma britannique

Kill List de Ben Wheatley

Alors que le cinéma britannique peine à se distinguer depuis quelques années, il faudrait surveiller Free Fire (en français Hostiles et armés), qui prendra l’affiche vendredi à Montréal et Québec. Encore peu connu du grand public, son créateur Ben Wheatley est possiblement l’un des réalisateurs les plus en vue au Royaume-Uni actuellement, s’attirant de film en film une horde de fans de plus en plus grande surveillant attentivement son travail en marge des grandes productions hollywoodiennes.

Ben Wheatley, réalisateur, scénariste, monteur

Né en 1972 dans la grande banlieue londonienne, Wheatley est à la fois réalisateur, scénariste et monteur. Dans les années 2000, en compagnie de son amoureuse Amy Jump (qui deviendra sa coscénariste), il se fait un nom sur Internet grâce à plusieurs clips viraux qui l’amèneront à travailler pour la télé de la BBC à quelques reprises. Puis en 2009, il réalise son premier long métrage, Down Terrace, une comédie noire à petit budget, tournée en huit jours, mais qui profitera à la suite de son lancement d’un bouche à oreille favorable l’amenant à être distribué à l’échelle mondiale, même au Québec.

Fort du succès d’estime obtenu pour cette première réalisation, Ben Wheatley bosse rapidement sur un deuxième projet, Kill List, un thriller sombre, presque malsain, tablant sur un personnage central sanguinaire, un ex-militaire devenu tueur à gages qui se retrouve au cœur d’une enquête qui l’amènera à découvrir une secte au culte sacrificielle. Sorti en 2011, Kill List fait penser à The Wicker Man et à The Blair Witch Project, version polar post-traumatique.

Dès lors, les amateurs d’étrangetés filmiques s’arrachent le DVD, attendant avec impatience l’opus suivant du cinéaste qui est déjà annoncé, Sightseers, une comédie absurde et morbide qu’il lancera l’année suivante en 2012. Au même moment, on fait aussi appel à son talent de metteur en scène en lui offrant la réalisation de l’un des sketches du long métrage d’horreur The ABC’s of Death, ce que Wheatley fera tout en planchant sur A Field in England, (hélas toujours inédit ici), un long métrage historique et cruel scénarisé par sa conjointe. Les deux années suivantes, Wheatley les passe à produire le projet le plus ambitieux de sa jeune carrière, soit High-Rise, l’adaptation filmique (encore scénarisée par Amy Jump) du livre dystopique éponyme de l’auteur J. G. Ballard (Crash). Dans cette production d’anticipation teintée de psychédélisme, la direction artistique et la direction photo sont tout simplement époustouflantes. Aux côtés de Sienna Miller, d’Elisabeth Moss et de Jeremy Irons, Tom Hiddleston se retrouve au centre d’une histoire vertigineuse dans un immeuble où tous les personnages qui y vivent disjonctent tour à tour dans un contexte très seventies.

La réputation de Ben Wheatley n’est maintenant plus à faire dans le milieu. Avec sa bande-annonce sous tension, sa nouvelle réalisation Free Fire rappelle l’univers des films de gangsters des années 70 et aussi, de par son lieu de tournage, un entrepôt, le Reservoir Dogs de Tarantino. L’histoire tourne autour d’une transaction d’armes qui vire à la fusillade. Brie Larson (Room), Cillian Murphy, Sam Riley et Armie Hammer sont au générique du film que les amateurs de sensations fortes ont bien hâte de déguster.

Cézanne, Zola et Rabbi Jacqueline

Guillaume Gallienne et Guillaume Canet dans Cézanne et moi réalisé par Danièle Thompson

Les films historiques français ont souvent la cote auprès des spectateurs autant en France qu’ici. Encore plus quand ils ont une saveur biographique. Dans la dernière réalisation de Danièle Thompson, Cézanne et moi (en salle le 21 avril), nous avons même droit à deux récits biographiques historiques, celui du peintre Paul Cézanne et celui de l’écrivain Émile Zola, tous deux unis par une amitié forte s’étalant sur de nombreuses années à la fin du XIXe.

Guillaume Canet prête ses traits à Zola et Guillaume Gallienne (révélé dans Les Garçons et Guillaume, à table! et dans Yves Saint Laurent) à Cézanne. Rencontrés récemment lors des entrevues promotionnelles organisées par UniFrance, Gallienne et Danièle Thompson affirment tous deux que cette longue amitié méconnue méritait certainement d’être transposée au cinéma à cause de  sa couleur particulière, du caractère bouillant des deux artistes ayant marqué leur époque et de par leurs destinées opposées. En effet, le talent de Cézanne fut reconnu après son décès alors que Zola, lui, était depuis longtemps devenu un incontournable du milieu littéraire français.

Voici ce qu’avait à ajouter la réalisatrice Danièle Thompson sur son sixième long métrage, elle qui a aussi scénarisé près de vingt films dont La Grande Vadrouille et Les Aventures de Rabbi Jacob réalisés par son défunt père Gérard Oury.

Édition Le Clap : Qu’est-ce qui vous intéressait à la fois chez Cézanne et chez Zola pour en faire un film?

Gallienne et Thompson en plein tournage

Danièle Thompson :  Leur amitié avant tout. Mon film, ce n’est pas purement et simplement un biopic, mais plutôt l’histoire de cette amitié entre deux hommes à travers un long tronçon de vie, de l’enfance jusqu’à la fin de la quarantaine. Ce sont deux grands artistes du XIXe, le plus grand siècle pour ce qui est de la littérature et de la peinture en France. C’est à la fois un récit sur la difficulté de garder l’amitié, un problème aussi difficile que de garder l’amour très longtemps parce que l’amour est une fusion entre deux personnes. Mais l’amitié, elle, est pleine d’embûches avec ce que la vie apporte comme choix politiques, artistiques, amoureux, et professionnels et qui peuvent tous nous séparer.

É.L.C. : Cette amitié unit deux artistes qui ne viennent pas du même milieu et qui ne vivront pas au même moment la reconnaissance du public et de leurs pairs. Ça devient le moteur du film, non?

D.T. : Oui, car les deux trajectoires sont vraiment intéressantes. L’un vient d’un milieu bourgeois, l’autre d’un milieu crève la faim et pourtant les destinées de Cézanne et de Zola vont s’inverser. Zola va vivre de sa plume et se plaira à devenir peu à peu bourgeois. Cézanne lui, se marginalise, il rejette l’aristocratie et vit dans une quasi-misère. Tout est inversé. Le succès vient rapidement à l’un et ne viendra jamais à l’autre de son vivant. Il faut dire qu’avec son caractère, ce n’était pas facile d’apprécier Cézanne. Aujourd’hui, on le mettrait dans la catégorie des personnes bipolaires. De plus, son art était incompris. Zola, lui, vivra aussi des difficultés, mais plus tard avec l’affaire Dreyfus, une histoire qui a divisé la France de l’époque et qui l’obligera à s’exiler. D’ailleurs, sa mort serait peut-être en réalité un assassinat. Mais bref, ce sont deux êtres dotés d’une grande force artistique et d’une touchante fragilité. C’est ce que je voulais aborder dans mon film.

É.L.C. : Récemment, vous avez fait la manchette quand les médias ont annoncé que vous planchiez sur Rabbi Jacqueline, la suite de Rabbi Jacob. Qu’en est-il?

D.T. : Ce n’est pas un Rabbi Jacob 2, mais une suite distancée se déroulant 40 ans plus tard avec au centre un personnage féminin. Jul, mon coscénariste (scénariste des nouvelles BD de Lucky Luke), et moi avons imaginé ce qui se passerait aujourd’hui avec les enfants et les petits-enfants des personnages du film, de Victor Pivert, de Slimane, de la famille Schmoll et de Rabbi Jacob, tous évoluant dans le monde d’aujourd’hui. Ce sera évidemment très différent de l’époque du premier, et ce, même si certains conflits sont toujours actifs. La civilisation moderne avec ce mélange des communautés est toujours un fort beau sujet, mais c’est aussi un domaine très complexe. J’ai écrit Rabbi Jacob à l’époque avec mon père et on a bossé comme des malades sur le scénario, donc je sais que ce qui nous attend et ce n’est pas simple. Les gens aiment tant ce film, c’est un petit chef-d’œuvre, c’est devenu un monument historique du cinéma, alors nous devons faire très attention en réalisant Rabbi Jacqueline. Le scénario n’est pas encore terminé et on s’entend pour dire qu’on ne le tournera que si on est entièrement satisfait de l’histoire.

Avril au grand écran

Poésie sans fin, film réalisé par Alejandro Jodorowsky

Que nous réserve le mois d’avril en nouveautés cinématographiques? Avril, un mois qui précède l’invasion américaine composée de blockbusters estivaux et qui laisse place à des œuvres disparates mais qu’il ne faudrait pas mettre de côté pour autant, car les surprises peuvent être nombreuses. Voici dix titres sélectionnés pour ce mois qui verra aussi sortir au grand écran le huitième volet de Fast and Furious 8, l’étonnant documentaire La Sociologue et l’ourson et deux drames québécois multiculturels, L’Autre Côté de novembre et Boost.

1- L’Économie du couple : Voilà un drame touchant, parfois cruel et dérangeant, porté par deux acteurs formidables, Bérénice Bejo et Cédric Kahn. Un couple se sépare. Au cœur de cette rupture, il y a les enfants, la maison et aussi, inévitablement, une question d’argent. Une réalisation empreinte d’humanisme. Date de sortie prévue : 7 avril.

Antoine Bertrand et Omar Sy dans Demain tout commence

2- Demain tout commence : Omar Sy insuffle une belle dose d’énergie  et de tendresse à son personnage de séducteur qui doit apprendre à devenir un père de famille attentionné dans cette réalisation d’Hugo Gélin (fils de Daniel). Antoine Bertrand s’amuse à livrer des répliques avec accent français dans cette jolie comédie douce amère tournée à Londres. Date de sortie prévue : 7 avril.

3- C’est le cœur qui meurt en dernier : Adaptation d’un roman de Robert Lalonde, ce film d’Alexis Durand Brault (La Petite Reine) pénètre dans l’univers d’un auteur dont le roman biographique dresse le portrait d’une famille meurtrie par un lourd secret. Au cœur de ce drame, Denise Filiatrault incarne avec beaucoup de panache et de drôlerie une aînée acariâtre aux prises avec la maladie d’Alzheimer. Date de sortie prévue : 14 avril.

4- X Quinientos (X500): Cette coproduction réalisée par Juan Andrés Arango (La Playa DC) a été tourné en Colombie, au Mexique et au Canada, autour de trois personnages à la recherche d’une identité propre. Avec ses images de l’underground latino-américain, le film navigue avec brio entre la fiction et le documentaire. Date de sortie prévue : 14 avril.

5- Poésie sans fin : Alejandro Jodorowsky est de retour avec cette suite de La Danse de la réalité. Jodo nous raconte son adolescence à Santiago, au Chili, à travers sa découverte de la poésie et ses différentes rencontres artistiques locale dans le Chili du milieu du XXe siècle. Des scènes teintées de réalisme magique et un humour absurde autour des déshérités du monde sont au rendez-vous. Date de sortie prévue : 28 avril

6- Colossal : Une jeune femme constate qu’elle est interconnectée à un monstre géant qui est en train de détruire Tokyo. Anne Hathaway se retrouve aux côtés d’un Godzilla de pacotille dans cette comédie fantastique signée par l’Espagnol Nacho Vigalondo. On est franchement curieux de voir le résultat! Date de sortie prévue : 21 avril.

7-F ree Fire (Hostiles et armés) : Le Britannique Ben Wheatley est en train de devenir l’un des cinéastes les plus originaux et prisés du moment. Naviguant aussi bien dans la comédie, le film noir ou d’anticipation, Wheatley nous présente cette fois-ci une œuvre carabinée qui rappelle avec sa bande-annonce sous tension le Reservoir Dogs de Tarantino ou les premiers films de Guy Ritchie. Date de sortie prévue : 21 avril.

8- The Lost City of Z : James Gray adapte le roman d’aventures de David Grann, une épopée amazonienne des plus mystérieuses avec, à son générique, Charlie Hunnam (Sons of Anarchy) et Robert Pattinson. Le film le plus intrigant du printemps. Date de sortie prévue : 21 avril.

9- The Promise : Christian Bale, Oscar Isaac et Charlotte Le Bon sont regroupés dans cette fresque d’aventure romanesque située en 1922 dans l’Empire ottoman. Un scénario qui peut goûter la guimauve, mais des interprètes qu’on adore, fort heureusement. Date de sortie prévue : 14 avril.

10- Dalida : Lisa Azuelos (la fille de Marie Laforêt) a concocté un long métrage biographique littéralement porté par le rythme des plus grands succès de la défunte chanteuse. Gloire internationale sur fond d’amours tristes, voilà en résumé l’histoire de cette idole de la chanson. Date de sortie prévue : 28 avril.

Joachim Lafosse, en couple avec le cinéma!

L’Économie du couple, film réalisé par Joachim Lafosse

L’un sinon le meilleur des films européens (coproduction France-Belgique) de ce début d’année prendra l’affiche vendredi 7 avril à Québec et a pour titre L’Économie du couple, une septième réalisation signée par le Belge Joachim Lafosse.

Rencontré plus tôt cette année dans le cadre de la promotion de son film pour UniFrance, le cinéaste, dont la carrière semble marquée par la production de plusieurs drames familiaux nourris aux guerres intestines (Nue propriété, À perdre la raison), a fait preuve durant l’entretien d’une belle humilité mais aussi, et surtout, d’une fine intelligence sur sa façon d’exercer son métier et d’embrasser des sujets difficiles pour les porter avec soin au grand écran.

Joachim Lafosse, réalisateur

Celui qui est également scénariste, dramaturge et metteur en scène se révèle être un fort habile directeur d’acteurs, Bérénice Bejo et Cédric Kahn décrivant aux journalistes toute l’efficacité et la précision de Lafosse sur un plateau, le dépeignant comme un réalisateur réglant au quart de tour chacune des scènes, multipliant les prises et laissant parfois place à une improvisation tout à fait justifiée dans des séquences aux ambiances plus viscérales. L’Économie du couple nous fait entrer dans un univers qui se désagrège, celui d’un couple de parents formé de Marie et Boris, qui se sépare après de nombreuses années de vie commune, et ce, sur fond de disputes tournant autour des enfants, de la maison et surtout de l’argent. Voici ce que Joachim Lafosse avait à dire au sujet de son fort beau film, une œuvre parfois douloureuse mais tout à fait réussie.

Éditions Le Clap : Votre long métrage nous présente un couple qui se déchire autour de l’argent notamment. Comment est née cette nouvelle aventure cinématographique dont vous cosignez aussi le scénario?

Joachim Lafosse : Ça faisait très longtemps que j’avais envie de faire un film sur le couple, de mettre en scène une crise conjugale. Je vous dis ça, car mon envie de faire du cinéma vient de Kramer contre Kramer. Quand mes parents se sont séparés, on ne parlait pas du divorce et quelques semaines après la séparation, on a vu Kramer contre Kramer. Plus de quinze ans après, je me suis souvenu de la discussion que le long métrage avait engendrée et ce jour-là j’ai décidé de faire du cinéma. En fait, je me suis rendu compte qu’un film nous avait permis à la maison de parler de nous sans avoir à dire que c’était nous. De parler de ce qui se passait, mais pudiquement. Ce qui, je pense, est la fonction essentielle du cinéma de la littérature et du théâtre. Aussi, je suis un fan absolu de Qui a peur de Virginia Woolf? avec Elizabeth Taylor et Richard Burton. J’adore les acteurs et je rêvais d’avoir un scénario qui me permette de mettre en scène un dispositif  similaire à ce film c’est-à-dire des acteurs dans un lieu unique et une mise en scène qui se consacre à l’essentiel.

E.L.C. : Comment résumez-vous la façon dont vos personnages nous sont présentés, ancrés dans la modernité des relations hommes-femmes d’aujourd’hui?

J.L. : Au départ, lors de l’écriture du film, il y a une chose qui nous intéressait. Le monde évolue et le féminisme, par ses luttes, a mené à des progrès, ce qui fait qu’aujourd’hui il y a de plus en plus de couples où la femme gagne mieux sa vie que l’homme. Mais en fait, ce progrès n’est pas encore tout à fait acquis, car c’est parfois une difficulté de plus pour ses hommes qui arrivent péniblement à aimer des femmes qui gagnent plus qu’eux. Et ça, pour nous, c’était un très beau sujet de film.

E.L.C.: Et de quelle façon réussit-on à vendre à des producteurs, puis à un public, une œuvre qui se concentre sur une crise conjugale?

Cédric Kahn et Bérénice Bejo

J.L. : C’est le scénario qui a fait tout le travail. Dès la lecture de celui-ci, tout le monde disait « ouais, mais c’est ma vie ça, je connais quelqu’un, un voisin ou mon frère qui a vécu ça, ou moi-même j’ai vécu avec quelqu’un et on a eu des problèmes de fric, on s’est engueulés autour de l’argent ». C’est ça qui donnait envie aux gens de faire le film. C’était d’ailleurs incroyable quand on tournait les scènes, j’entendais l’équipe autour de moi qui faisait constamment des commentaires. Ils se reconnaissaient là-dedans. Après, ça ne veut pas dire que le public va venir voir le film. Le cinéma européen accepte heureusement encore la création de ce type de film, après il faut convaincre le public de venir le voir. Il y a deux manières d’aller au cinéma; on peut y aller pour se distraire ou pour se regarder dans le miroir. Je suis très ému quand j’entends les gens me dire que c’est un film qui ne donne pas envie de se séparer. Que c’est un film qui donne envie de comprendre ce qui ne va pas et de résoudre, de dénouer. Je préfère passer une heure et demie à réfléchir à ses questions et apprendre des choses sur la façon dont on peut les dénouer que de vivre un enfer à la maison.

E.L.C. : Quel aspect de votre métier préférez-vous, de la scénarisation au tournage en passant par le montage et la sortie du long métrage?

J.L.: Réalisateur, c’est un métier incroyable qui me plaît de plus en plus. C’est un lieu  commun ce que je vais vous dire, mais si vous êtes curieux dans la vie et que vous aimez les arts, c’est le métier idéal, car c’est celui qui rassemble tous les arts. C’est inouï! On peut être passionné de musique et du coup amener de la musique dans son film. On peut aimer l’écriture, la littérature, adapter un roman, puis être passionné de peinture, d’arts plastiques quand il est question de décors. Ce sont les mêmes interrogations qui surviennent. Et puis les acteurs, c’est tellement mystérieux, énigmatique. Moi, je ne me lasse pas et j’aurais tendance à dire que je souhaiterais qu’il y ait de plus en plus de cinéastes et que les gens fassent de plus en plus de films parce que ça nous rend meilleur.

Le plus beau titre de film de l’année

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Réparer les vivants vient de prendre l’affiche au Clap. Ce film, réalisé par Katell Quillévéré, possède assurément le plus beau titre de l’année, titre du roman dont il tire son origine, une œuvre signée Maylis de Kerangal. Le long métrage qui en découle met en vedette une pléthore d’acteurs provenant de différents horizons et interprétant, pour plusieurs d’entre eux, des rôles étonnants et détonnant des castings habituels qui leur sont dévolus.

La jeune et brillante cinéaste Katell Quillévéré (Un poison violent, Suzanne), a réuni autour de cette histoire touchante de don d’organes, les Québécoises Anne Dorval et Monia Chokri, le Belge Bouli Lanners et les Français Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Alice Taglioni et Dominique Blanc. Rencontrée récemment lors d’une journée de promotion à Paris, la réalisatrice a bien voulu revenir sur son troisième long métrage, au titre fort et puissant, qu’elle signe avec énormément de panache et de doigté.

Le Clap : Comment résumez-vous l’histoire de Réparer les vivants?

Katell Quillévéré : C’est l’odyssée d’un cœur, c’est le voyage d’un cœur, du corps d’un être qui va perdre la vie vers celui d’une femme qui attend ce cœur pour prolonger sa vie. Et à travers ce voyage, on explore toutes les émotions qui traversent ceux qui font partie de la chaîne et qui aident à ce que cette vie soit prolongée.

LC : Quelle est la principale différence entre le livre et votre film?

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Anne Dorval

K.Q. : La plus grande différence se retrouve autour du personnage joué par Anne Dorval, une histoire très peu développée dans le roman. Moi, j’ai décidé de lui donner plus de place car, dans le livre, son histoire n’était que symbolique. C’était tout simplement celle qui reçoit le cœur. J’ai voulu lui donner plus d’importance, plus de scènes, afin de faire en sorte qu’on connaisse mieux cette femme, mais aussi ses enfants et son histoire d’amour.

L.C. : Pourquoi avoir choisi deux Québécoises, Monia Chokri et Anne Dorval, pour jouer dans un film où les personnages sont français.

K.Q. : Monia, je l’avais vu dans les films de Xavier Dolan évidemment, mais c’est surtout dans Gare du nord de Claire Simon qu’elle m’a éblouie dans le rôle d’une agente immobilière. Elle y était très forte et là j’ai eu l’idée de lui donner le rôle de l’infirmière. Anne, je l’ai découverte dans les films de Xavier aussi et dans Mommy, j’ai pris la mesure de l’actrice immense qu’elle était. En plus, dans sa catégorie d’âge, c’est l’actrice qui m’a le plus bouleversée, et ce, depuis longtemps.

L.C. : Pendant que Monia et Anne jouent des Françaises, il y a Bouli Lanners et Tahar Rahim en médecins. Ici, on est presque dans le contre-emploi si on regarde les rôles qu’ils ont tenu de façon générale au cinéma. C’était voulu?

K.Q. : J’ai un grand amour des acteurs et une grande confiance en eux. Je ne me pose jamais la question, je les choisi pas en fonction de ce qu’ils ont déjà fait. Je pars du principe qu’un acteur, s’il est bon, il peut tout faire en fait, et j’ai plutôt envie, chaque fois, de les amener à un endroit où ils ne sont jamais allés. C’est un risque à prendre, mais si on ne prend pas de risque, on risque de ne pas faire un bon film. C’est ce qui va donner de la force, de la puissance au récit de redécouvrir un acteur dans un autre registre. Et je crois que ça fait partie de notre mission comme cinéaste.

L.C. : Il y a comme plusieurs films dans Réparer les vivants, voir diverses types de mises en scène. Ça commence avec le film sportif et adolescent, puis le mélodrame et enfin l’œuvre clinique, médicale, non?

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Katell Quillévéré, réalisatrice.

K.Q. : Tout à fait. Avec mon chef opérateur, on a conçu l’esthétique du film en amont et c’est donc un long métrage qui assume ces changements de ton. Je voulais faire un récit qui mue. Ça part du teenage movie à hauteur des adolescents, une histoire fauchée par la mort et qui se confronte à une réalité beaucoup plus brute. Puis, la vie reprend è travers un mélodrame avec l’arrivée du personnage joué par Anne Dorval et inspiré par Douglas Sirk et James L. Brooks. Enfin, on rebascule une dernière fois avec la chirurgie. C’était quelque chose de très réfléchi. Évidemment, la scène de greffe, j’y ai pensé, j’était gêné même à la base. Alors, j’ai assisté à une greffe du cœur afin de mieux comprendre tout ça. C’était une expérience très forte pour moi. Voir ce cœur posé dans un corps étranger et se remettre à battre, c’était tellement beau et fort, pas du tout gratuit. Là, j’ai pris la mesure du point de vue scientifique, mais aussi existentiel. Je me suis rendu compte à quel point on est renvoyé au mystère de l’existence. C’est le cœur du film.

L.C. : Quelle facette de votre métier aimez-vous le plus?

KQ. : Le tournage! Parce que c’est quelque chose qui a à voir avec le direct, le vivant. C’est n’est pas si loin d’une opération chirurgicale même. On a beaucoup travaillé avant de tourner, presque deux ans et là, ensuite, il faut lâcher prise, accueillir la météo, la proposition d’un acteur. Il faut rentrer la vie sur un tournage, c’est presque une discipline enrichissante. Et j’adore être en groupe, partager un tournage avec ceux que j’aime. Et faire un film, c’est se battre longtemps, alors j’attache beaucoup d’importance au moment où je le fabrique. On ne maîtrise pas grand-chose sur le résultat de tout ça, à savoir s’il sera bien accueilli, s’il marchera en salle. Donc, j’essaie de prendre le plus de plaisir possible, car c’est tout ce qui me restera au final. J’essaie de partager le plus de choses lors du tournage, car c’est là que je puiserai l’énergie pour en faire un autre.

Mars, mois de tous les possibles

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Paterson de Jim Jarmusch

Mars arrive et avec lui le printemps, ou du moins le début de… Et l’arrivage de films qui vient avec est alléchant et rend la tâche d’en choisir dix des plus difficiles. Ainsi, mars sera le mois où sortiront, entre autres, L’Odyssée, la biographie du commandant Cousteau dotée d’images somptueuses des fonds marins, Logan où nous verrons pour une dernière fois Hugh Jackman dans la peau de Wolverine, l’émouvant drame Réparer les vivants avec Anne Dorval, La Belle et la bête avec Emma Watson, le dessin animé La Vie de Rosie qui n’est pas rappeler Persepolis, l’efficace thriller boursier L’Outsider, et Wilson l’adaptation filmique de la BD de Daniel Clowes. Ouf! Et maintenant, en voici dix autres qui, selon moi, sont à mettre en priorité dans votre calendrier de sorties au cinéma :

1- Ma vie de Courgette : Ce film d’animation d’à peine 1 h 15 est des plus touchants. Il raconte l’histoire d’enfants orphelins ou à problèmes qui apprendront les uns des autres. En plus de nous tirer quelques larmes, cette réalisation de Claude Barras est visuellement de toute beauté. Date prévue de sortie en salle, le 3 mars.

2- Papa ou maman 2 : Sans renouveler le genre, cette comédie est des plus efficaces et s’avère même plus hilarante que son premier volet. Laurent Lafitte et Marina Foïs se complètent à merveille dans le rôle des deux ex qui s’affrontent à qui mieux mieux durant 90 minutes. Date prévue de sortie en salle, le 3 mars.

3- Paterson : Dans le rôle de Paterson, un conducteur d’autobus poète à ses heures, Adam Driver aurait dû se retrouver aux Oscars. Rarement a-t-on su illustrer la poésie au grand écran comme le fait ici le cinéaste Jim Jarmusch, filmant avec tendresse la ville portant le même nom que le personnage principal. Date prévue de sortie en salle, le 3 mars.

4- Kong – Skull Island : Une xième version de King Kong? Eh oui! Et le pire, c’est que l’enfant en426558.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxx nous, toujours friand d’aventures exotiques et de bêtes mythiques, sera au rendez-vous. Date prévue de sortie en salle, le 10 mars.

5- La Mécanique de l’ombre : Voici un thriller énigmatique doté d’une trame narrative toute simple, centrée sur un quidam joué par François Cluzet pris au piège dans une histoire d’espionnage rappelant celle des Trois jours du Condor. Date prévue de sortie en salle, le 17 mars.

6- Tuktuq : Robin Aubert réalise ce film nordique en se donnant le rôle d’un caméraman envoyé dans un village du nord du Québec pour y capter la vie de ses habitants au quotidien. Les conversations téléphoniques entre le caméraman et le sous-ministre cynique qui l’a engagé (joué par Robert Morin) valent à elles seules le prix du billet de cinéma. Date prévue de sortie en salle, le 24 mars.

7- Trainspotting 2 : Toute l’équipe est de retour dans cette nouvelle aventure. Que dire sinon que cette suite nous l’attendions avec impatience, du moins pour nous, fans invétérés du premier volet, une œuvre survoltée qui marqua l’imaginaire de toute une génération avec ses personnages stéréotypés, ses images euphorisantes et glauques et sa musique rock de circonstance. Date prévue de sortie en salle, le 24 mars.

8- Life : L’équipage d’une navette spatiale (avec Jake Gyllenhaal et Ryan Reynolds à son bord) découvre une forme de vie extraterrestre à bord d’une capsule de retour d’une expédition leconomie_du_couplescientifique sur la planète Mars. La bande-annonce fait penser au premier Alien, donc les attentes sont grandes. Date prévue de sortie en salle, le 24 mars.

9- L’Économie du couple : Voilà un drame touchant, fort mais parfois cruel et dérangeant, porté par deux acteurs formidables, Bérénice Bejo et Cédric Kahn. Un couple se sépare. Au cœur de cette rupture, il y a les enfants, la maison et aussi, inévitablement, l’argent. Date prévue de sortie en salle, le 31 mars.

10- Ghost in the Shell : On se souvient du dessin animé japonais. Voici maintenant la version humaine et survitaminée d’effets spéciaux, avec Scarlett Johansson en tête d’affiche. Projet à haut risque. Date prévue de sortie en salle, le 31 mars.

On se laisse avec la bande annonce de Ma vie de Courgette, film qui fait l’ouverture du Festival de cinéma en famille de Québec, événement devenu incontournable durant la relâche scolaire et qui se déroule dans plusieurs lieux (dont le Clap) jusqu’au 12 mars.

La rentrée québécoise au grand écran

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Marie-Josée Croze dans Iqaluit de Benoît Pilon

Nous ne sommes qu’au début du mois de février et déjà six fictions québécoises ont pris l’affiche en salle en 2017 (Père fils thérapie!,  Mes nuits feront écho, Nelly, Maudite poutine, Louise en hiver, Ceux qui font la révolution à moitié ne font que se creuser un tombeau). Le Cyclotron d’Olivier Asselin  s’ajoutera à cette liste au cours des prochains jours. Si l’on jette un œil aux mois de mars, avril et mai, quels sont les autres productions locales qui atterriront sur nos écrans? Voici un bref portrait des œuvres de fiction, fort variées et souvent coproduites, prévues au programme.

Ça sent la coupe : Réalisée par Patrice Sauvé et avec Louis-José Houde dans le rôle principal, cette comédie romantique sur fond de saison de hockey est l’adaptation du roman de Matthieu Simard.

Iqaluit : Film de Benoît Pilon dont l’action se situe dans le village nordique du même nom où un personnage joué par Marie-Josée Croze se voit dans l’obligation de se rendre au chevet de son conjoint (François Papineau) gravement blessé.

Tuktuq : Signé Robin Aubert, ce long métrage dépeint un récit kafkaïen se déroulant lui aussi dans un village du Grand Nord québécois.

Ballerina : Film d’animation enjoué et ludique, coproduit avec la France, qui nous transporte dans le Paris de la fin du XIXe autour du rêve d’une jeune fille de danser à l’Opéra de Paris dans Casse-095823.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxxnoisette. (la sortie est devancée au 24 février)

L’autre côté de novembre : Drame identitaire écartelé entre le Québec et le Liban, avec Arsinée Khanjian (l’épouse et muse d’Atome Egoyan), Marc Labrèche et Pascale Bussières, endossant tous l’uniforme de neurochirurgiens.

Un jour mon prince : Comédie romantique coproduite autour du mythe du prince charmant et replacée dans le contexte d’aujourd’hui avec deux fées (Sarah-Jeanne Labrosse, Mylène Saint-Sauveur) envoyées en mission à Paris.

Y’est où le paradis: Denis Langlois (L’Énigme James Brighton) nous offre un film sur un frère et une sœur, déficients intellectuels, faisant face au décès de leur mère. Avec Maxime Dumontier et Marine Johnson.

Le Problème d’infiltration : Le « Robert Morin nouveau » met en scène un personnage, joué par Christian Bégin, qui a tout pour être heureux, mais qui verra son bonheur se fissurer peu à peu.

X Quinientos : On suit dans cette coproduction entre le Canada, la Colombie et le Mexique, la 285393.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxxdestinée de trois personnages en deuil qui entreprennent une véritable métamorphose physique.

Un sac de billes : Autre coproduction avec la France, réalisée par Christian Duguay, racontant les aventures de deux jeunes frères juifs livrés à eux-mêmes dans la France occupée. Sortez vos mouchoirs!

C’est le cœur qui meurt en dernier : Adaptation d’un roman éponyme de Robert Lalonde, ce drame réalisé par Alexis Durand-Brault marque le retour au grand écran à titre d’actrice de Denise Filiatrault.

Et au pire, on se mariera : Léa Pool adapte le fort et puissant roman de Sophie Bienvenu portant sur une adolescente éperdument et innocemment amoureuse.

Bon Cop Bad Cop 2 : Les premières images du film nous donnent à penser que ce deuxième opus, mettant toujours en scène les enquêteurs joués par Patrick Huard et Colm Feore, aura du panache et proposera de l’humour de situation à volonté. Les propriétaires de salle salivent déjà.

Enfin, d’ici juin, les productions françaises et américaine, Demain tout commence (Antoine Bertrand), Réparer les vivants (Anne Dorval, Monia Chokri) et The Bleeder (Philippe Falardeau) mettront elles aussi en évidence le talent d’ici, devant ou derrière la caméra. À suivre!

 

Février 2017 en 10 titres

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Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau

Pendant que Lego Batman le film et John Wick 2 prendront d’assaut en février les « écrans pop-corn », de nombreux longs métrages seront lancés en ayant comme but de nous faire sentir le cœur  joyeux, de nous bouleverser d’émotion ou encore nous divertir intelligemment. Sans être snob (le premier John Wick était réussi dans le genre), voici ma sélection personnelle des dix films à voir au cours du mois le plus court de l’année.

Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau : Quel titre! On parle ici d’un film radical, engagé, unique. C’est du moins la rumeur qui court sur ce deuxième long métrage réalisé conjointement par Mathieu Denis et Simon Lavoie, et ce, après le singulier Laurentie. De jeunes acteurs interprètent les quatre personnages principaux au cœur de ce drame portant sur l’après printemps érable. Date prévue de sortie en salle : 3 février.

Rings (Les Cercles) : Une suite (troisième volet américain) que les amateurs de films d’horreur n’attendaient plus. Le premier est resté en mémoire longtemps avec ses scènes cauchemardesques. Tellement, que nous sommes nombreux à avoir vu par la suite l’original japonais pour mieux comprendre le phénomène Ring. Fuyez! La terrifiante Samara est de retour. Date prévue de sortie en salle : 3 février.

Le Cyclotron : Olivier Asselin ne fait pas les choses comme tout le monde. Son cinéma est éclaté, détonnant et souvent porté par un humour fort délicat, souvenons-nous de La Liberté d’une statue ou bien d’Un capitalisme sentimental. Sa cyclotron_affichenouvelle création se déroule autour de la mécanique quantique, de Nazis et de scientifiques dans un train, en pleine Seconde Guerre mondiale. La curiosité du mois assurément. Date prévue de sortie en salle : 10 février.

Le Client : Aménageant dans un nouveau logement, un couple voit son quotidien perturbé par la visite du client d’une prostituée qui habitait les lieux auparavant. Mis en scène par le cinéaste iranien Asghar Farhadi, à qui l’on doit Une séparationLe Client propose une autre histoire psychologiquement tordue, brillamment scénarisée et qui porte à réflexion. Date prévue de sortie en salle : 10 février

The Great Wall (La Grande Muraille) : Autant ses drames intimistes que ses grandes fresques historiques sont toujours fort attendus par les fans du cinéaste chinois Zhang Yimou (Vivre, Héros). Sa plus récente œuvre est à saveur aussi épique que fantastique et a comme but de connaître un succès à l’international. C’est pourquoi vous y trouverez une légion de créatures fantastiques et aussi un acteur du nom de Matt Damon. Date prévue de sortie en salle : 17 février.

L’Odyssée : Fort belle idée que de nous présenter, enfin, un film sur la vie du commandant Cousteau, célèbre pour ses images sous-marines tournées à travers le monde. L’intérêt pour ce biopic est également de mieux comprendre les relations houleuses que l’explorateur, incarné par Lambert Wilson, a entretenues avec l’un de ses fils joué par Pierre Niney. Date prévue de sortie en salle : 17 février.

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Toni Erdmann

Toni Erdmann : Voici un OVNI allemand qui a séduit la presse internationale à Cannes l’an passé. Cette comédie absurde sur le bonheur semble étrange au plus haut point. Pourtant, de façon unanime, on a souligné la belle irrévérence du personnage principal qui tente désespérément, en prenant les traits d’un personnage loufoque, d’humaniser sa fille devenue une carriériste rigide et froide. Date prévue de sortie en salle : 17 février.

A Cure for Wellness (Cure de bien-être) : Un jeune cadre part à la recherche de son patron, disparu dans un centre de santé en Suisse. Sur place, on lui diagnostique une étrange maladie affectant tous les patients de l’institut. Son cauchemar ne fait alors que commencer. Gore Verbinski est aux commandes de ce thriller angoissant et délirant. Date prévue de sortie en salle : 17 février.

Ça sent la coupe : Louis-José Houde devient dans ce long métrage un passionné de hockey qui remet sa vie en question au moment où sa blonde le quitte. Adaptation du roman à succès de Matthieu Simard, cette comédie dramatique signée Patrice Sauvé (La Vie, la vie) cible définitivement les 25-45 ans vivant les aléas du célibat et de la quête amoureuse. Date prévue de sortie en salle : 24 février.

Une vie : Ses deux films précédents, La Loi du marché et Quelques heures de printemps, étaient tous deux formidables. Avec Une vie, Stéphane Brizé embrasse la Normandie du XIXe siècle pour mieux adapter Maupassant, braquant sa caméra sur Jeanne, un personnage féminin fascinant, au cœur d’un récit que ne renierait pas Flaubert ou Thomas Hardy. Date prévue de sortie en salle : 24 février.

La France, l’exception!

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Ce blogue reprend vie après quelques semaines de pause. Ces derniers jours, j’ai eu la chance de me retrouver à Paris à l’invitation d’UniFrance pour y faire plus d’une vingtaine d’entrevues avec des réalisateurs et acteurs français dont les films sortiront ici en février, mars, avril et mai. UniFrance organise chaque année ce rendez-vous réunissant des dizaines de journalistes du monde entier qui, durant quatre jours, réalisent près de 1 500 interviews reliées aux sorties de longs métrages français dans leur pays.

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Omar Sy, Hugo Gélin et Antoine Bertrand pour le film Demain tout commence.

Les efforts de la France pour exporter et donner de la visibilité à leur industrie cinématographique sont énormes. Malgré cela, au Québec, la popularité du cinéma de l’Hexagone n’est pas à son zénith. La période glorieuse associée à des têtes d’affiche comme De Funès, Depardieu, Belmondo, Deneuve est chose du passé. Marion Cotillard, Vincent Cassel ou Omar Sy n’ont pas le même pouvoir d’attraction auprès des cinéphiles québécois que leurs prédécesseurs. Cela dit, la qualité « française », elle, demeure toujours au rendez-vous.

La France représente encore et fort heureusement l’un des maillons les plus forts du cinéma mondial. Plus de 200 longs métrages y sont produits chaque année et même plus en comptant les nombreuses coproductions. C’est moins que les États-Unis évidemment et c’est également moins que l’Inde et le Nigéria qui ont une production titanesque mais destinée au marché local exclusivement. Les films français, eux, voyagent beaucoup et sont incroyablement diversifiés dans les genres, les comédies côtoyant des œuvres plus pointues formant une production hétéroclite et étonnante.

Étonnante car des pays comme l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie et l’Espagne peinent actuellement à produire année après année des films notables autant du point de vue de la 238897.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxxquantité que de la qualité. Alors qu’en Amérique du Nord le cinéma en salle voit sa rentabilité s’effriter si ce n’est des nombreuses suites et films de capes américains, la France, elle, voit son industrie remonter la pente avec ses 213 millions d’entrées en 2016, une hausse de 3,6 % par rapport à 2015, soit le deuxième meilleur résultat depuis 2011 (l’année d’Intouchables) et ses 217 millions de billets vendus. Cela démontre la vitalité du cinéma français sur son territoire même si, inévitablement, ce sont les comédies parfois potaches qui dominent le palmarès des œuvres les plus courues, occupants les trois quarts des quinze premières positions, la quinzième étant celle de Juste la fin du monde. Bref, 35 % du marché en France est l’affaire des films produits localement. Bravo!

Maintenant, il demeure à mon sens prioritaire que le Québec s’intéresse encore à cette production française, par curiosité, par souci d’ouverture et pourquoi pas pour s’en inspirer. Ainsi, au fil des prochaines semaines, vous verrez sur le site Internet du Clap des capsules vidéo mettant en valeur des films français à venir. Ce blogue relatera aussi quelques anecdotes concernant ces réalisations qui se retrouveront au Clap au fil des quatre prochains 331256mois, à commencer par le très beau film d’animation La Tortue rouge.

En terminant, un mot sur les Oscars 2017. Les nominations sont maintenant connues. Si Juste la fin du monde de Xavier Dolan a été exclu, on se doit de souligner que trois des cinq films nommés dans la catégorie Meilleur film étranger (Toni Erdmann, Les Oubliés, Le Client) prendront l’affiche au Clap dans les prochaines semaines. La compétition américaine sera forte cette année de par les nominations obtenues par le power trio formé de Moonlight, La La Land et Manchester By The Sea.

En décortiquant la liste, on est bien heureux de constater la présence d’Isabelle Huppert dans la catégorie Meilleure actrice pour son rôle dans Elle ainsi que des mentions pour Ma vie de courgette et La Tortue rouge dans celle du Meilleur film d’animation. L’ONF est de nouveau cité pour le court métrage d’animation Vaysha l’aveugle de Theodore Ushev, Enfin, un énorme bravo à Denis Villeneuve pour les nombreuses nominations pour Arrival et surtout la sienne à titre de meilleur réalisateur. Le 26 février, nous connaitrons les gagnants!

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Ma vie de courgette, à l’affiche en mars 2017.

 

 

Les 10 incontournables de janvier

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Julieta du réalisateur Pedro Almodóvar

L’arrivage de films en janvier est tout aussi alléchant que celui de décembre dernier. Dans l’espoir d’égaler en qualité les Moonlight, Lion, Manchester by the Sea et La La Land du mois dernier, les bonzes du 7e art proposeront dans les prochaines semaines des œuvres internationales pas piquées des vers. Pendant que Michael Keaton jouera celui qui flaira la bonne affaire avec les McDo (The Founder), que M. Night Shyamalan lancera Split, son nouveau thriller, que l’ONF nous fera découvrir le combat de femmes kurdes avec Gulîstan et que deux films de « monstres » fort différents prendront l’affiche (Monster Trucks et A Monster Calls), 10 autres longs métrages fort appétissants, dont plusieurs sont des portraits de femmes, se disputeront les faveurs des cinéphiles.

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Liam Neeson dans Silence de Martin Scorsese

Silence : Le nouveau cru de Martin Scorsese est plus qu’attendu. Campée dans le Japon du XVIIe siècle, cette aventure mystique de plus de 2 h 30 met en vedette Liam Neeson, Andrew Garfield et Adam Driver dans une quête qui, dans sa mise en images, n’est pas sans rappeler le très beau Mission de Roland Joffé. Date prévue de sortie en salle le 13 janvier.

Hidden Figures (Les Figures de l’ombre) : Cette œuvre à saveur biographique relate avec une certaine bonhomie l’histoire véridique et surtout méconnue de scientifiques afro-américaines ayant joué un rôle primordial pour la NASA dans les années 60 lors de la mise en orbite de la capsule qui avait à son bord le défunt John Glenn. Date prévue de sortie en salle le 6 janvier.

Patriots Day (Le Jour des patriotes) : Mettant en vedette Mark Wahlberg et Kevin Bacon, ce suspense revient sur l’attentat à la bombe survenu lors du marathon de Boston en 2013 et sur la chasse à l’homme qui s’en est suivie. Au menu, action et émotion. Date prévue de sortie en salle le 13 janvier.

Le Client : Aménageant dans un nouveau logement, un couple voit son quotidien perturbé par le client d’une prostituée qui habitait les lieux auparavant. Mis en scène par le cinéaste iranien Asghar Farhadi, à qui l’on doit Une séparation, Le Client propose une autre histoire tordue qui porte à nelly_300x445réflexion. Date prévue de sortie en salle le 20 janvier. (Date repoussée au 3 février)

Nelly : Avec Mes nuits feront écho et Maudite poutine, Nelly est l’un des trois films québécois de janvier 2017. Tourné par Anne Émond et librement inspiré de la vie de l’auteure Nelly Arcan, emblème de l’autofiction au Québec durant les années 2000, Nelly le film repose sur les épaules de Mylène Mackay, qui prend les traits de cette écrivaine écorchée vive, au passé et aux amours troubles. La bande-annonce est des plus prometteuses. Date prévue de sortie en salle le 20 janvier.

Neruda : Pablo Larraín est un cinéaste chilien de grand talent. Ce mois-ci, il nous présente ses deux nouvelles réalisations, deux œuvres biographiques, dont celle-ci portant sur le célèbre poète, traqué en 1948 par un inspecteur (Gael García Bernal) engagé par le  gouvernement, qu’il a osé critiquer. Date prévue de sortie en salle le 20 janvier.

Jackie : Cet autre film de Pablo Larraín s’attarde aux jours suivant le décès de John F. Kennedy tels que vécus par sa femme, Jacqueline Bouvier. La performance de Natalie Portman dans le rôle principal a été saluée partout jusqu’à maintenant. Un portrait intime qu’il nous tarde de voir. Date jackie_2016_filmprévue de sortie en salle le 20 janvier.

Julieta : On attendait avec impatience la plus récente offrande de Pedro Almodóvar après l’échec de sa comédie Les Amants passagers. Avec Julieta, l’orgueil du cinéma hispanique revient à ses anciennes amours avec une histoire touchante plongeant dans deux époques marquantes de la vie d’une mère qui n’a pas revu sa fille depuis des années. Date prévue de sortie en salle le 27 janvier.

Toni Erdmann : Voici un OVNI allemand qui a séduit la presse internationale à Cannes l’an passé. Cette comédie absurde sur le bonheur semble étrange au plus haut point. Pourtant, de façon unanime, on a souligné la belle irrévérence du personnage principal qui tente désespérément, en prenant les traits d’un personnage loufoque, d’humaniser sa fille devenue une carriériste rigide et froide. Date prévue de sortie en salle le 27 janvier. (Date repoussée au 10 février)

La Tortue rouge : Voilà un dessin animé comme il s’en fait rarement. Coproduit par le studio japonais Ghibli, la France et la Belgique, cette animation ne comporte aucun dialogue, ne présente que quelques personnages et animaux isolés sur une île du Pacifique et prône subtilement un humanisme profond. S’adressant à tous malgré son format particulier, La Tortue rouge mérite le coup d’œil  Date prévue de sortie en salle le 27 janvier.